Le coronavirus empêcha les grandes célébrations
prévues pour le 75e anniversaire de la fin du second conflit
mondial, tout juste entendit-on les protestations russes sur le peu
d’importance accordée au sacrifice de leurs forces d’alors quand celles
américaines étaient hollywoodiennes.
L’Europe connait depuis 1940 différentes types d’occupation.
Premièrement celle classique entre 1939 et 1945 de l’Allemagne
occupant les pays européens vaincus. Secondement celle suite à la libération
des pays occupés qui sont aussitôt placés sous la férule des deux puissances
victorieuses : l’Est avalée par l’URSS jusqu’en 1989, l’Ouest, par les
Etats-Unis.
L’Europe libérée puis occupée
Le partage de l’Europe en deux, Yougoslavie exceptée,
s’accompagnera de la mise en place d’alliances dites volontaires d’un côté le
pacte de Varsovie, de l’autre l’OTAN. La première s’est dissoute entre 1989/1991,
la seconde s’est maintenue puis étendue jusqu’à la frontière russe. Aujourd’hui
toute l’Europe ou presque, est sous l’égide militaire otanienne dont les
manettes sont tenues par les Etats-Unis. La mort cérébrale otanienne affirmée
par Emmanuel Macron était seulement un cri d’alarme.
L’Union européenne est un centre commercial au centre
duquel trône une caisse centrale, la BCE
Depuis 1945, les Européens ont posé les jalons des coopérations
qui aboutirent au traité de Rome de 1957 où les six signataires voulurent
recevoir la bénédiction de Pie XII. Après ce moment romain, l’acte unique européen
de 1986 annonça le marché unique puis l’Union européenne. Nous vivons
aujourd’hui sur la conséquence de l’Acte unique européen, la consécration d’une
Europe mercantile et financière. Aussi, ne nous étonnons pas de l’absence de
considération humanitaire envers l’Italie face à la pandémie, ce n’est pas sa
vocation. Par contre, dès qu’il s’agit de régler un problème budgétaire,
financier, de libre concurrence, Bruxelles intervient : ainsi pour la
Grèce ! Depuis le 5 mai, on suit avec attention les raidissements
allemands/BCE/Bruxelles suite à l’ultimatum des juges de Karlsruhe…
Quid de l’OTAN ?
L’OTAN est-elle une alliance équilibrée, à part égale
entre les pays signataires s’assurant
une coopération en cas d’agression d’un des leurs ? Les Européens acceptent
aussi que le commandement reste sous la houlette des Etats-Unis, une puissance
étrangère qui dispose d’une bonne quarantaine bases sur notre sol dont 26 en Allemagne,
la Pologne, les Pays baltes et la Roumanie s’impatientant d’avoir toujours plus
de soldats américains. Pour mémoire, le seul pays à avoir fait partir les bases
américaines fut la France, en 1967 sous Charles de Gaulle…… Pour mémoire aussi,
Jacques Chirac essaya d’obtenir le commandement otanien à Naples que Washington
balaya.
Certains diront qu’une protection militaire ne saurait
être une occupation puisqu’officiellement elle obéirait au volontariat. Rappelons
que tout pays désireux d’intégrer l’Union européenne doit d’abord adhérer à l’OTAN !
D’autres affirmeront qu’au moment de la chute du mur
de Berlin, l’OTAN devait se saborder. François Mitterrand, hanté par la
réunification allemande, tenta de poser les jalons d’un rapprochement avec la
Fédération de Russie qui n’alla pas au-delà des bons principes. Imagine-t-on un
seul instant les Etats-Unis abandonnant une Europe qu’ils ne veulent surtout
pas voir jouer un rôle prépondérant sauf quand cela les arrange temporairement ?
Sous couvert de volontariat, l’OTAN est bien une
structure qui autorise la présence quotidienne de soldats étrangers en Europe.
Par exemple, le Kosovo, abrite la plus grande base continentale, son président étant
parrainé par l’ambassadeur américain !
L’Europe vit sous une occupation (et sous écoute) qui
ne veut pas dire son nom, tête de pont aussi pour les industries américaines et
notamment pour tout ce qui relève de l’entertainment ou le soft power (cinéma,
séries télés…etc), une arme linguistique redoutable parfaitement utilisée pour édifier l’American
way of life, le modèle à suivre. L’Europe subit aussi de plein fouet l’extraterritorialité
du dollar : François Hollande ne soutint pas les banques françaises dont
la BNP, contraintes de payer plus de 9 milliards !
Cette alliance militaire conjuguée à une Union
européenne qui ne veut pas du tout entendre parler d’Europe fédérale (sauf
pendant les campagnes électorales pour attirer le chaland) ou de tout ce qui
pourrait conduire à l’établissement d’une souveraineté, donc d’un Etat,
illustre l’enserrement dans lequel nous sommes. Le Tibet, autrefois une
puissance militaire avant de devenir une théocratie délégua sa sécurité armée
aux Mongols : on sait ce qu’il en advint !
Les Etats européens n’ont plus la maitrise, ni du fusil
(OTAN), ni de la monnaie (BCE), ni de la souveraineté (l’Union européenne)
Entre 1914 et 2020, l’Europe s’est consumée. Sans
doute, au sortir de la Seconde guerre mondiale, certains avocats de l’Europe voulurent-ils
autre chose que le seul espace marchand. Mais l’Europe détruite, ses empires
coloniaux terminés, sa culpabilité aussi dans le déclenchement des deux
conflits, ont réuni tous les ingrédients pour que la seule voie qui s’afficherait
soit celle de l’occupation et de nous faire croire que la seule économie
suffirait à nous garder un rôle décisif dans le monde. A voir les Etats-Unis et
la Chine ainsi que la montée en puissance d’autres nations-monde, aux identités
marquées et entretenues (Voir le nombre de séries patriotiques en Chine, en
Inde, en Turquie…etc (en Allemagne aussi)), l’Union européenne (BCE incluse) quoique sous le
manteau otanien risque dans le meilleur des cas de terminer étouffée, dans le
pire des cas d’imploser en de multiples entités…
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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