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samedi 12 juin 2021

Biden: G7, OTAN, Genève: où est l’Europe ? N°5731 15e année

 Le déplacement de Joe Biden, auquel il pensait depuis 50 ans, selon une porte-parole de la Maison Blanche, a cette originalité de s’y dérouler de l’autre côté de l’Atlantique sans s’accompagner d’aucune visite d’État. Certes Joe Biden sera au Royaume-Uni pour le G7, en Belgique pour l’Otan et en Suisse pour y rencontrer le « tueur » Poutine, mais ce sont des sauts de puce : seule concession, la chancelière allemande est invitée à la Maison blanche le 15 juillet prochain.

En réalité pour les Américains, il existe deux nations sérieuses européennes, le Royaume-Uni et l’Allemagne. L’Élysée peut renouveler la fadaise de la « communauté de valeurs » qui ne porte pas dans un contexte désavouant pour Emmanuel Macron : McFly/Carlito et la « gifle » de Tain l’H ermitage…. Historiquement et sociologiquement, les futurs États-Unis se constituèrent de populations, germanique, néerlandaise, britannique, irlandaise, des liens qui ne se défirent jamais même s’il y eut des guerres contre,  l’Angleterre (1776-1783, 1811-1814),  l’Allemagne (1917-1918, 1941-1945). Ce rappel historique pour souligner que la vision américaine quand elle se dirige vers l’Europe est naturellement nordique et centrale, qu’elle ne se choque pas, non plus, à la condition de veiller à un paramétrage, des ambitions allemandes de vouloir se situer sur la ligne Pékin/Washington, idem pour Londres. Pour aller plus loin, le plan Marshall, l’OTAN eurent plus un objectif d’arrimer solidement l’Allemagne que de prendre stricto sensu « la défense de l’Ouest » contre l’ogre soviétique, aujourd’hui, russe !

Ainsi dans la mise en scène du grand défi contre la Chine qui est la motivation de ce déplacement, il est clairement indiqué que les États du sud-européen n’auront un rôle que secondaire sauf dans le cadre d’objectifs précis et locaux.

Le G7 n’est pas l’Europe qui n'est qu'observatrice, (Japon, Canada), l’OTAN davantage mais étant sous la férule américaine, l’Europe n’y commande pas, elle y obéit quant à la discussion genevoise le 16 juin avec Vladimir Poutine, elle passe par-dessus l’Europe.. .Ainsi donc avons-nous cette humiliation d’être le théâtre d’une pièce ambulante où n’avons pas le rôle.

L’Union européenne publiquement n’est rien qu’une plateforme échangiste ou un immense échangeur des biens et des hommes. Tout récemment, lors de l’adoption du passeport vaccinal européen, Bruxelles a tenu à confier à une société américaine le soin de gérer toutes nos données médicales au lieu de trouver, (elles existent !) une société de notre continent.

Je reviendrai sur le défi sino-américain et la question russe, mais aujourd’hui, l’Allemagne, qui a su, avec constance se reconstruire géopolitiquement et économiquement tout en étant en faiblesse démographique et linguistique, est, désormais, le pivot Est/Ouest (Washington/Pékin) mais aussi sud-nord (Berlin/Moscou) : la réussite de cette correspondance est primordiale pour la chancelière Angela Merkel. L’Union européenne n’est plus qu’un artefact pour l’ensemble des pays de ce continent sauf pour l’Allemagne et sa sphère d’influence. C’est cette évolution qui est, selon moi, capitale. Nos médias et élites ne le voient pas et s’étonnent, par exemple, que la City post-Brexit s’installe massivement dans le royaume néerlandais alors que depuis des siècles Amsterdam et Londres, en bonnes vieilles nations flibustières, ont des liens et des caractères en parallèle avec des rapports de force différents : au XVIIe siècle, Ruyter terrorise Londres, au siècle suivant, Amsterdam s’incline…

La visite du POTUS n’est donc en rien une ode à l’Union européenne assuré qu’il est de les voir aligner en régiments obéissants avec ce compliment périphérique à destination de la France pour l’excellence de nos commandos ! Je ne dis pas que cette vue est juste car avec l’entrée de l’Afrique dans le champ de rapport des forces, il sera tout de même difficile de faire sans nous. Mais là aussi, le gouvernement français laisse dangereusement l’Allemagne (comme les Etats-Unis : vente Alsthom à Général Electric) prendre des participations dans nos entreprises d’armement et de hautes technologies de défense ce qui nous contraindra d’écouter Berlin quand l’action se décidera.

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

 

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