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mardi 8 juillet 2008

L’Australie propose l’union des Etats d’Asie-Pacifique N°242 - 1ere année

Le début du mois de juin a été riche en initiatives en Asie et en Océanie.
Une dépêche de l’agence israélienne francophone
, Guysen International News, indique que le Premier ministre australien, Kevin Rudd, s'est prononcé, au début du mois de juin 2008¹ pour la création d'une Union des Etats d'Asie-Pacifique sur le modèle de l'Union européenne d’ici 2020.
Lors de son voyage en Chine (4-7 juin) le ministre indien des Affaires étrangères, Pranab Mukherjee a déclaré devant les étudiants à l’université de Pékin, que son gouvernement était prêt à assurer la paix et la stabilité en Asie et « au-delà » (allusion à la Russie), en s’alliant avec la Chine pour créer une nouvelle architecture sécuritaire. Cette structure prendrait en compte les conditions prévalant en Asie, dans un cadre « ouvert et inclusif », suffisamment flexible pour s’accommoder de la grande diversité asiatique. Il ajoutait aussi « Nous devons être patients au sujet des frontières. La Chine et l’Inde devraient travailler ensemble sur les questions sécuritaires de la région. Nos deux pays ont une responsabilité commune et un intérêt commun à préserver nos frontières. Nous avons acquis l’expérience nécessaire pour maintenir la paix et la tranquillité à nos frontières. » Si la question des frontières est un sujet singulièrement sensible, par exemple au Cachemire, et dans le Sikkim, royaume annexé par l’Inde en 1975, d’autres thèmes retiennent l’attention de ces deux nouvelles nations comme la sécurisation des routes maritimes ou l’examen des intérêts communs entre la Chine, l’Inde et d’autres états eurasiatiques dont la Russie.
Union d’Etats d’un côté, axe sécuritaire de l’autre, nous avons deux expressions clefs qui montrent non seulement les ambitions des uns et des autres mais, surtout, la prise de conscience pour bâtir un environnement le moins influencé par des puissances extérieures.
Si on n’est guère surpris par les évolutions sino-indiennes, l’entrée en scène de l’Australie attire plus fortement le regard.
Cambera est la capitale d’un pays continent qui prend un peu plus la mesure de son potentiel économique. Fondatrice et présidente du Groupe de Cairns en 1986 qui regroupe 19 pays agro-exportateurs² pour contourner le protectionnisme de l’Union européenne et des Etats-Unis. Si l’Australie reste bien la « ferme du monde », son gouvernement a conscience des hauts potentiels en minerais (fer, d’uranium, de cadmium, de cobalt, de plomb) et de charbon dans son sous-sol : New Delhi et Pékin en manquent. La croissance économique ne faiblit pas depuis 16 ans et le taux de chômage reste d’une grande faiblesse.
Le point commun entre l’Australie et l’Asie n’est-il pas dans ce dynamisme économique et dans la recherche d’une reconnaissance géopolitique ? Cambera joue un rôle actif dans toutes les organisations régionales (p.e :APEC) qui mettent à une même table des pays d’Asie, d’Indonésie et d’Océanie. Chine et Inde, usent avec habileté de ces structures pour se jauger et le cas échéant concéder sans perdre la face.
Le Premier ministre Kevin Rudd, écrit, lit et parle en mandarin. Il vient d’ordonner le retrait de ses troupes de Mésopotamie. Tout cela le distingue de son prédécesseur, John Howard. Mais, pour avancer dans son projet d’Union Asie-Pacifique, l’Australie a besoin de l’alliance américaine et du soutien britannique - la Reine Elisabeth II est toujours sa souveraine -. C’est là encore un point commun avec la Chine et l’Inde qui toutes deux ne tiennent pas à se fâcher avec les Etats-Unis. En fait, il apparaît que l’alliance américaine doit servir leurs intérêts propres plutôt que permettre à Washington de faire la pluie et le beau temps. Ne serait-ce pas le calcul de Kevin Rudd : revendiquer l’appui de la Maison Blanche pour mieux asseoir son leadership en Asie ?Nous sommes, peut-être, en présence d’évolutions diplomatiques originales qui montrent, une fois encore, le formidable bouleversement du rapport de force mondial. L’autre carte entre les mains du Premier ministre australien est celle du Japon, 2e puissance mondiale ! Tokyo est totalement dans le camp américain mais l’empire du Soleil levant ne renonce pas à redevenir une force sur le continent asiatique. Peut-être qu’une alliance australo-japonaise aurait des effets ?
L’Union des Etats d’Asie-Pacifique a-t-elle des chances de voir le jour ou bien restera-t-elle une chimère ? A priori tant de différences de cultures de l’Asie jusqu’à l’Océanie forment des obstacles difficiles à surmonter. Mais, le défi proposé par Kevin Rudd, d’une part, est tellement dans l’air du temps et d’autre part, répond au souci d’indépendance de l’Asie que rien ne saurait être infaisable. La première tâche qui pourrait être menée à bien serait la sécurisation des voies maritimes via des accords de coopérations militaires.
Une autre puissance non-asiatique pourrait être intéressée stratégiquement: la France. Elle est présente en Polynésie (Pacifique) et dans l’Océan Indien. Sachant l’importance croissante que prendra cette partie du monde, pourquoi la France n’initierait-elle pas un dialogue constructif avec l’Australie ? Si Londres et Washington toussent, il n’est pas dit que Cambera n’entame pas des pourparlers. Etrangement, le
Livre Blanc de la Défense fait l’impasse sur le Pacifique et l’Océanie.
Kevin Rudd , par son projet d’Union des Etats d’Asie-Pacifique, rappelle la place qu’il tient voir occupée par l’Australie. Les kangourous, les koalas et Flipper le Dauphin ont popularisé ce pays continent ; maintenant ce sont les Australiens, eux-mêmes, qui veulent une reconnaissance³. On s’interrogeait lors du dernier référendum australien sur le choix fait de garder la Reine pour chef d’Etat ; aujourd’hui, on le comprend mieux et on suppose que d’ici vingt ans, l’Australie aura, sans doute, un Président.


©Jean Vinatier 2008

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Notes :

2-Australie, Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Colombie, Costa Rica, Bolivie, Canada, Chili, Indonésie, Malaisie, Guatemala, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Paraguay, Pérou, Philippines, Thaïlande, Uruguay.
3- L’Australie n’interpelle-t-elle pas aussi le quatuor du B.RI.C : Brésil, Russie, Inde, Chine ?

Sources :

1-Discours de Kein Rudd le 4 juin à Sydney :
http://www.pm.gov.au/media/Speech/2008/speech_0286.cfm
Discours de Kevin Rudd le 9 juin à l’université de Tokyo :
http://www.pm.gov.au/media/Speech/2008/speech_0294.cfm


a-
http://www.thaindian.com/newsportal/tag/pranab-mukherjee
b-Site : http://www.guysen.com/?nnid=189826
c-http://blog.mondediplo.net/2008-07-04-Vu-d-Australie

In Seriatim :
http://seriatim1.blogspot.com/2008/02/australie-kevin-rudd-vers-lasie.html

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