Le rejet massif et cinglant de la candidate Sylvie Goulard qui aurait
dû avoir un portefeuille, sans doute le plus étendu de la commission Von der
Lyen, est un affront fait à Emmanuel Macron : de mémoire, jamais la France
n’avait connu un tel désaveu. Le successeur de François Hollande avait pris un
risque insensé en avançant le nom de son éphémère ministre des Armées alors
même qu’il n’était plus assuré de l’appui de la chancelière fâchée d’avoir vu
ses candidats pour le parlement européen et la BCE contestés par Paris.
L’Elysée avancera un autre nom (Florence Parly ?), le mal est, cependant,
patent, un discrédit aussi qui rejailli sur Mme von der Leyen empêtrée avec les
deux autres candidatures, roumaine, hongroise, retoquées.
Une Union européenne entrée dans une grande dispute entre ses membres,
avançant à découvert face aux géants économiques, incapable de raisonner sur
les flux migratoires et l’environnement sans oublier le BREXIT qui vient lequel
sera un détonateur. Bruxelles est, et c’est là le point commun avec Emmanuel
Macron, en apesanteur et se dispute le sexe des anges.
A Paris, le palais de l’Elysée renforce tout autour les protections
policières affichant une symbolique de l’isolement et pis encore de la
défensive. A quelques centaines de pas de là, l’attentat islamiste perpétré
dans la préfecture de police, par un fonctionnaire dans les locaux de la
direction du renseignement qui relève directement de l’Elysée et accessoirement
de la place Beauvau, est un boulet à mitraille que le pouvoir feint de ne pas
mesurer à moins qu’il ne soit devenu totalement aveugle et dangereux quand il
appelle à « une société de la vigilance » donc de délation face au
terrorisme. L’attentat survient au moment où l’exécutif s’emparait du dossier
des migrants et avouait, dès le premier jour des débats, un souci de communication plus que de la mise
en place d’une politique réelle. Le succès de la première manifestation
anti-PMA, les actions menées par Extinction rébellion, la présence réelle des
Gilets jaunes, l’incendie de Rouen au sujet duquel tout est minimisé comme au
temps de Tchernobyl, le dossier anxiogène des retraites : tout cela forme
une ambiance singulière. Et pourtant, si au jour d’aujourd’hui la
présidentielle se déroulait, Emmanuel Macron l’emporterait : sa grande
chance n’est pas sa femme mais l’absence d’opposants fédérateurs. Quand bien
même, il s’affaisse, il a toujours un boulevard au-devant de lui :
assumant d’être un parti bourgeois et de l’ordre, s’appuyant sur un électorat minoritaire
décidé et prêt à tout pour sauver son pognon, il a en face une population
dispersée, et pour l’heure incapable de converger les courroux et les
pénibilités.
La France est véritablement dans une situation étrange, pathologique.
En réalité, la société française se délite, elle connait des craquements
quotidiens que seule une communication fine et perverse rend imperceptible par
le plus grand nombre. In fine, cela ne présage rien de bon…..
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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