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mercredi 23 juillet 2008

L’Europe face à Radovan Karadzic N°252 - 1ere année

Le gouvernement serbe a livré Radovan Karadzic aux représentants du TPIY. Cette décision termine treize années de cavale pour l’ancien dirigeant ultra-nationaliste serbe, pourtant né Monténégrin. Il est le responsable, avec Ratko Mladic du massacre de Srebrenica qui fit les 11-16 juillet 1995 plus de 8 000 victimes bosniaques pour beaucoup musulmanes (hommes, femmes, enfants) sous les yeux impuissants des casques bleus néerlandais.
Si le verbe « livrer » choque, il correspond à la situation. Les dernières élections serbes ont donné le pouvoir au parti pro-européen au sein duquel se trouvent, notamment, des anciens partisans de Slobodan Milosevic. Belgrade ne pouvait plus se contenter de faire mine de chercher le coupable si elle ne voulait plus ralentir le processus d’adhésion à l’Union. En résumé, on livre l’homme dont tout le monde connaissait la cachette, l’identité et le visage de patriarche.
Radovan Karadzic est un criminel, auteur d’une tentative de purification ethnique en Bosnie-Herzégovine. Deux de ses anciens acolytes, les généraux Radislav Krstič et Zdravko Tolimir ont été arrêtés en 2001 et 2007, seul manque le général Ratko Mladic.
La Serbie ne veut plus avoir pour référence les années Milosevic et les rêves d’une grande Serbie. Le TPIY (tribunal pénal international pour la Yougoslavie) devra bien se pencher sur la pensée de cet ulta-nationaliste serbe. Il ne suffira pas de le juger comme criminel ou auteur de génocide, il faudra comprendre, également, les dérives terrifiantes dont l’ex-Yougoxlavie fut le terrain démoniaque : pourquoi Karadzic a-t-il pu mener presque à terme ce projet alors que l’Europe en était le témoin ?L’entourage de Karadzic rétorque qu’il n’a pas plus de sang sur les mains que le dirigeant bosniaque Naser Orič (condamné en 2008) qui massacra en janvier 1993 un bon nombre de Serbes autour de Srebrenica. Le général Morillon pense, également, non que Karadozic ne soit pas coupable mais que certains chefs bosniaques ne firent rien pour prévenir l’acte des Serbes et plus grave, qu’un événement tragique servirait leur cause.
L’Europe incapable d’assumer les implosions en Yougoslavie appela le Président Bill Clinton à son secours lequel mit un terme à la guerre, par les accords de Dayton conclus entre le 1er et le 21 novembre 1995 à la guerre en imposant une partition de la Bosnie-Herzégovine entre une Fédération de Bosnie-Herzégovine (croato-bosniaque) et la République serbe de Bosnie (Republika Srpska). Cette signature confirmait les précédents accords de Washington de mars 1994 qui inscrivaient l’idée de la fédération croato-bosniaque ou musulmane. Une force d’interposition internationale fut mise en place, elle s’appelle depuis 1996 la SFOR et un haut représentant civil, aujourd’hui, Miroslav Lajčák veille à l’application des articles diplomatiques signés. Mais l’équilibre reste fragile entre les différentes populations : les Bosniaques, musulmans, sont entre les Croates, catholiques, et les Serbes, orthodoxes.
L’arrestation de Karadzic a une symbolique très forte, davantage, peut-être que celle de Slobodan Milosevic (mort soudainement en prison) en raison du massacre de musulmans. Pour l’Union européenne, ce point doit être bien analysé au regard de l’Orient et de l’Union pour la Méditerranée. Hansan Kanbolat dans les colonnes du plus grand journal turc, Zaman,¹ écrit justement que Srebrenica est le point d’orgue d’une guerre de trois années (1992-1995) qui fit 312 000 victimes dont 200 000 bosniaques ou musulmans et, s’empresse de rappeler les nombreux exils des Turcs aux XIXe et XXe siècles forcés de quitter cette Bosnie pour s’installer en Anatolie. Ce point ne doit pas être négligé, il indique, par la même occasion, que l’entrée de la Turquie dans l’Union se reliera à sa mémoire. Evidemment Ankara ne rêve pas d’une « Reconquista », mais de reprendre racine d’une manière ou d’une autre dans les Balkans. Belgrade se libère d’un handicap et le passe, qui sait, à l’Union européenne via le TPIY.

©Jean Vinatier 2008

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Source :

Regard turc sur la question :
“Have you considered paying a visit to Srebrenica this summer?”1-
http://www.todayszaman.com/tz-web/yazarDetay.do?haberno=148269

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