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vendredi 7 mars 2008

Merkel à Sarkozy oui au « Club Med » ! N°156 - 1ere année

C’est finalement le 3 mars au détour de l’inauguration d’une exposition à Hanovre que la chancelière Merkel et le Président Sarkozy trouvèrent un compromis sur l’Union méditerranéenne. Selon la chancelière allemande, l'union comprendra non seulement les 7 pays de l'Union européenne riverains de la Méditerranée, mais aussi tous les autres. Autrement dit, au lieu des 18 membres initialement prévus¹, l'union pourra en compter 38. Nicolas Sarkozy l'a accepté, parce qu'il n'avait pas le choix: comme on le sait, à Bruxelles, n'importe quelle idée européenne est vouée à l'échec si elle n'est pas soutenue par Berlin.
Angela Markel a également insisté pour que l'idée française s'inscrive dans le prolongement du processus de Barcelone, à savoir le dialogue euro-méditerranéen qui regroupe tous les pays riverains de la Méditerranée et tous les pays de l'UE. Lancé en 1995, il est aujourd'hui au point mort. Certains diplomates expliquent cet échec par l'implication de la totalité de l'immense machine bureaucratique de Bruxelles, notamment de pays qui estimaient n'avoir aucun intérêt à participer à un processus se déroulant à mille lieues de leurs intérêts nationaux. Mais, l'Allemagne n’a-t-elle pas sciemment surchargé le "canot méditerranéen" du président français ? Dans ces conditions, on soupçonne qu'il puisse se maintenir à flot.
Nicolas Sarkozy, est déterminé à mener ce projet à bien. Il a l'intention d'annoncer la création de l'union au cours du sommet de l'Union qui se tiendra les 13 et 14 juillet à Paris. Cette annonce est appelée à être la première action importante de Sarkozy qui assumera, au nom de la France, à partir du 1er juillet, la présidence de l'Union européenne.
Or, la Turquie et la Libye refusent d’adhérer au projet français. Ankara y voit un piège : au lieu d’intégrer l’Union européenne, elle appartiendrait à une Union méditerranéenne qu’elle juge, pour l’heure, sans consistance. Les politiques turcs la moquent, c’est un « Club Med » ! Le colonel Kadhafi, parle d’ « une arme qui détruirait l'unité des pays du Maghreb. » Tripoli, comme d’habitude, veut se faire désirer et compte bien tout négocier.
On voit mal, également la solidité de cette union méditerranéenne si le conflit israélo-palestinien ne parvient pas à son terme. A moins d’un miracle…bien sur ! Idem pour le règlement indispensable au sujet du Liban et du rang de la Syrie.
Turquie, Palestine et Liban : voilà quand même trois situations lourdes aux conséquences internationales nombreuses. La Russie, les Etats-Unis et derrière eux les puissances de la péninsule arabique, la Perse seront, n’en doutons pas, des acteurs redoutables.
Et cerise sur le gâteau, n’est-ce pas, aussi, un pas habile de la part de Nicolas Sarkozy pour rendre la candidature plus logique d’Israël à l’Union européenne et à l’OTAN ?
Ne risque-t-on pas une confusion renforcée ? Une de plus parmi le désordre du monde ?
Le « oui » de Berlin arrange malgré tout Nicolas Sarkozy : il restera le metteur en scène et le co-producteur (UE) de son propre spectacle, il le « vendra comme tel » et tant pis si celui-ci risque le surplace. Paris accuse le coup et s’aperçoit, un peu tard, que l’Union européenne n’est pas un « machin ». Les finances bruxelloises sont le nerf de la guerre pour crédibiliser un tel projet.
Preuve est faite, pour conclure, que le couple franco-allemand, est, en dépit des inimitiés, des méfiances, incontournable.

©Jean Vinatier 2008

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Note :

1- Membres de l’union méditerranéenne : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Jordanie, Palestine, Israël, Liban, Syrie, Chypre, Turquie, Grèce, Italie, Malte, France, Espagne, Portugal

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