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mercredi 19 mars 2008

Tibet: Pays des Neiges du Grand Ouest chinois ! N°164 - 1ere année

Née, pendant la célébration annuelle de la fuite du Dalaï-Lama, la révolte tibétaine prendrait-elle fin ? Le Premier ministre chinois se dit prêt à dialoguer avec le Dalaï-lama. Des Tibétains commenceraient à se rendre aux soldats envoyés par Pékin.
Le 6 octobre 1950 Mao Tsé Toung envahissait le Pays des Neiges sans rencontrer une grande résistance de la part de l’armée tibétaine forte de 5000 hommes. De 1956 à 1959, les Tibétains se soulevèrent d’abord dans la province de Kham puis dans l’Amdo (Qinghai) et enfin dans tout l’Ü-Tsang (Lhassa) . La communauté internationale ne bougea pas, pas plus qu’elle n’avait appuyé la candidature du Tibet à l’ONU en 1949 ; elle n’avait, alors, d’yeux que pour la guerre en Corée.
En 2008, les réactions internationales sont à l’identique. Rama Yade et Bernard Kouchner se sont chargés de refroidir toutes les initiatives à quelques mois des Jeux Olympiques !
Que pèsent les Tibétains ? On en compte plus de 5 millions dans l’ensemble du Tibet (Tibet historique (devenu une région chinoise - Qinghai, ou intégré à d’autres : Sichuan, Gansu, Yunnan - et région autonome du Tibet) et, en dehors, ses locuteurs se répartissent principalement en Inde, Népal, Bhoutan, Myanmar. Les Tibétains exilés se concentrent en Inde (85 000), Népal (14 000), Taiwan (10 000), Etats-Unis (6 000), Bhoutan (1600).
L’autorité spirituelle du XIVe Dalaï-Lama (Tenzing Gyatso) ne suffit pas à stopper les chars chinois : le Tibet est une aire géostratégique de premier plan dans le Grand Ouest chinois avec le pays des Ouïgours ou Xinjiang (Turkestan oriental).
L’invasion communiste de 1950 appliquait à la lettre un « plan de libération » qui prévoyait de « libérer de l’oppression réactionnaire » le Tibet, la Mongolie, le Népal, le Bhoutan et le Sikkim (royaume annexé par l’Inde en 1975).
Au-delà des discussions sur la souveraineté ou pas du Tibet, son sous-sol regorge de richesses minérales et énergétiques de tout premier intérêt : les plus grands gisements planétaires de borax et d’uranium ( Qinghai ex-Amdo ), la moitié des réserves mondiales de lithium, le premier rang national pour le cuivre et le chrome, mais aussi des hydrocarbures, de l’or, de la bauxite, de l’étain. Il y a bien plus, dans le domaine nucléaire, la Chine a fait du Qinghai un véritable pôle où se concentrent toutes les filières atomiques : mines, raffineries, centre d’expérimentations civiles et militaires, zones de stockage, usine de retraitement des déchets contaminés et, des bases de lancement de missiles balistiques intercontinentaux. Les observateurs étrangers regardent aujourd’hui cette province comme l’une des principales poubelles nucléaires de la planète avec tous les effets néfastes que l’on connaît sur la santé des populations nomades environnantes.
L’enjeu tibétain dépasse en tous points le pacifisme prôné par les Dalaï-Lamas depuis des siècles. Qu’on ne s’y trompe pas, les Tibétains ont été un peuple guerrier redouté et qui sut conquérir la Chine. Le roi Songtsen Gampo (618-650) unifie toutes les provinces, favorise le bouddhisme et défie la Chine de Tang Taizong, en allant chercher les armes à la main la princesse chinoise qu’il lui refusait ! En 763, le roi Trisong Detsen (740-757) pille leur capitale, Chang’an, et installe un nouvel empereur de Chine en lui imposant un tribut. En 821, un traité entre les deux puissances fixe les frontières qui resteront telles quelles jusqu’à Mao Tsé Toung.
Ensuite, le Tibet belliciste se transforme en pays irénique où les chefs des monastères fondent une théocratie. Il n’y a donc plus d’armée. En 1249, les Tibétains se placent sous le protectorat des Mongols, avec l’instauration du chöyön ou relation personnelle entre un maître spirituel et son protecteur ou bienfaiteur laïc. En un mot, les moines s’engageaient à enseigner les principes bouddhiques au Khan Mongol et à assurer son salut divin. Les souverains mongols n’abusèrent pas de leur force. Au XVIIe siècle, la Mongolie s’enfonce dans la guerre civile, la Chine voit l’avènement des Mandchous (1644-1911). En 1717, l’empereur Kangxi libère Lhassa des Mongols Dzungars et son successeur le grand Qialong (1736-1793) renforce son emprise sur cette théocratie et, parallèlement, sécurise, vers 1760 le Xinjiang (pays des Ouïgours) C’est l’avancée vers le Grand Ouest chinois.
Au XIXe siècle, les disputes intestines chinoises « libèrent » les Tibétains quand surgissent la Russie (un peu) e,t surtout, la Grande Bretagne. Cette dernière, depuis l’Inde, avançait vers l’Himalaya et les hauts plateaux d’Asie centrale pour entrer en Chine (commerce) et contrecarrer l’ambition russe, qu’elle surévalua grandement. Le Tibet s’opposant aux vues anglaises, Londres se tourne vers Pékin pour obtenir des traités commerciaux avantageux. Londres admettait, de fait, la suzeraineté de l’empereur chinois sur le Tibet. Lhassa refuse d’appliquer les traités signés : le colonel Younghusband occupe la capitale en 1904. Le Dalaï-Lama fuit avant de s’incliner en 1907 et accepter l’ouverture de trois bases commerciales anglaises.
Londres s’aperçoit, un peu tard, de la domination virtuelle chinoise sur le Tibet et décide de ne traiter qu’avec lui parce que souverain ! En 1910, Pékin réagit en entrant dans Lhassa. Le négociateur anglais, Mac Mahon, impose, par la convention de Simla (1913-1914) le règlement des problèmes frontaliers entre l’Empire des Indes, le Tibet et la Chine. Il distingue le Tibet intérieur (aujourd’hui Région autonome) du Tibet extérieur (aujourd’hui provinces chinoises). Mais la Chine refusa de signer le traité. Le Dalaï-lama, profitant de l’instabilité de son voisin après la proclamation de la république en 1911, proclama l’indépendance…qui ne fut reconnue que par la Mongolie.
Le Tibet est sacrifié, comme la Pologne au XVIIIe siècle, aux égoïsmes bien compris de la communauté internationale. Le soulèvement tibétain intervenu dans l’ensemble du Tibet ne peut espérer prendre de la force qu’en cas de vastes révoltes paysannes dans les provinces chinoises. Mais pour le monde, la Chine est le moteur qui ne doit pas connaître de panne. Washington n’a-t-il pas retiré de la liste des Etats les plus répressifs…la Chine !


©Jean Vinatier 2008

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Cartes:

http://www.tibet-info.net/www/IMG/pdf/occupe.pdf

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