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mercredi 9 juillet 2008

Social-sarko : un grand bond dans l’inconnu ? N°243 - 1ere année

Les députés entérinent la fin des 35 heures et celle des RTT. Des employés aux cadres (électorat en majorité pro-sarkozien), la réforme sociale présidentielle n’épargne personne exception faite des dirigeants des entreprises. Le slogan « Travaillez plus, pour gagner plus » se réalise donc pour moitié. Et la seconde me direz-vous, c’est pour quand ? C’est quand tout ira mieux. Les économistes prévoyant un retour de la croissance dés les années 2010/2011, tous les salariés pourraient-ils espérer reconquérir, d’ici deux ans, une partie de leur pouvoir d’achat grâce à une augmentation de la feuille de paie ? Oui mais…il y a un peu plus au nord dans le donjon BCE, le seigneur Trichet qui pourfend la vilaine inflation et qui envoie force messages aux Etats européens pour qu’ils n’encouragent pas une progression salariale.
Dure rentrée pour tous les vacanciers en septembre : risquera-t-on une explosion sociale ? Les syndicats toujours en ordre dispersé, toujours affaiblis, n’ont pas voulu opérer leur aggiormento au moment de l’affaire Gautier-Savagnac. Ils sont décrédibilisés dans l’opinion publique et taillés en croupière par le duo Sarkozy-Soubie.
Les rapports sociaux ne seront plus régulés branche par branche, mais entreprise par entreprise. Si dans les grandes sociétés la représentation syndicale joue et jouera temporairement malgré tout, il n’en sera pas de même dans les PME-PMI qui n’excéderont pas cinquante employés. Ils mettront face à face chaque entreprise et chaque salarié, c’est-à-dire une personne morale et une personne physique.
La gauche n’a été d’aucun contre-poids sur cette contre-révolution sociale. Même Martine Aubry a gardé presque le silence : un comble pour l’auteure des 35 heures !
La réforme sarkozienne est globale. Tout le monde est concerné. Le hic est que de plus en plus de salariés ne parviennent plus à assurer à leur famille une vie décente avec un seul salaire, un second voir un troisième s’imposent. La France connaît donc le cas du travailleur pauvre ou précaire conduit à accumuler de plus en plus d’heures de labeur.
La Commission européenne venant de porter de 48 heures à 65 heures la durée maximale hebdomadaire du travail, c’est toute l’Europe en générale et la France en particulier qui reçoit en pleine face cette mesure. Le discours officiel français durcit considérablement sa politique envers les chômeurs et, demain, les bénéficiaires des minima sociaux. Le thème principal est le suivant « faites n’importe quel travail mais travaillez ». Fort bien, mais le salaire du travail permet-il de vivre ? C’est le fameux «
enrichissez-vous » de Guizot sauf que la richesse se fera attendre. Robert Castel le résume d’un titre dans Le Monde, « Travailler plus, pour gagner quoi ? »¹.
Si les Anglais et les Américains supportent docilement ces conditions de vie, les Français ne se cabreront-ils pas brutalement ou bien protesteront-ils dans une multitude de conflits sociaux ?C’est une possibilité que le gouvernement intègre parfaitement en privilégiant la généralisation des étincelles sociales qui resteraient invisibles pour les Français. Ces derniers fixés devant la télévision hausseront plus facilement les épaules en écoutant le présentateur du JT signaler telle et telle grève au lieu d’apprendre la paralysie du pays par des syndicats puissants.
La grève a été déconsidérée depuis mai 2007, le ministre André Santini ne la trouve-t-il pas « surannée » ? Le message subliminal adressé aux citoyens n’est-il pas : subissez, vous ne pouvez rien faire d’autre ! Que pouvez-vous contre la réalité du monde, de la mondialisation ? C’est donc une chape de plomb qui tombe sur chacun d’entre nous. Or, jusqu’à présent les avancées sociales se font faites avec des syndicats et des partis politiques puissants.Le sentiment d’une régression sociale est profond. Ce sentiment grandit encore depuis que, fin 2007, le travail de nuit est autorisé aux adolescents dés l’âge de 15 ans. Comme si le volet social ne suffisait pas, la multiplication des fichages policiers des citoyens augmente tel « EDVIGE ».
Acquis sociaux et acquis citoyens sont attaqués de façon quasi simultanée : le moment est donc grave. Plus rien n’est intangible, tout est destructible sans que les contre-feux soient puissants ou actifs.
La France aime l’idéal, c’est ainsi qu’elle est née. Les Français tiennent à leur identité qui comprend un socle de libertés et d’égalité tant chez eux que dans la vie professionnelle. L’Etat sarkozien dispose de la bienveillance des chaînes privées et publiques, des amitiés des propriétaires de groupes médias et revendique une admiration béate pour le modèle britannique ou blairiste (qui se casse la figure) adhère, enfin, aux idées les plus libérales qui soient.
Les Français constatent-ils par eux-mêmes la fin des partis, des syndicats ? N’est-ce pas à eux d’imposer un nouveau modèle social ? Aujourd’hui, l’actuel gouvernement a gagné en effaçant d’un trait des décennies d’améliorations sociales sans écrire un projet sociétal harmonieux.
L’Elysée est face aux Français sans intermédiaires et réciproquement. C’est une page inédite dans notre histoire.

©Jean Vinatier 2008

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Source :

1-
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/08/travailler-plus-pour-gagner-quoi-par-robert-castel_1067614_3232.html

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