Pour l’IFRI, le général Bacquet (2s) développe en quatre points clés le défi logistique militaire :
« 1-La logistique opérationnelle fait partie intégrante de la stratégie militaire. Organisant la projection des forces, assurant leur capacité à durer et contribuant à l’ambition opérationnelle d’entrée en premier, la logistique conditionne l’engagement et, partant, s’impose comme un facteur de supériorité opérationnelle.
2-La montée en gamme des systèmes et le retour des engagements de haute intensité entraînent une augmentation continue du besoin en ressources à l’heure où, amenuisées, elles se trouvent déjà disputées. Si cette conjoncture confirme le caractère névralgique de la logistique, elle appelle aussi à son renouvellement.
3-Dans ce cadre, mutualisation des moyens entre armées et transformation numérique paraissent inéluctables. L’enjeu est aussi pour les forces françaises de s’assurer une certaine autonomie stratégique en la matière.
4-Parallèlement, la logistique se transforme sous l’effet de la modernisation (dronisation, robotisation, autonomisation, maintenance prédictive...). S’il est trop tôt pour parler de rupture, elle se verra certainement bouleversée à horizon 2050 par l’évolution prochaine et probable de la nature de la guerre. »
« INTRODUCTION
La pandémie de COVID-19 place de manière inédite la question logistique sous les feux de la rampe, en ce qu’elle met en lumière la dépendance des sociétés à l’accès aux ressources vitales. Dans ce contexte, la logistique semble avoir véritablement fait son entrée dans le cercle des fonctions stratégiques qui concourent à la pérennité des organisations et de leurs activités1.Mais de quoi parle-t-on au juste? Si les définitions de l’activité logistique pullulent, elles diffèrent dans leur champ et leur contenu, en fonction du prisme civil ou militaire. Dans le monde de l’entreprise, la logistique désigne une suite de tâches complexes et coordonnées allant de la production des matières premières à la distribution auprès des consommateurs, depuis les fournisseurs des fournisseurs jusqu’aux clients des clients. C’est le concept de supply chain, principalement intéressé à la maîtrise et à la performance des flux de bout en bout. Dans une vision élargie de l’activité, le monde militaire s’accorde pour sa part sur une définition plus vaste de la logistique comme l’ensemble des activités qui visent en toutes circonstances à donner aux forces armées, au moment et à l’endroit voulus, en quantité et en qualité nécessaires, les moyens de vivre, de combattre, de se déplacer, de soigner les combattants et d’assurer la maintenance des équipements. La logistique opérationnelle, c’est-à-dire celle des opérations, consiste donc à orchestrer l’engagement des capacités expertes dans le soutien médical, la maintenance, le soutien énergétique, le soutien du combattant ou encore les ravitaillements, pour répondre de manière coordonnée aux besoins des forces2. Dans ce périmètre étendu, la seule maîtrise des flux perd de son exclusivité au profit de la combinaison synchronisée des acteurs logistiques, selon le temps des objectifs opérationnels. La civilianisation des pratiques militaires est à l’origine d’une certaine confusion sémantique entre logistique et supply chain, la seconde n’étant qu’un sous-ensemble de la première. Si des rapprochements entre les sphères civiles et militaires sont naturels et fortement souhaitables, il existe bien une spécificité de la logistique militaire dans laquelle la performance opérationnelle impose ses besoins à la performance économique. Sans faire table rase du passé, il convient de réfléchir à la place que doit occuper la logistique opérationnelle dans les projets de l’armée française des trente années à venir »
La suite ci-dessous : 13 pages
https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/bacquet_defi_logistique_militaire_2021.pdf
Jean Vinatier
Seriatim 2021
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