Ursula Von der Leyen a-t-elle fait une boulette ou maladresse en déclinant sa venue aux cérémonies du trentième anniversaire de l'indépendance de l'Ukraine, prévues le 24 août à Kiev et au sommet inaugural de la plate-forme de Crimée du 23 août contre l'occupation de la Crimée par la Russie ?
D’un point de vue protocolaire assurément : il est d’usage qu’à une lettre d’un Chef d’État, le Chef d’État récipiendaire lui réponde directement.
Du point de vue allemand, puisque Mme Von der Leyen l’est, ce choix illustre très bien la politique d’équilibre de Berlin envers Moscou.
D’un côté, l’Allemagne tient à maintenir ses bonnes relations avec les États-Unis, ne souhaite pas se désengager de l’Otan, espère rester un apport en flux monétaire pour la Chine, éviter un désagrément migratoire avec la Turquie ; de l’autre, face à la Russie, elle est prise en étau entre North Stream II et l’Ukraine/Crimée, deux sujets qui la concernent au premier chef pour le premier sur le plan géo-énergétique, pour le second dans le domaine géostratégique.
Sur le plan européen, le choix d’Ursula Von der Leyen déstabilise un front européen contre la Russie, laisse au premier plan les États-Unis face à Moscou par Ukraine interposée. L’Allemagne est devant ses ambiguïtés. Le ton de la nouvelle administration Biden est résolument offensif, sans délicatesse particulière, soufflant le chaud et le froid contre les dirigeants russes, interdisant même aux marchés d’acheter de la dette de leur pays… ! Les quelques mois de pouvoir d’Angela Merkel auront toutes les probabilités de connaître des tensions sérieuses.
Même si dans les jours à venir Ursula Von der Leyen reviendra sur son choix, il n’en demeurera pas moins qu’aura été montré publiquement la fragile unité européenne face à la nouvelle vigueur américaine…
Les Russes ont depuis longtemps perdu toute illusion sur un accommodement tant avec Bruxelles qu’avec Washington que cette dernière regarde comme le maillon faible de la géostratégie chinoise.
Les Européens comprennent-ils que les États-Unis en agissant contre la Russie via l’Ukraine les ferrent complétement, leur ôtent toute liberté politique ? Il est dommage que l’aveuglement des pays Baltes, de la Pologne donnent le tempo à tout un continent et plus dommageable encore que l’Allemagne ne sache pas choisir un camp : à vouloir tout tenir, tout finit par lâcher….
A suivre
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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