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jeudi 6 septembre 2007

Oncle Hubert et le petit Nicolas N°26 - 1ere année

Hubert Védrine regarde Nicolas Sarkozy : le premier est placide, le second aventureux.
Le rapport de 63 pages sur
la France et la mondialisation commis par le premier pour le Président de la République jouit de la publicité immédiate. Doit-on y voir un signe de dédain ou bien une urgence à informer le public de la tâche en cours à Elysée ? Quoi qu’il en soit, le ton d’Hubert Védrine repose sur la pondération sans se confondre avec la flatterie quoiqu’il sut plaire sous François Mitterrand. Le mérite du travail accompli en deux mois tient dans les grandes esquisses du monde et des espérances pour la France.
Le sujet de départ étant la frilosité de notre nation face à la mondialisation, il permet à l’auteur de placer ici et là des points de politique étrangère qu’il eut aimé entreprendre à la place de Kouchner. Le style est positif d’un bout à l’autre, le négatif devient même une capacité à rebondir. Hubert Védrine ne cède pas un pouce de l’identité française sur laquelle il greffe au détour de plusieurs phrases l’expression d’indépendance européenne. L’affirmation de la France par la suggestion d’un ministère des affaires mondiales et du rôle moteur d’une Union méditerranéenne sont deux coups de sabre parmi la commission Barroso. L’ancien ministre des Affaires Etrangères rappelle bien le danger à revenir pleinement dans l’OTAN tout comme à paraître venir au secours des USA. Il ne s’agit pas d’applaudir à l’embourbement américain mais de responsabiliser cette puissance et notamment qu’elle sache répondre de ses actes devant les nations. La tentation Atlantique de Nicolas Sarkozy est là : rendre service au risque de la servilité et n’en tirer aucun avantage. Chaque jour Londres boit le calice jusqu’à la lie après les années Blair : amertume, humiliation, depuis Washington de récompenses point !
L’une des conclusions de l’auteur est le rappel de l’exception française : sa langue- rejetée facilement par nos « élites » -, son réseau diplomatique et consulaire, ses lycées sur tous les continents, son histoire originale, sa puissance atomique. Il affecte habilement de se choquer de notre « arrogance ». Qui s’émeut du fair play anglais qui ne joue qu’à la condition qu’il soit vainqueur ? Qui dénonce le protectionnisme américain ? Hubert Védrine botte en touche en écrivant noir sur blanc le degré d’aplatissement des élites, notamment françaises, devant l’idéal transatlantique.
Irrévérencieusement, le propos d’Hubert Védrine se résumerait à dire à Nicolas Sarkozy qui découvre la grandeur française au fur et à mesure qu’il se déplace, soyez collé à l’histoire de la France, ne la sacrifiez pas sur l’autel de la communication, ne la dédaignez pas au profit d’une fascination pour la réussite à l’Américaine.
« Anticiper, être inventifs…(…) Veillez aux intérêts français, prévenir les clashs qui menacent entre civilisations où entre puissances », oncle Hubert referme son court ouvrage, le petit Nicolas dort à poings fermés, apaisé, le sourire aux lèvres. Il rêvera français : pourvu que ça dure !
JV©2007

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