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vendredi 25 décembre 2020

Brexit : paix blanche N°5057 14e année

 La veille de Noël Londres et Bruxelles ont signé un accord qui s’apparente pour beaucoup à une paix blanche mettant un terme à une guerre de quatre ans.

Il faut rappeler l’historique. Michel Barnier comptait et avec lui tout Bruxelles, faire « payer » les Anglais pour leur vote en faveur du Brexit. Tout le gouvernement Teresa May fut occupé à se battre contre cette hostilité publique et les offensives durèrent d’autant plus que la première ministre était tiraillée entre deux attitudes contraires. Sa chute puis l’arrivée de Boris Johnson et les résultats heureux des élections législatives permirent à Londres de reprendre la main.

Boris Johnson s’est révélé un négociateur accompli qui aura eu l’habileté d’amener le blocage des négociations sur la pêche afin que pour tout ce qui concernait les marchandises et les flux financiers sur lesquelles le Royaume-Uni est bénéficiaire avec l’Union européenne passent au travers des mailles du filet.

Cela étant dit, n’oublions pas que Bruxelles et Londres sont des entités marchandes, la première ne veut pas devenir une souveraineté politique, la seconde est bien sûr souveraine mais aussi mercantile et donc adepte du compromis, un compromis dans lequel les anglais excellent historiquement depuis des siècles. Les Anglais, on l’oublie toujours, ont cette capacité non seulement d’être constant mais aussi de voir loin bien plus que les Américains. La veille de la paix blanche, Boris Johnson signait un accord de libre-échange avec le Canada, le même Canada qui avait fait de même avec l’Union européenne peu après le Brexit : no comment ! En décembre, à l’initiative chinoise s’est conclue une immense alliance asiatique économique à laquelle ont adhéré l’Australie et la Nouvelle-Zélande, deux royaumes membres du Commonwealth : no comment !

En vain, chercherait-t-on du côté européen, une telle projection. Pour l’heure l’Union sous férule germanique laisse la chancelière négocier avec Pékin….quand Paris n’a qu’une hâte celle de larguer la Nouvelle-Calédonie, territoire Pacifique désormais dans une nouvelle zone économique dynamique !

Je pense qu’au fond d’eux-mêmes les britanniques n’auraient pas trop aimé aboutir à un no deal qui aurait marqué l’échec du compromis et aurait compliqué l’écriture à venir d’accords particuliers. Je pense aussi que les europhiles ont le tort de s’acharner à vouloir intégrer des nations-monde comme le Royaume-Uni/Commonwealth, comme ils voulurent l’initier avec la Turquie. Il vaut infiniment mieux nouer des accords à durée déterminée et sur des points précis. Mais je crois que toute cette guerre de Bruxelles contre Londres se nourrit aussi de l’état mental des élites européennes convaincues que l’on ne peut penser, écrire, faire, être que dans un univers anglo-américain, le mythe de l’Atlantique merveilleux…

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2020

 

 

 

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