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lundi 18 mai 2020

Front populaire, CNNR, Montcornet N°4923 14e année


A Montcornet, le successeur de François Hollande a limité son propos à des dires consensuels et relativement modestes pour lancer l’année Charles De Gaulle depuis un lieu qui ne fut pas une victoire mais à partir duquel le futur fondateur de la Ve République commença ses principes parmi lesquels l’intransigeance, l’action, la réalité, la patrie.
Dans le même temps, après les assemblées des Gilets jaunes qui furent nombreuses et animées entre deux manifestations, surgissent qui un Front populaire, qui un CNNR et demain d’autres encore. L’objectif principal de ces intentions serait de favoriser de nouveaux courants de pensée mais avec cet inconvénient majeur d’être plus des restaurations que des armes nouvelles pour les combats de ce jour et de demain.
Michel Onfray fort de sa popularité, de ses publications lance une revue/site Internet (mook) Front populaire, un nom historique qui rappelle une période très précise de l’histoire française à référence espagnole le Frente popular de janvier 1936. On sait ce que fut le gouvernement Blum porté par un espoir et une joie indéniables (1936/1937) avant de s’affaiblir, de renoncer à aider les républicains espagnols, d’aller de charybde en scylla jusqu’à ce que cette assemblée vote le 10 juillet 1949 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Le CNNR lancé par des gens de gauche dont Denis Robert qui assuma courageusement l’affaire Clearstream, se veut une suite du Conseil National de la Résistance (CNR) sans tenir compte des circonstances historiques qui firent que ce dernier exista.
Au tout début je parlais de restauration au sujet de ces entreprises éditoriales qui ne se différencient  que peu de ce qui prévalut en 1814. S’il ne s’agit pas de rappeler une famille dynaste, il est question malgré tout de ressusciter un idéal, un souvenir, un antan. Quand on m’interroge sur la restauration, je réponds toujours qu’elle ne marche qu’à la condition de concerner les meubles et les monuments car dans le domaine politique  son exercice est très délicat par le fait même de sa nature, une restauration. Je ne pense pas qu’en politique, de vie de la cité, la restauration soit durable. Comme son nom l’indique, il s’agit de restaurer ce qui n’est plus, ce qui a été arrêté. Tout parti politique qui s’appuierait sur une restauration n’aurait qu’une tâche celle d’en sortir au plus vite faute de quoi tout se rétrécirait  avec son cortège de raideurs, sociales, politiques au point de conduire à une révolution.
Lancer, notamment, une revue ou un mouvement politique ?  Il importe de ne pas partir de ce qui a été mais au contraire de choisir un nom neuf  ouvrant vers le grand large, l’avenir, d’entrainer avec soi les hommes, jeunes, dynamiques.
Sans douter de l’honnêteté des fondateurs de Front populaire, de CNNR, tout pêche par cet antan favorisé qui sait par l’âge médian français âgé (45 ans) ? La France a-t-elle encore cette fougue, cette audace ? A l’instar d’anciens combattants ne ratiocine-t-elle pas autour de récits, de nostalgies ?
On a goût en France pour le jadis beaucoup moins pour la constance politique. Le Général de Gaulle dont on parlera beaucoup cette année, flatté par ceux-là mêmes qui le haïssent  de génération en génération, n’a jamais été dans le passé restauré. Il  tirera, par contre, de la puissance historique du pays toute la sève pour ce qu’il croyait être le meilleur pour la France actrice dans le monde : le général avait le cul sur la selle, pas devant l’âtre ! Tirant les leçons de mai 1968, il eut l’audace de proposer une série de réformes profondes dont le référendum de 1969 n’était qu’un prodrome : on sait la fin !
Au sortir d’une pandémie qui imposa aux Français un confinement inédit, qui leur interdit d’honorer les défunts,  de pratiquer son culte tout en précipitant le vote de lois, de censure (Avia), d’urgence de contrôle social sous couvert de santé voilà qu’on nous annonce les récessions les plus épouvantables : on me permettra d’en douter. L’étirement de cette fin de confinement donc du virus se lie à cette  récession dont on nous ressasse les oreilles. Si, heureusement, le coronavirus a peu tué,  il a enfermé les populations pendant un temps et l’on voudrait, le virus parti nous replonger dans le drame économique, un second confinement ? Que nous accusions le choc d’un arrêt partiel de l’économie, oui mais de là à nous affirmer que les abysses sont devant nous, pas forcément. Que l’on veuille au titre de cette situation économique nous amener à accepter des contre-réformes en pagaille présentées s’il le faut au nom de la transition écologique et de la solidarité, certainement. Doit-on accepter cette imposition contrainte, non !
Les Français ont-ils conscience que le pays n’est plus qu’une Egypte ou une Tunisie où la moindre baisse touristique est un drame ? Quel intérêt de s’adonner au champêtre, de chanter le bio quand on attend et qu’on demande sans cesse plus de visiteurs ! Quand on voit Paris se naufrager sans autre  but que de mettre les restaurants dans les rues et les parkings, d’attendre les autocars telle une musardine ou lorette le client, de piétonniser sciemment, de dresser une liste infinie des interdictions : l’ordre capitaliste vert est en marche ! Les JO de Paris ont tout pour être  écolo-policiers…..
Les Français ont-ils conscience de la fossilisation politique : LREm est une façade cachant les prédateurs, les autres partis  sont ou ralliés ou clivants, pas un fédérateur à l’horizon…. Au sortir de ce confinement, les canards sans tête sont légions.
L’ancien monde gestionnaire manageur de la pandémie est plus uni que jamais, il se verdira sans doute car il connait la magie : nous fixer sur la souris, nous distraire de l’éléphant.
Une fois de plus, la France est à un tournant et ce n’est pas en arrière que l’on avance, la puissance de l’histoire est en ce qu’elle propulse et parfois renverse……

                                                                                                                                                                                                         
Jean Vinatier
Seriatim 2020

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