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mercredi 29 mars 2017

Brexit : Le Royaume-Uni prend le large, l’UE reste à quai N°4353 11e année



Qu’aura été pour le Royaume-Uni son moment dans l’Union européenne ? Une aventure ? Un épisode ? Un exercice ? Une déception ? Le saura-t-on jamais ?
Que fut pour l’Union européenne la présence britannique : une évidence ? Une nécessité ? L’idée que le Channel pouvait être européen ? La certitude que toute ambition européenne ne se pouvait que par le biais des idéaux anglo-américains ?
Le gouvernement de Sa Majesté a remis très officiellement  au Président non élu de l’Union européenne, Donald Tusk, sa lettre de congé. Le même jour le Premier ministre Teresa May faisait un superbe discours à la Chambre des Communes : il était beau t’entendre les dires d’un politique libre, souverain et à cela la réponse bruxelloise ne pouvait avoir aucune comparaison. Quant aux médias et français notamment, ils épousent sans difficulté les avis menaçants sur les négociations de séparation entre Londres et l’Union.
A regarder de plus près l’une des raisons serait celle de l’échec de l’Union européenne à devenir une puissance politique capable par son autonomie souveraine à disposer de toutes les latitudes pour peser géopolitiquement entre les deux mondes celui des Etats-Unis et l’Asie. On répondra que Londres aurait combattu jusqu’au bout cette ambition. Oui sauf si l’Union européenne avait convenu d’épouser les propres visées britanniques c’est-à-dire de contrebalancer habilement la violence washingtonienne avec la montée en puissance de l’Asie (qui comprend l’Orient)  dans les domaines énergétiques. Ce qui ne fut pas puisque Bruxelles se fit un devoir de prendre au mot le diktat néoconservateur étatsunien.
Valéry Giscard d’Estaing affirme ce jour que le Brexit n’est pas une catastrophe pour l’Union européenne, ce qui est vrai mais aussi faux puisque celle-ci se montre incapable à la fois de réaliser une fédération et de concevoir par conséquent la moindre souveraineté. N’étant ni l’une ni l’autre, quelle est donc son identité ?
Le départ du Royaume-Uni serait l’occasion pour les européens de renverser la table, d’établir de nouveaux principes. Mais le peu glorieux déplacement de la chancelière Merkel à Washington pour convaincre un homme qu’elle vilipendait quelques mois plus tôt se résuma à s’assurer de la permanence de l’OTAN, indique de la manière la plus indiscutable la tétanisation des « élites européennes ». La campagne présidentielle française évoque peu ou pas du tout sauf par affaires interposées le futur à la fois du continent européen et de l’Union. Hormis le fait que François Fillon et Emmanuel Macron se disputèrent l’honneur d’être adoubé par la Dame Merkel rien absolument rien. Quant au début de la campagne électorale allemande, les principaux acteurs calculent leur rapport de force respectif consultation par consultation ignorant d’un coup à la fois le Royaume-Uni, la Russie, l’Ukraine mais pas les affreux Grecs. L’Union européenne est une masse administrative omniprésente et impotente rendant glaiseux tout terrain fertile : elle est à quai. Le Royaume-Uni lâche les amarres d’un port qui fut pour lui l’essai d’y développer un comptoir, première étape d’une politique bien pesée. Après tout Londres a le Commonwealth, la signature du CESA entre le Canada (dont la souveraine est Elisabeth II) et l’Union européenne vaut bien un gage de sureté pour les négociations à venir. Et Bruxelles croit réaliser un bon coup en interdisant l’union entre les bourses de Londres et Francfort. Quant à Paris, sa mairesse Hidalgo est fiérote de recevoir avec pompe son homologue de Londres qui vient de se déconsidérer par ses commentaires lors du dernier attentat : c’est fin !
Les Européens ne savent décidément pas ce qu’est un Britannique sûr de son identité, de sa solidité politique. Le gouvernement conduit par Teresa May sait où il va, Bruxelles est un coq perché sur ses ergots cherchant ses poules.

Jean Vinatier
Seriatim 2017

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