La grande distribution a-t-elle accumulé pour en tirer
profit, des réserves de masques ? Cette rumeur répandue et relayée par des
politiques rappelle le fameux « pacte de famine » qui secoua la fin du règne de Louis XV puis de son petit-fils,
Louis XVI, en 1775 (guerre des farines) en 1788-1789.
La question des grains et de son corollaire leur
circulation, libre ou contrôlée agitèrent la France du XVIIIe siècle et se
conjuguèrent aux conflits entre le Roi et les parlements dans les années 1760.
Un parlementaire, Le Prévost de Beaumont sur des ouï-dire fabriqua l’expression
de « pacte de famine » accusant de collusion le conseil du Roi avec
les spéculateurs.
La facilité avec laquelle l’opinion publique embraya
sur ce « pacte de famine » tiendra pour beaucoup à l’absence
d’information ou de communication du pouvoir. En réalité, pour éviter toute
spéculation, le conseil du Roi décida de constituer de vastes magasins de blé
afin de peser sur les cours, d’éviter autant la spéculation que toute disette.
Ce sont les gazettes et les autres publications,
souvent financées par des magistrats pour contester le pouvoir royal qui donnèrent
corps à la rumeur d’une spéculation encouragée par l’entourage du souverain.
Dans l’imaginaire populaire, le Roi étant le père, le père nourricier, s’il
contrevenait à ce devoir, resterait-il toujours légitime ? Les enjeux
n’étaient donc pas minces. A la fin des années 1760, les oppositions entre les
parlements et le Roi eurent une gravité jamais atteinte depuis les Frondes
(1648-1653). C’est pour cette raison que l’auteur de l’expression « pacte
de famine », Le Prévost de Beaumont sera embastillé en 1768….et oublié
jusqu’en 1789 !
En 1775, la même rumeur revint, avec la même absence
d’information gouvernementale, qu’on appela alors « guerre des
farines » sur fond de liberté de circulation des grains voulue par Turgot.
Aujourd’hui, on soupçonne la grande distribution
d’avoir, en cachette, opéré de concert, une accumulation de masques pour les
vendre avec profit. On notera que l’Etat bien coupable de n’avoir pas gardé une
réserve, laisse libre court à une rumeur.
A preuve du contraire, les entreprises de ce secteur
apportent la preuve de leur professionnalisme pour opérer quand l’Etat non
seulement défaillant ajoute à cela la non-gratuité des masques. Puisque nous
sommes en « guerre », que la contagion plane, qu’une loi d’urgence
sanitaire est votée précipitamment avec des dispositions liberticides, le
premier devoir de l’Etat, la seule tâche du gouvernement était, au moins,
d’assurer aux Français la mise à disposition gratuite dans les mairies, les
conseils départementaux, les hôtels régionaux et les préfectures lesdits
masques.
Dans des communiqués, les grandes surfaces affirment
les proposer à prix coutant, sans bénéfice dont acte! Une leçon pour un
exécutif avançant redondant vers le 11 mai : déconfinement ou
déconfiture ?
Jean Vinatier
Seriatim 2020
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