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dimanche 4 avril 2021

Être un pays sous sanctions est-il un avantage stratégique ? Olivier Dujardin N°5640 15e année

« Un des moyens de pression favoris des pays occidentaux, surtout des États-Unis, est d’imposer à toute nation qui ne partage pas les mêmes « valeurs » et qui est surtout un adversaire potentiel – économique et/ou militaire – des sanctions économiques, ou un embargo sur une gamme de produits/services plus ou moins large. L’objectif est d’affaiblir économiquement et militairement le pays visé afin de l’obliger à se soumettre à certaines exigences. Les pays sous le coup de sanctions économiques ou d’embargos sont nombreux, plus d’une trentaine. Les principaux sont la Corée du Nord, l’Iran, la Russie, la Turquie, la Biélorussie, Cuba et le Venezuela. On peut toutefois constater que ces mesures coercitives n’ont que peu d’effets. Bon nombre des pays sanctionnés le sont depuis des années – voire plusieurs décennies – sans que cela change quoi que ce soit. Si les sanctions économiques obèrent le niveau de vie de la population, elles ont peu d’effets sur les pouvoir en place, et les armées de ces pays ne semblent pas fondamentalement affaiblies. Toutefois l’impact de ces mesures est assez différent selon la situation de chaque pays, les relations qu’il entretient avec l’Occident et la durée des sanctions.

 Effets à court terme

 C’est à court terme que les sanctions produisent le plus d’effets. Si le pays visé entretient des relations commerciales importantes avec ceux qui lui infligent des sanctions, cela peut entraîner ou aggraver une crise économique, voire engendrer des pénuries sur certains produits de première nécessité ; c’est ce que vit le Venezuela aujourd’hui, avec un produit intérieur brut qui a diminué de 70%. Le but recherché par les « censeurs » est de créer des troubles sociaux afin de faire tomber le pouvoir en place afin que se dégage une force politique – quitte à la créer – plus favorable aux Etats imposant ces contraintes.

L’impact sur les forces militaires va dépendre fortement de l’origine des équipements. Si les matériels viennent des pays imposant l’embargo, les effets sont assez rapides et importants : disponibilité en chute libre et interruption des livraisons des matériels commandés entraînent des ruptures capacitaires. C’est ce qu’a connu l’Iran après la révolution islamiste, son armée étant alors équipée essentiellement de matériel américain (avions F-14, F-5, F-4, P-3F, C-130 ; chars M-60, M-47 ; véhicules blindés M-113 ; hélicoptères CH-47, AB-205, AH-1 Cobra etc.). C’est ce qui arrive aujourd’hui à la Turquie qui est privée de F-35 et rencontre certaines difficultés pour obtenir des pièces de rechange pour ses avions F-16. Les sanctions ont aussi des effets sur la production de matériel national lorsque certains composants entrant dans leur fabrication sont importés. Ainsi le programme de char de combat turc est au ralenti faute des moteurs et des transmissions qui devaient être fournis par les Allemands ; même chose pour son programme d’avion de combat dont les moteurs devaient être co-développés avec Rolls-Royce, ou pour son drone TB-2 dont les moteurs et la boule optronique sont importés[1]. La Russie a connu les mêmes difficultés suite à la crise ukrainienne qui l’a privée de turbines pour ses navires et ses hélicoptères, ce qui a engendré d’importants retards dans le renouvellement de sa marine de surface. Tout ceci a forcément des conséquences opérationnelles car cela entraine l’immobilisation de certains équipements, servant de réservoir de pièces de rechange, et conduit à maintenir en service des matériels déjà très anciens ; tout cela a un impact sur la disponibilité, l’efficacité et la réactivité générale des forces.

Les pays dont l’équipement militaire ne provient pas des Etats imposant les sanctions sont militairement beaucoup moins impactés, à l’image du Venezuela ou de la Biélorussie par exemple.

 Effets à moyen terme »

La suite ci-dessous :

https://cf2r.org/rta/etre-un-pays-sous-sanctions-est-il-un-avantage-strategique/

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

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