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mercredi 2 juillet 2008

Ce général : une tête de Cuche ? N°239 - 1ere année

Le triste événement de Carcassonne a-t-il précipité la crise entre Nicolas Sarkozy et l’armée ? Quel lien existerait-il entre la faute grave du sergent du 3e RPIMA qui a utilisé des balles réelles au lieu de balles à blanc sur une foule venue assister aux exercices du régiment et la démission brutale du chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) le général Cuche ?
Nicolas Sarkozy venu au chevet des personnes blessées s’est emporté contre les militaires et a poussé la colère jusqu’à ne pas les saluer. Etait-ce la goutte de trop qui décida le général Cuche à se démettre ? Son parcours ne souffre pas de la moindre critique : il est honoré et respecté par ses pairs autant que par ses subordonnés. Qu’est-ce qui peut pousser un officier général de cet acabit à cet acte à la veille de sa retraite ?
L’armée française sait-elle encore sa place et ses objectifs dans le cadre de la politique décidée depuis l’Elysée ? Le trouble est patent. Certains avanceront que l’armée se trouve dans un état matériel déplorable et que le Livre Blanc pare contre cela. Nul n’a jamais affirmé que notre armée était au top niveau. Les militaires sont les premiers à constater les carences dans les trois armes. Mais l’armée a sans doute très mal vécu d’être aussi moins consultée par le conseiller Mallet pendant l’élaboration du Livre Blanc que le directeur de la BnF ou le recteur de l’académie de Reims !
Est-ce l’orientation Atlantique qui suscite les critiques ? On le sait, l’état-major général est opposé à l’envoi de troupes en Afghanistan. Est-il pour autant, hostile à notre retour complet dans l’OTAN ? Que pense-t-il du retrait de certaines de nos bases en Afrique au profit de l’Océan indien ? Sur le plan national, la carte militaire soulève-t-elle autant d’interrogations tant pour la fermeture des casernes que pour les réductions des effectifs ?
Les questions stratégiques autant que nationales sont donc au cœur des conversations dans les trois armes. Si le miliaire obéit aux ordres de l’exécutif, il sait, aussi, penser. Nous avons de nombreux officiers de tous les grades aux cursus universitaires brillants.
Le Président de la République est le chef des armées, il en est donc le chef suprême : l’assume-t-il ou s’agace-t-il de l’esprit militaire ? L’armée française occupe une place très forte dans la nation -la suspension¹ du service national n’a qu’une dizaine d’années- et le soldat jouit d’une popularité sans égale à des années lumières de celle des policiers si chers à Nicolas Sarkozy. La démission du général Cuche s’inscrit donc dans cette période d’interrogation générale qui va au-delà de l’armée. Quel peut-être l’avenir d’une nation si l’armée ne semble plus être considérée par l’exécutif, ni croire dans la politique de la France?
Le général Cuche met à vif la sensibilité et le malaise de l’armée. N’est-ce pas le chef de l’Etat, en axant son attitude sur l’effet médiatique, qui a lié la faute d’un sergent du 3e RPIMA et la lettre du général ?
A la veille du 14 juillet, le Palais ne peut s’offrir le luxe de laisser l’armée grogner presque en public. C’est sa faute de ne pas avoir su faire la part des choses. Comment justifier le départ d’un des patrons de l’armée quand ni l’officier commandant le sergent, ni le chef de corps ne sont punis ? Et s’ils le sont, pourquoi allez jusqu’à ce niveau ?
L’armée a-t-elle voulu, par la personne du général Cuche, avertir les citoyens des incertitudes politiques graves quelques jours après la publication dans Le Figaro, sous le pseudonyme de Surcouf, d’un article d’officiers généraux? Certainement. C’est là le message le plus important. Voir, dans le même temps, le porte-avions Clemenceau envoyé à la ferraille dans un port anglais renforcera le doute chez les Français.
Quel spectacle offrons-nous au début de cette présidence européenne et à quelques jours des festivités pour l’accueil des chefs d’état et de gouvernements pour le lancement de l’Union méditerranéenne !
Le mal est-il fait ? L’armée entrerait-elle –y compris la gendarmerie – dans une sourde opposition envers un homme qui s’entoure dans son Palais d’un petit groupe qui entend mater les citoyens avec ou sans uniformes ?
On est stupéfait de relever le souci élyséen pour la confrontation alors qu’il serait plus heureux de réaliser l’unité autour des réformes. Avons-nous encore un chef d’Etat, un chef des armées ?

©Jean Vinatier 2008

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Note :

1-Jacques Chirac n’ a pas supprimé service militaire, il l’a suspendu.

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