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mardi 22 juillet 2008

Badinguet II couronné N°251 - 1ere année

Les 9 abstentions et les votes du Président de l’Assemblée Bernard Accoyer (fait exceptionnel) et de Jack Lang permettent à Nicolas Sarkozy une victoire sur le poteau, à une voix.
François Hollande déclare que le Président de la République «
a perdu », en l’espèce c’est plutôt le PS qui a échoué puisqu’il n’a pas su maintenir le parti de Baylet dans les rangs et doit assumer la défection de Jack Lang et l’abstention de Michel Charasse pas mécontent de se défausser. Ce matin, pourtant, nulle procédure n’est entamée pour entraîner l’exclusion de Jack Lang du PS. Julien Dray estime que l’ancien ministre de la Culture devra tirer les conséquences de son geste et patati et patata…bref le parti socialiste est toujours dans le comas et l’inaudible. C’est Jack Lang, lui-même, qui donne le coup de grâce à ce parti en déclarant dans l’interview accordée au journal Libération qu’il restera un opposant déterminé à Nicolas Sarkozy.
L’UMP pavoise mais les fissures sont dans ses rangs. Les pressions, les hochets et les menaces ont fait plier quelques têtes, Hervé Mariton, Alain Lambert, Bernard Debré, c’était plus que nécessaire au vu du résultat du vote.
L’Elysée savoure le triomphe en espérant que les ventes du disque de Carla Bruni cartonnent, preuve, alors, de l’engouement des Français pour le nouveau régime. Opportunément, un sondage indiquait que 70% des Français soutenait la réforme institutionnelle, sondage pipo qui serait contredit en cas de référendum ? ou simple micro-trottoir lequel montrerait la méconnaissance de nos concitoyens ?
Entre mai 2007 et aujourd’hui, toutes les réformes avancées par Nicolas Sarkozy ont été adoptées. C’est le constat qu’il faut faire. Et le pouvoir ne ralentira pas le rythme, François Fillon, le dos réparé, l’a dit au JT de
TF1, c’est un rouleau-compresseur qui étêtera toute opposition, dégoûtera toute contestation, écœurera toute protestation. Cet établissement de la pensée unique ne plait pas aux Français. Ils ont élu ce Président et ils appartiennent à une société démocratique par conséquent respectueuse de l’échéancier électoral. Nicolas Sarkozy le sait, c’est pourquoi, il veut aller plus loin, toujours plus loin pour installer son pouvoir et in fine, peut-être, sa famille.
Certains écriront que la réforme constitutionnelle adoptée ressemble fort peu à celle proposée quelques mois plus tôt. C’est juste, mais elle entérine ce qui plaît particulièrement à Nicolas Sarkozy être partout et faire croire qu’il renoncerait à tel ou tel choix alors, qu’en réalité, il veillera à tout. On ne retrouve pas de pouvoir aussi absolu depuis Pétain et Badinguet. Guy Carcassonne, membre de la commission Balladur, calme le jeu en précisant que cette réforme « ne constitutionalise pas le sarkozisme », c’est là l’illusion des gens tout entier dans leur spécialité et qui ne voient pas le but ultime du chef de l’Etat. Nicolas Sarkozy a balayé d’un geste la suppression des départements, la réforme du mode de scrutin des régionales et ainsi de suite parce qu’il mesure les avantages inouïs qu’il en tirera pour son gouvernement. On rétorquera que la limitation de deux mandats successifs évite tout césarisme : en dix ans qu’est-ce qui nous garantit d’une remise en cause de cette mesure ? Rien.
Le tour de force réalisé est bien d’avoir gardé tout ce qui avantageait et d’ajouter, à travers un Parlement entre les mains d’un seul parti, des influences décisives. Le travail de communication a été de proposer un miroir aux alouettes aux Français et ceux-ci entre deux calculs au supermarché et à la station service haussent les épaules.
L’ironie a voulu que Nicolas Sarkozy soit contraint, à Dublin, d’admettre le « non » irlandais, d’éviter toute rencontre avec le peuple et de mentir impudemment en disant qu’il n’a jamais voulu les faire revoter. En tout cas, c’est à Dublin qu’il a du s’incliner devant des hommes alors qu’à la même heure à Versailles des parlementaires s’empressaient de lui plaire. Le règne de Badinguet II commence ou pour suivre Robert Batinder, celui de «
la monocratie ».


©Jean Vinatier 2008

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