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jeudi 24 juin 2021

Zemmour : de l’édito à la tribune ? N°5745 15e année

 Ce premier tour des régionales n’en finit pas d’être regardé comme le prélude de la présidentielle de 2022 tant le pouvoir a voulu les hisser au rang de vote national. Les échecs de LaREM et du RN donnent l’illusion aux partis classiques (Républicains, PS, EELV, LFI) d’une reprise en main d’un champ politique alors même que tous, sauf LFI, ont œuvré d’une certaine manière à ce qu’Emmanuel Macron réussisse son coup en 2017. Sur cette observation, je ne vois pas de nouveauté sauf avec ce risque de nous concocter une copie moins clivante : Xavier Bertrand ?

Tandis que Valérie Pécresse aura, naturellement, contre elle la liste LaREM (thème principal : retour des jours heureux !) et une coalition de gauche de 3 égotistes, Xavier Bertrand, quoique libéré de toute entreprise de l’Élysée (Gérald Darmanin votera pour son « ami » dimanche 27), n’apporte rien de neuf : issu de la Sarkozie donc du traité de Lisbonne et de la négation du référendum de 2005, il est sur la ligne dominante qui régit l’Union et ne se sépare pas de la doxa économique. Son côté rondelet et son travail régional suffiront-ils à le lancer sur le plan national, lui qui n’est plus membre des Républicains ? C’est là son seul atout qui permettrait de s’avancer, captateur puis fédérateur. Son intérêt serait un désordre en interne des Républicains dont les élus lui fourniraient les signatures.

Éric Zemmour désigné comme ennemi par Marine Le Pen est dans une situation différente : il n’est pas élu, n’a appartenu à aucun parti et tient sa popularité de ses publications et éditoriaux. En l’état actuel des choses, le passage de l’édito à la tribune politique, supposerait que les 500 signatures ne constitueraient pas un obstacle. Or, il aura contre lui tous les partis classiques qui le regarderont comme un usurpateur. A moins d’appeler les Français à occuper tous les lieux du pouvoir, il lui faudra avoir ces 500 agréments.

Éric Zemmour s’il est très critique sur l’Union européenne et l’euro, il se garde bien de tout Frexit, de même que sur l’OTAN. Au fur et à mesure que Marine Le Pen optait pour la tactique « Soupline » alarmant évidemment Gérald Darmanin (comment effrayer les Français si elle ne parle qu’adoucissant !), Éric Zemmour, voyait ses éditos monter en audimat. En réalité, le corps du discours d’Éric Zemmour est identitaire. Son habileté n’est pas de dire « qui sommes-nous » mais « ce que nous sommes », « ce que nous devrions faire ». Mais quel est son projet politique ? Quelle est son alternative ? Sa parole directe au peuple sans l’intermédiaire des élus est une force souvent contrebalancée par la contradiction française d’applaudir celui qui désigne le loup puis, in fine, de s’en effrayer. Dans un pays âgé avec une jeunesse qui vit dans des bulles cognitives, elles-mêmes reliées en réseaux, la tâche pour secouer et faire prendre conscience s’annonce très dure. Sur le fond Éric Zemmour n’a pas tort pour dénoncer les travers et les dérives dans notre France mais, par exemple, même s’il prend soin de distinguer la xénophobie des flux migratoires, cette ligne jaune est bien trop subtile pour les Français.

A l’inverse de l’Allemagne qui a gardé par devers elle et même regagné des outils de puissance souveraine fédérale, la France construite comme une nation unitaire politique et conceptualisée juridiquement est bien plus affaiblie par une Union européenne sans objectif souverain. C’est pour cela, que les successeurs d’Angela Merkel (Armin Laschet ou Annalena Baerbock) auront une capacité manœuvrière réelle d’euroscepticisme pour le premier, de mondialisme pour la seconde.

Sans savoir si Éric Zemmour entrera en campagne, il est bon de mesurer la dimension et la géographie du champ de bataille. La grande difficulté étant la construction d’une alternative au monde étouffant, enserré, atomisant, liberticide, de contrôle des masses qui avance à grands pas ! En matière d’alternative, celle prônée par les écologistes (urbains) est à l’image de leurs éoliennes tant chéries : beaucoup de vent pour rien avec en sus une greffe, selon moi, explosive autour de l’islam, de migrations, d’apologie communautariste.

On terminera ce tableau par un petit rappel historique qui ne vaut pas similitude. En Espagne, la victoire de l’opposition, notamment républicaine, aux municipales de 1931 avaient désavoué la politique de Primo de Rivera soutenue par Alphonse XIII : le Roi choisit de partir……

L’ovation « spontanée » pour Emmanuel Macron de la part de salariés de Bernard Arnault lors de l’inauguration de la Samaritaine avait quelque chose de pathétique et même d’assez domestique, rien de royal ! M. de Maistre, fondé de pouvoir de feue Mme Bettencourt, ne disait-il pas « un homme politique, ce n’est pas cher : 7500 euros » !

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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