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lundi 14 octobre 2019

André Hébert : « Pour mener cette offensive, Erdogan s’appuie sur des vétérans de Daech » N°4662 13e année


« André Hébert a combattu l’« État islamique » aux côtés des Kurdes de Syrie. Il en fait le récit dans un livre, Jusqu’à Raqqa, publié cette année aux Belles Lettres. L’assaut turc, prévient-il, risque d’offrir aux djihadistes un nouveau sanctuaire. Entretien.

« La lutte contre l’armée turque et la lutte contre Daech sont un seul et même combat », écrivez-vous en évoquant à plusieurs reprises, dans votre récit, les complicités turques avec Daech et d’autres groupes islamistes armés. Quelles formes ont pris ces complicités ?

André Hébert. Elles ont pris de multiples formes. D’abord, en « fermant les yeux », la Turquie autorise de fait des djihadistes étrangers à se rendre en Syrie à partir de son territoire, en traversant librement la frontière. Parmi ceux-là se trouvent de nombreux ressortissants turcs : on trouvait très fréquemment des passeports turcs sur les cadavres de combattants de Daech. Ensuite, les autorités turques ont laissé des unités djihadistes se replier sur leur territoire pour attaquer les Kurdes à revers, pendant la bataille de Kobane mais aussi plus tard, début 2016, lors de représailles suite à la reprise de la ville de Shedade par les Forces démocratiques syriennes (FDS). La Turquie a  fourni un soutien logistique aux djihadistes, elle leur a livré des armes. Je pense à l’affaire, documentée par des journalistes turcs, de ce convoi d’armes à destination de Daech conduit par des éléments du MIT, les services secrets turcs, bloqué par des gardes-frontières qui n’étaient pas au courant de l’opération. De nombreux djihadistes faits prisonniers par les Kurdes ont d’ailleurs témoigné de contacts avec des agents du MIT. Certains, blessés, ont encore affirmé et prouvé documents à l’appui qu’ils avaient été soignés en Turquie, avant de revenir en Syrie pour reprendre le combat dans les zones contrôlées par Daech. Enfin, plusieurs rapports ont mis en évidence l’achat par la Turquie de pétrole pillé par Daech dans les zones occupées par ses hommes pendant plusieurs années. Les preuves sont nombreuses.

La suite ci-dessous :

Jean Vinatier
Seriatim 2019


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