Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



mardi 1 avril 2008

Carla Sarkozy, l’Evita Péron de Nicolas S? N°173 - 1ere année

La presse britannique a couvert plus que quiconque le déplacement présidentiel à Windsor et au-delà des comparaisons entre Carla Sarkozy et Jackie Kennedy, elle ose un rapprochement entre la première dame française et Evita (Eva) Péron, la seconde épouse emblématique du populiste argentin, Juan Péron, chef de l’Etat de 1946 à 1955 puis de 1973 à son décès en 1974¹.
Kate Weinberg dans
The Telegraph l’écrit: “Eva Peron and Carla Bruni, one feels, would have enjoyed shopping together.”² mais The Independant flingue le Président français : “Carla was perfect. Sarko was, despite his best efforts, Sarko.
On commettrait, croyons-nous, une grave erreur en sous-estimant cette comparaison. Nous sommes dans un monde plongé dans l’image, dans la communication. Les puissants de cette planète comme les gouvernements, démocratiques ou pas, tiennent la propagande comme un outil logique et utile pour édifier les peuples. Les politiques anglais, par exemple, inquiets du discrédit de la monarchie sous Georges IV le Scandaleux (Prinny) et Guillaume IV³, l’Imbécile (Silly Billy), entreprirent de concevoir l’image nouvelle du monarque. Commencée sous le règne de Victoria (1837-1901), le souverain jusqu’alors invisible à ses sujets devint visible et image, elle ne faiblit jamais jusqu’à ce jour, la presse ou les médias jouant, évidemment, un rôle primordial.
Louis XIV s’était, pour l’époque, fabriqué son image. Les historiens anglais parlent du Roi-Soleil en usant d’un mot : « fabrication » qui signifie invention et contre-façon ! C’est un clin d’œil utile.
Pourquoi établir la comparaison entre Carla et Evita au lieu de s’en tenir à Jackie Kennedy ?
C’est la dimension politique qui entre en jeu. Evita Péron eut un rôle dynamique auprès du peuple argentin (les descamisados surtout) pour soutenir la présidence de son époux que l’on présente toujours comme un être frustre, peu habile. C’est oublier les leçons que Juan Péron avaient apprises lors de ses séjours dans l’Italie mussolinienne et par l’observation des régimes de Salazar (Portugal ) de Franco (Espagne). Il comprenait l'importance de la mobilisation des masses et leur intégration dans le jeu politique, le sien reposant d’une part, sur des conceptions fascistes et corporatistes et d’autre part, sur la vision sociale de la doctrine de l’Eglise4. Enfin, il était antilibéral et pour le nationalisme économique.
Nicolas Sarkozy n’est pas Juan Péron mais Carla et Evita5 ont en commun le côté artiste. Carla chante en évoquant son époux « Tu es ma came »,Evita entonnait le fameux, « Don't Cry for Me, Argentina » devant la foule.
Carla dont le nom et l’image apparaissent partout, fera-t-elle l'objet d'un culte de la personnalité? Se lancera-telle dans un Rainbow Tour hautement médiatisé comme Evita Péron le fit en 1947 ? Encouragera-t-elle des fondations, fera-t-elle preuve de générosité envers les malheureux ?
Il est sûr que le Président Sarkozy s’étant planté dans les premiers mois de son quinquennat et comptant considérablement sur l’image qu’il offre pour imposer aux Français ce qu’il appelle des ruptures - économiques, sociales, administratives, en politique étrangère…etc -, la mise en et sur scène de Carla Bruni-Tedeschi constitue l’Arme par excellence.
Tenir le peuple comme les Michus devant leur écran télé c’est là tout ce qui reste au pouvoir politique. Et le peuple se fige, accepte, se soumet pourvu qu’il soit consommateur. On est loin de tout idéal, de l’utopie. Evita Péron avait, en ce sens, une action politique dirons-nous plus saine alors que l’on destine à Carla Sarkozy une fonction ludique, par son corps et sa voix pour neutraliser toute protestation. Pourquoi ne pas imaginer que le Président de la République confronté à un possible clash social ordonne à son service de com de faire jouer « Carla » ?


©Jean Vinatier 2008

Commentaires : Si vous n’avez pas de compte Gmail, et pour éviter le noreply-comment veuillez envoyer vos commentaires à :
jv3@free.fr

Notes:

1-Trois épouses de Juan Péron (1896-1974): Aurelia Tizon (+1938), Evita Duarte (1919-1952) et Isabel Martinez (1931), première présidente de l’Argentine en 1974, déposée par les militaires en 1976.

2-
http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2008/03/30/nfirst130.xml

3- tous deux fils de Georges III (1738-1760-1820) - il eut quinze enfants ! - :
Georges IV(1762-1830) Régent (1811-1820), Roi (1820-1830)
Guillaume IV (1765-1837), Roi (1830-1837)
Victoria Iere (1819-1901), Re (1837-1901), fille d’Edward-August, duc de Kent (1767-1820), frère des susnommés.

4- Le texte fondateur est l'encyclique Rerum Novarum (Des choses nouvelles) du pape Léon XIII (1878-1903) en 1891.

5- Evita Duarte est née dans une famille pauvre argentine tout à l’opposée de Carla Bruni-Tedeschi

Aucun commentaire: