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mardi 22 juin 2021

Régionales : gifle de Macron aux Français et vice-versa ? N°5742 15e année

 Quand on a un électorat contestataire, il ne faut pas le laisser sur le bas-côté comme l’a fait Marine Le Pen, c’est une première leçon. La seconde est le désintérêt manifeste du Président de la République pour les scrutins intermédiaires sauf à y intervenir pour étêter des têtes gênantes pour 2022 et ce fut un Sedan (cinq ministres, d’une même liste au tapis, éliminés dès le premier tour !). La troisième leçon est la résurgence « d’un Front républicain » en PACA contre la volonté du chef de la liste de gauche ce qui conduira à un second effacement des socialistes et affiliés : là-aussi, les partis politiques montrent qu’ils se moquent bien de leur électorat de base et n’ont d’yeux que pour un vote barrage de moins en moins crédible. La quatrième leçon est la déstabilisation des deux têtes de gondole pour le Printemps 2022 mais avec cette conséquence que Marine Le Pen voulant renouer avec le discours antisystème, remettant donc cette dernière sur un champ de bataille tant espéré par l’Élysée avec à la clef le Bien contre le Mal.

Au-delà de l’abstention de l’électorat RN, il y a un dégoût plus général qui repose sur le fait que les citoyens ne voient plus l’alternative. Les Verts tirent leur épingle du jeu parce qu’ils peuvent égayer leurs discours siffleurs autour de la nature alors même qu’ils épousent (du moins ceux des villes) toute la doxa économique et s’imaginent en parfaite harmonie avec les Grünen qui pourraient accéder, à l’automne prochain, à la chancellerie.

Quant à l’échec d’implantation de LaREM, il faut bien savoir qu’Emmanuel Macron, avocat de la société liquide et de l’individu atomisé, n’y voit pas son intérêt et déjà échafaude-t-il des scenarii pour les mois à venir. Il fait penser à un toit de maison qui séparé de son corps se déplacerait dans les airs jusqu’à la prochaine bâtisse. Le seul inconvénient qu’il regarde est l’abstention qui trop forte enlève la légitimité. Regardons les résultats de dimanche soir : sur les 34% de suffrages exprimés, les leaders ou têtes de liste ne dépassent pas les 15% quand ils ne descendent pas à 3-5% : c’est abyssal.

Le système se trouve dans une nasse à laquelle il a œuvré dans la même logique de Terra Nova qui liquidant le « peuple socle électoral » a raisonné sur une création « d’un peuple ex-nihilo » (issu des migrations récentes ou pas, d’une sociologie urbaine happée par une mondialisation hyperconnectée qui fait qu’il vaut mieux être en contact avec New York ou Auckland qu’avec Vanves ou Verneuil-sur-Avre….)Cette idée que la racine populaire est archaïque et que donc la nation et la souveraineté le sont aussi trouve dans ce premier tour des régionales une partie de son expression.

La non-alternative refusée par les Français a, aussi, sa contradiction, car toute personne qui irait à l’encontre des fondamentaux actuels est et serait automatiquement repoussée en périphérie. A la vérité joue un rôle important l’âge de la population française dont la moyenne (45/46 ans) ne la prédispose pas à entrer ni dans une aventure ni dans des épreuves comme les Russes et les Anglais, par exemple, seraient en mesure de l’assumer (historiquement : ère Boris Eltsine, Brexit)

La non-alternative n’est-elle pas aussi destructrice pour les partis nationaux (il n’y a pas de partis européens au sens où, par exemple, la CDU/CSU aurait ses branches dans X pays de l’Union)? Un parti politique parce qu’il intervient dans la cité ne peut émaner que d’elle. Si, l’on gomme la cité (souveraineté), le parti s’efface aussi.

S’il est imprudent de tirer des leçons totales à un premier tour même si on doute que le second tour le contredira, s’affiche, désormais, sur la scène française l’impasse politique et citoyenne où simultanément le politique se saborde quand le citoyen ne trouve plus sa souveraineté. Ne reste plus que des militants et des fanatiques, des minorités actives qui donnent à croire que nous serions au-delà d’un voté universel, n vote censitaire. Ce goulot-là a son drame.

Gifle ? C’est tout le pays qui se l’inflige

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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