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vendredi 14 septembre 2007

Fin de dessein à Meseberg N°32 - 1ere année

Selon la presse allemande le baisemain de Jacques Chirac à Angela Merkel était trop old fashion, la bise de Nicolas Sarkozy trop commune. Les relations franco-allemandes ne sont donc pas simples !
L’amitié franco-allemande est-elle utile en 2007 ? Le legs du général de Gaulle et du chancelier Adenauer est-il un poids des deux côtés du Rhin ou bien une simple évidence parfaite pour tranquilliser les opinions ?
Hormis les relations commerciales entre les deux pays, nous voyons bien les différences apparemment fondamentales entre Paris et Berlin sur la plupart des sujets. EADS est un exemple, AREVA un autre.
La politique étrangère ne réussit jamais à être commune, exception faite de l’année 2003 lors de l’invasion de la Mésopotamie. Les corps diplomatiques grincèrent des dents mais se turent. Si une grande partie de l’élite d’outre-Rhin s’exprime dans un Français à faire pâlir un agrégé de lettres, l’inverse n’est pas à la hauteur. Quelle opinion commune forgerait-on devant un déséquilibre si éclatant ? Il est pénible de penser la négligence sur ce point lors des retrouvailles franco-allemandes dans les années 60.
Berlin a choisi le camp américain depuis longtemps. Paris affectait de ne pas le compter pour décisif. La nouveauté de la présidence de Nicolas Sarkozy tenant dans son admiration pour les idées néo-conservatrices en vogue aux USA le rapproche à terme plus exactement du discours allemand. Le retour de la France dans l’OTAN conjugué à la nécessité d’une Europe de la Défense indépendante( ?) proclamée par Nicolas Sarkozy reçoit les compliments de bien des cercles germaniques. L’Allemagne qui craint l’Histoire en l’assumant seule ne veut la recommencer qu’avec une bénédiction, en l’occurrence celle de la Maison Blanche. Si, en plus, la France lui donne une caution morale, c’est pain béni. Il n’est pas dit que cette réunion diplomatique, militaire soit un avantage pour les deux peuples, pour le continent européen. Tout au contraire. Notre avenir ne sera pas radieux mais sombre et orageux. Le couple franco-allemand se métamorphose sous nos yeux, change de cap. La chancelière passe outre les initiatives élyséennes attachée aux conséquences de la nouvelle diplomatie française éminemment dynamique pour ses intérêts. Elle ne s’agace pas de la bise sur la joue. Le gain à venir est trop grand. Du moins l’espère-t-elle !
Paris-Berlin dit oui aux sanctions contre Téhéran, dénonce la Russie (pour la courtiser les caméras parties), s’accorde sur le dossier du Kosovo, opine à l’idée de la guerre contre la terreur. Que de signaux envoyés à Washington ! Dans le dossier nucléaire, Sarkozy voudrait à peu de frais s’offrir une victoire « patriotique » en repoussant Berlin d’AREVA au motif de son hostilité au tout nucléaire. Ce dessein, s’il aboutissait, l’enflerait énormément…mais Berlin a envie de rigoler un peu.
Le sommet informel tenu dans le château de Meseberg déconstruit l’axe Paris-Berlin historique. Le hic est que cette nouvelle connivence entre les deux puissances affaiblit davantage aux yeux des Indiens, des Chinois la viabilité de l’Union européenne. Si New Delhi se gausse de la chimère européenne (rappelons-nous l’affaire Arcelor/Mittal), Pékin la cherche sur une carte. Les autres puissances émergentes s’esclaffent tout autant. On s’apercevra des dommages collatéraux rapidement.
Il ne reste pas grand chose du grand dessein plutôt français qu’allemand suggéré voilà prés de cinquante ans. 2007 abolit tout simplement l’ambition ou l’espérance au profit de la norme, du conformisme. Terminons par cette observation que le couple franco-allemand qui n’existât que peu, vivra, demain, totalement évidé de sa moelle. Ita missa est !
JV©2007

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