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jeudi 27 septembre 2007

Les 38 000 deniers du juge Burgaud. N°41 - 1ere année

L’affaire Outreau s’enfoncerait presque dans la longue nuit des erreurs judiciaires si l’attention scrupuleuse d’un juge très sensible à tout ce qui touche sa personne ne la ramenait pas sur le devant de la scène publique. Que se passe-t-il ?
En 2006, Libération publie un article dans lequel l’auteur fait une comparaison entre le juge et le nazi Eichmann. Un an plus tard, le tribunal de Nanterre accorde 30 000 euros de dommages et intérêts au magistrat. Le 25 septembre dans la même enceinte, ce sont 8 000 euros qui lui reviennent par la condamnation d’un journaliste et du directeur de Télérama pour l’avoir comparé à un « Ben Laden d’un mini 11 septembre ».
Première remarque, il est étonnant qu’un directeur de publication laisse ses journalistes établir des comparaisons douteuses et dangereuses. Quelles que soient les fautes gravissimes de ce juge, le placer sur le même plan qu’un nazi, parfaitement organisé, ordonné et un Ben Laden assurant avec une maîtrise complète les attentats contre les Twins, intrigue beaucoup. Il y a - et c’est indéniable- une faute professionnelle de la part des journalistes lesquels ne savent pas comparer ce qui se compare.
Deuxième remarque, les attendus des magistrats dans les deux jugements n’épargnent pas la critique envers leur collègue.
Troisième remarque, le montant total des dommages et intérêts indispose véritablement. L’euro symbolique eut suffit tant l’énormité de l’erreur judiciaire secoua toute la magistrature, tout le peuple français. Faute donc de la part des magistrats qui répond, presque, à celle des journalistes.
Rappelons-nous que la presse et la justice ne regardèrent le drame qui se jouait à Outreau que bien longtemps après le début de l’engrenage judiciaire. Assistons-nous à un rattrapage ? D’un côté, la presse contre Burgaud, en face le corps de justice protégeant de son hermine un des siens ? Le malaise perdure. Que pensent les familles d’Outreau en voyant celui qui fut leur « ennemi » farouche, terrible, imperturbable gagner des sommes importantes sur des faits, certes condamnables mais à replacer dans l’ensemble de ce drame ? N’oublions pas que cet homme repoussa l’idée de s’excuser devant les treize malheureux.. Ne gommons pas sa morgue devant la commission parlementaire le 8 février 2006. Pendant sept heures, il ne varia point. Il se tint coi. Toute sa défense tint dans l’application de la procédure. Ce goût pour l’exactitude mathématique sans l’ombre de la réflexion fait froid dans le dos. Le soin qu’il prit à se placer derrière un code et sa qualité de magistrat glace le sang. Devant ses pairs il jeta à leur face son absence de faute puisqu’il avait suivi à la lettre la procédure.
Les 38 000 deniers du juge Burgaud appellent à la pudeur, la sienne.

JV©2007

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