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lundi 21 juillet 2008

Medvedev parle aux paneuropéens N°250 - 1ere année

Le Président russe, Medvedev a renouvelé devant le corps diplomatique le 15 juillet puis le lendemain en recevant le Président Giorgio Napolitano sa proposition « de convoquer un sommet paneuropéen qui permettrait de lancer l'élaboration d'un traité juridiquement contraignant sur la sécurité européenne (...). Tous les Etats de l'espace euro-atlantique pourraient y participer en qualité d'Etat souverain »¹
Ce propos reprend dans l’esprit le grand discours de Medvedev² du 5 juin, passé presque inaperçu pour le grand public. Les chancelleries allemande et française si elles n’apportent pas jusqu’à présent une réponse publique, elles savent bien que les relations avec la Russie ne peuvent plus demeurer avec l’esprit de « Guerre froide » qui culminait pendant les présidences Eltsine et Poutine (1992-2008).
L’atmosphère presque de guerre entre la Russie et la Géorgie, si elle ne suscite pas non plus de dépêches officielles, inquiète beaucoup les esprits. On peut dire que les tensions Téhéran-Washington sont vues avec moins de danger que l’idée d’une action militaire russe contre l’état géorgien. Avec l’Ukraine, la Géorgie constitue la ligne rouge à ne pas franchir : Moscou ne cesse pas de le dire. Si à Kiev l’idée d’une intégration au sein de l’OTAN est fortement impopulaire, à Tbilissi le gouvernement en place ne fait guère mystère de son empressement à y entrer. La Georgie³ étant à mi-chemin de l’Europe et de l’Asie, elle offre une place stratégique importante que les stratèges américains lorgnent depuis la fin de l’URSS. Mais l’équipe gouvernementale géorgienne est douteuse quasiment maffieuse. Son salut passerait-il, selon elle, par une protection otanienne ? Dans son esprit oui.
Le renouvellement de la proposition russe arrive à point nommé. L’administration Bush commence à faire ses bagages et les deux candidats, McCain et Obama, se livrent à des exercices de bascule pour à la fois rassembler leur parti respectif et grignoter sur les marges de l’adversaire. La dénonciation du contrat KC-454 a rendu furieuse les trois puissances européennes les plus concernées : Berlin, Londres, Paris. Aujourd’hui, elles forment un front commun tout à fait inédit et qui plombe les relations transatlantiques. La réponse de Washington est maladroite : elle dénonce la volonté de puissance de l’Union européenne ! Maladroite parce que ce contrat obtenu à la surprise générale pouvait très bien être vu lors de sa signature comme un remerciement officiel au soutien apporté par les trois puissances précitées à l’alliance transatlantique. Et c’est ainsi que cette rupture de contrat USAF/EADS est lue par certains élus américains, les uns s’en réjouissant, les autres s’en inquiétant.
Quelques-uns parlent d’affaiblissement de la politique américaine, c’est exagéré. Parlons plutôt de flottements et de tiraillements. C’est dans cette ambiance non ordinaire que les propos du président russe sont reçus dans l’Union européenne mais pense-t-on à produire un texte ou un discours autour de notre propre puissance. Tout se passe, jusqu’à présent, comme si l’Europe cherchait un « maître solide » au lieu d’être le sien. S’il est déjà malavisé de dépendre d’une puissance, il le serait davantage d’en dépendre de deux ! Le raisonnement de Medvedev si on le suit jusqu’au bout nous détacherait de l’OTAN pour entrer dans une autre structure où notre liberté souveraine ne serait guère meilleure. D’ailleurs, il utilise le mot « paneuropéen » dans la lignée du « panslavisme au XIXe siècle et il insiste sur l’adhésion particulière de chacun des Etats de l’Union. Or, nous devons former un bloc. Si l’Union européenne cherche par cette écoute à conduire une réflexion dont la conclusion aurait pour sujet majeur, notre défense commune, alors, nous serions sur une voie novatrice.
La Russie et les Etats-Unis sont des puissances monde à l’instar de la Chine, de la Turquie, de l’Inde. Aucune négociation ne peut être positive si nous ne connaissons pas notre rapport de force, si nous ne le faisons pas. L’intérêt de l’Europe est d’être elle-même et non au crochet de telle ou telle force. Le monde multipolaire imposerait, effectivement, que l’Union européenne soit, elle aussi une puissance monde.
Les discours des dirigeants russes interviennent dans le moment où les puissances européennes les plus impliquées dans l’alliance atlantique subissent des déconvenues graves ; à nos dirigeants de profiter de l’occasion pour saisir la main russe, parce qu’elle est une ouverture qui pose, à nouveau, la question de la viabilité de l’OTAN. Et là nous sommes grâce aux Russes et aux Américains face à nous-mêmes. D’où la nécessité pour l’Europe de se comporter en puissance dans les décennies suivantes.

©Jean Vinatier 2008

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Source :


1-
http://fr.rian.ru/world/20080716/114098917.html

In Seriatim :

2-
http://seriatim1.blogspot.com/2008/05/medvedevpoutine-une-dyarchie-russe.html
4-http://seriatim1.blogspot.com/2008/07/eadsusaf-et-le-kc-45-enjeu-conomique-ou_10.html

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