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lundi 3 septembre 2007

Le français vers la fadeur? N°23 - 1ere année

Le thème récurrent de la décadence de la langue française alimente les propos de quelques auteurs, le dernier en date est Richard Millet, membre du comité de lecture de Gallimard. Lors de l’entretien qu’il accorde au Point, je note toutes les récriminations. Elles sont nombreuses. Est-il besoin d’y revenir ? Nous les devinons : faiblesse de style, mépris pour la syntaxe, pour l’étymologie, dédain pour la floraison d’auteurs.
Ce long catalogue laisse perplexe tant il s’avère aisé de découvrir dans les librairies de petits trésors, des ouvrages quel que soit le genre d’une qualité indéniable. La langue française connaît des secousses depuis l’entrée en puissance, par exemple, de ce qu’on appelle facilement le langage de la « teci » (cité). Il est certain que nous assistons à une négligence des règles élémentaires de la grammaire. L’orthographe placée au service de la phonétique via le texto, la manie des acronymes, des abréviations pèsent sur la beauté de notre langue. Mais les règles ne datent que du XIXe siècle. J’ai longtemps lu des correspondances du XVIIIe siècle où les fautes étaient légion. La construction de la phrase, elle, était irréprochable. C’était une partition musicale impeccable.
Les intellectuels ont cessé en même temps que s’écroulaient les idéologies. L’homme moderne a-t-il besoin du référent, du père ? Certainement ! Mais l’actuel est trop daté. Le milieu traditionnel de l’édition (Saint-Germain des Près) a sombré. Les ultimes batailles des attributions des prix sont des scènes assez pitoyables. Ce sont là d’antiques structures qui s’affaissent quand de plus en plus d’hommes se mettent à rapporter, à conter. Internet a considérablement raccourci la voie vers la publication. Le net a multiplié en toute logique des milliers de textes fades mais aussi d’un nombre égal de qualité. L’opprobre que les anciens jettent sur ces nouveaux narrateurs parce qu’ils se contentent de l’immédiat n’est pas juste. Le point positif n’est-il pas de noter le nombre croissant de gens séduits par l’histoire, le petit mot ? Notre société quoique au milieu de l’image exprime toujours autant l’envie de tenir non plus la plume mais de taper sur le clavier.
Richard Millet dit que les littéraires ne lisent plus, que les anciens lassent les étudiants…etc. C’est vrai. Mais ce fait exact induit-il la non valeur de l’écrit moderne?
Dans le noir tableau dressé, on voit sans fard que l’on oppose une société d’édition alanguie, un milieu littéraire décrépi aux mobilités de l’homme moderne. Le manque de repères collectifs, la faiblesse de la culture générale ne bloqueront pas l’émergence de nouveaux talents. Quant à la dénonciation de la langue anglaise omniprésente sur nos rayons, ce sont les éditeurs qui lui servent de marchepied ! Ne voit-on pas dans les FNAC, par exemple, les petits coins laissés aux autres littératures ? Cette domination ne l’est que par la paresse et le manque de travail de bien des directeurs de maison.
Le français ne s’affadit point, il se meut. Cette mue choque, elle indispose, elle heurte les règles d’une société mais elle se poursuivra inexorablement. Les apports des français issus de tant de pays, des francophones repartis sur la planète sont de formidables viviers. On oublie, un peu trop que la langue anglaise connaît aussi des secousses telle l’émergence d’une langue américaine sans omettre les anglophones qui la façonnent à leur manière. La langue française ne faiblira pas tant que nous saurons qui nous sommes. Et nous avons mille ans d’âge.
JV©2007

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