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mardi 4 mars 2008

FARC dans la Grande Colombie N°153 - 1ere année

L’Equateur, le Venezuela et la Colombie sont dans une dispute complète. Entre les trois, les FARC et leurs otages dont Ingrid Betancourt.
La tension est montée d’un cran lorsque l’armée colombienne opéra sur le sol équatorien et tua le numéro 2 des Farc, Raul Reyes. Le Président Rafaele Correa décida l’envoi de troupes à la frontière. Hugo Chavez, dont le pays abrite une partie des FARC qu’il ne considère pas comme des terroristes, se joint à l’Equateur.
« Les FARC et l’ELN ne sont nullement des corps terroristes, ce sont des armées, de véritables armées qui occupent un espace en Colombie... Ce sont des forces insurgées qui ont un projet politique, qui ont un projet bolivarien qui, ici, est respecté», estime-t-il lors de son message annuel à la nation prononcé à la tribune de l’Assemblée nationale vénézuélienne.
Le mot clef est « bolivarien ». Il faut faire un retour historique. Simon Bolivar fonda, au sortir des guerres d’indépendance contre l’Espagne de Ferdinand VII, la Grande Colombie laquelle regrouperait aujourd’hui, les Etats suivants : Venezuela, Colombie, Equateur, Panama. L’ouvrage de Simon Bolivar se résista pas à sa mort en 1830. Mais, il reste dans l’idéal des hommes politiques de ces pays et plus particulièrement du Venezuela. Signalons, au passage, que les FARC, nées en 1964, sont totalement dans cet espace géographique.
Qu’est-ce que le bolivarisme ? Un projet politique axé sur la justice sociale, la liberté et l’égalité des droits. Il sert aussi de discours de rassemblement des peuples dominés d’Amérique Latine. Hugo Chavez ne fait jamais mystère de son ambition et de la main tendue aux autres peuples contre la corruption et l’injustice. Sur ce point, les FARC seraient-elles aussi, « bolivaristes » ? On comprend mieux le soin pris par Hugo Chavez à « couvrir » les leaders de ce mouvement colombien .
La Colombie, est le seul état, suffisamment fort comparé au Panama et à l’Equateur, pour contrer le projet de Chavez. Les Etats-Unis s’appuient sur le Président Uribe et ensemble accusent le Venezuela de devenir un grand centre de trafic de cocaïne vers l’Europe et les autres continents. Quelques années plus tôt, Washington soupçonnait Uribe de soutenir le cartel de Medellin et d‘avoir une relation avec Pablo Escobar. Or, le plus grand producteur de cocaïne et un important consommateur de cette substance au monde n’est pas le Venezuela mais la Colombie. Les Etats-Unis restent le plus important consommateur de drogues de la planète et n’ont jamais agi contre les institutions financières impliquées dans le blanchiment d’argent en provenance du trafic de drogue. Nous sommes dans le plus parfait cynisme !
De son côté, le Président du Nicaragua Daniel Ortega met en garde contre le danger représenté par l’actuelle campagne destinée à lier le Venezuela au trafic de drogue. « Les Etats-Unis sont en train d’utiliser le territoire colombien […]. Il s’agit d’un pays qui est militairement occupé par les Etats-Unis, pour essayer de détruire cet espace qui est en train de s’ouvrir en Amérique latine [….] Nous espérons que le peuple colombien pourra freiner l’attitude de son gouvernement afin qu’il ne commette pas la folie de provoquer une confrontation»¹
Dans ce contexte, les FARC ont beau jeu de se définir comme un mouvement politico-militaire usant du juste droit à la rébellion contre un Etat qui pratique une démocratie de façade. Mais, Hugo Chavez n’obtient pas, en janvier 2008, de la France (hésitante?), l’Allemagne, Washington, l’Union européenne que les FARC ne soient plus considérées comme des terroristes.
Quand le Président Nicolas Sarkozy s’empara du dossier Betancourt, avait-il tous les éléments géopolitiques entre ses mains ou bien obéissait-il à sa seule envie de devenir le libérateur de cette femme franco-colombienne ?
A priori, Hugo Chavez a les cartes pour faire fléchir les FARC mais cela suppose de la part de Paris un soutien plus entier aux projets politiques vénézuéliens lesquels dépassent largement ses frontières. On n’imagine, pas non plus les Etats-unis, en guerre contre Hugo Chavez, encourager la France.
Le dossier Betancourt n’est donc non pas bloqué mais plein de tiroirs et d’embûches. Les pays d’Amérique Latine, dont beaucoup sont à gauche, contestent au Venezuela, l’exclusive du bolivarisme et ont une approche de la lutte contre les inégalités moins belliciste d’une part, et prônent, d’autre part, entre eux l’union plutôt que la confrontation.
Le Président Uribe a de toute manière tout le peuple colombien à ses côtés, surtout lorsqu’il lui annonce la mort d’un des chefs des FARC.
Drogue et bolivarisme forment un cocktail inédit dans la géopolitique moderne.

©Jean Vinatier 2008

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Source :

1-El Nuevo Herald, « Chávez : EEUU propicia conflicto armado Colombia-Venezuela », 26 de enero de 2008.

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