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lundi 17 septembre 2007

Banques centrales, capitalisme financier et nous. N°33 - 1ere année

Nous voyons la première crise du capitalisme financier évoluer dans le désordre et l’inconnu. Deux mouvements néfastes pour les bourses très attachées à la confiance, à l’absence de rumeur.
Premier étonnement, les banques centrales, américaine, européenne, japonaise, injectent des centaines de milliards sans laisser paraître la moindre concertation, sans oser une déclaration commune. L’interaction de tous les flux financiers rend toute crise internationale. On s’interroge sur l’incapacité de la part de ces banquiers centraux à agir au grand jour afin de rassurer le public, taire les cabales. On devine bien qu’ils se parlent, pourquoi n’occupent-ils pas la scène médiatique ?
Le second étonnement tient à l’impossibilité de dire quel est le niveau de la crise financière ! Jamais les entreprises n’eurent une santé aussi solide. Jamais la croissance n’a fléchi. Nous avons donc deux fondamentaux qui assoient en profondeur les piliers de la solidité. Le hic ou le grain de sable se situe avec le capitalisme financier qui a pulvérisé, en une décennie, tous les scénarii habituels. Les entreprises, les particuliers sont atteints par ce nouveau capitalisme. Les fonds d’investissement, avant-garde puissante de ce capitalisme, pêchent par l’opacité (pour ceux immatriculés dans le Delaware, par exemple), le secret puisqu'ils sont pour la plupart établis dans les paradis fiscaux.
Dernier point, quels sont les rapports de force entre les fonds et les banques : qui tient l’autre ? Les premiers ou les secondes ?
A ce jour les fonds dominent et, ô paradoxe, les banques répugnent aux prêts interbancaires. La panique des clients de la banque anglaise Northern Rock est un signe inquiétant pour les jours à venir. La Fed pourra annoncer toutes les baisses de taux, baisse qu’elle ne pourra poursuivre longtemps, la conséquence positive décroîtra inévitablement à l’annonce de telle ou telle défaillance d’un établissement financier, bancaire. Tant que les crises du subprime, du carry trade ne trouveront pas un discours général rédigé par les autorités légitimes, nous aurons des mouvements en montagne russe.
Les Etats interviennent avec prudence. Nicolas Sarkozy n’hésite pas à vouloir secouer le monde clos de l’eurogroupe. Ces propos obéissent en grande partie à la nécessité de prévenir l’opinion nationale des difficultés à venir, de se dédouaner vigoureusement sur une institution européenne dont il est assuré de la raideur. Sa sortie sur la croissance à 3 % indique bien son anticipation. Le Président, néanmoins, a le mérite de placer le débat au centre pour la BCE : quelle est son action ? Quel est son pouvoir ? Mais il indique aussi que la banque centrale boite gravement devant l’inexistence d’une politique européenne économique, fiscale commune. Sa dénonciation de la passivité de l’eurogroupe est justifiée ; elle rebondit, cependant, sur tous les états de l’Union, la France incluse.
Que conclure fort grossièrement ? On constate que personne ne connait exactement la dimension de la crise financière ; ensuite, le maintient étonnant de frontières entre les banques centrales alors que les bourses se rachètent les unes les autres; enfin, le danger d’un capitalisme financier soit indépendant des autorités politiques soit complice pour diverses raisons géopolitiques ; et, in fine, les citoyens lambda happés par l’apparente facilité du crédit, lâchés au premier tir de canon. Ce mouvement financier mondial mettrait, en toute logique, le politique au centre de la décision. On voit très bien par l’attitude de certains d’entre eux que les inflexions données forment leur raisonnement. Le capitalisme financier mérite une régulation que les anglo-saxons appellent transparence. Comment harmoniser les différentes cultures capitalistes ? Là est la question et, en grande partie, la base du problème à résoudre. Ce que nous observons est donc du plus haut intérêt.
JV©2007

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