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dimanche 27 avril 2008

Germaine Tillion une dame du siècle 1907-2008 N°192 - 1ere année

Dire adieu à une dame aussi entreprenante et aussi passionnée par les hommes qui restent libres, l’exercice ne va pas de soi !
La presse a rendu compte avec justesse de sa vie et le hasard a fait qu’Aimé Césaire nous quitte également, lui aussi le passionné des hommes combattants.
Dur, dur pour notre époque de se séparer de deux personnages de caractères.
"Je considérais, disait-elle, les obligations de ma profession d'ethnologue comparables à celles des avocats, avec la différence qu'elle me contraignait à défendre une population au lieu d'une personne."
Germaine Tillion voit le jour dans une famille éprise de curiosités : ces parents ne fondent-ils pas les guides bleus Hachette ?Plus tard, les lectures des travaux de Louis Massignon l’initient aux histoires du monde arabo-musulman. Marcel Mauss, neveu du père de la sociologie française, David Emile Durkheim, la dirige vers l’ethnologie qui forme, en quelque sorte sa maxime comme elle le confie, en 2004, dans une interview au journal L’Humanité :
« un homme de réflexion universelle que j’ai beaucoup admiré et qui avait une connaissance exceptionnellement riche et puissante du monde. Il a été celui qui m’a le plus inspirée dans toute mon enfance et mon adolescence. C’était un homme remarquable dont la connaissance des conflits était très intense, très raisonnable et très éclairante. Quand on veut faire de la politique sans connaître l’histoire et la géographie on met les pieds sur les mains des enfants. »¹
Des Aurés à Ravensbrück puis de nouveau en Algérie pendant la guerre d’indépendance (1954-1962), elle ne varie pas un seul instant dans sa détermination à défendre les peuples. Il y a quelque chose de magnifique chez elle, le bon sens et sa solidité à ne pas s’en départir quel que soit l’événement. Déportée avec sa mère, Emilie, à Ravensbrück sur dénonciation de l’abbé Robert Alesh (fusillé en 1949) elle a la force d’y écrire une opérette !
Elle traverse le siècle par le combat. Le plus beau message qu’elle nous laisse, à nous les hommes abasourdis et impavides de ce début du troisième millénaire, est sa vie. Nous n’avons plus la moindre utopie. Tout referant collectif est maintenant presque une énigme. Savons-nous quoi faire pour éviter aux hommes de se perdre ? L’interrogation mérite d’être posée.
Dans son observation des hommes des Aurés, elle s’interrogeait sur leurs mérites à demeurer ce qu’ils sont en étant imperméables à la société coloniale. Et, allant plus loin, elle découvrait que le sort des femmes dans le monde méditerranéen ne devait rien à la religion musulmane tant il était antérieur. C’était soulever bien des pierres et heurter les opinions forgées par de nombreux siècles.
Liberté des hommes, dignité des femmes que de voies n’ouvraient-elles pas ? Savante et résistante, ne se dénommait-elle pas la « vieille gaulliste », nous sommes désormais face à nous-mêmes et en interrogations sur notre qualité d’homme.

©Jean Vinatier 2008

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Note :
1-http://www.humanite.fr/2004-04-28_Medias_-Entretien-Germaine-Tillion-le-pire-c-est-la-lachete

Sources :
http://www.germaine-tillion.org/
http://www.elwatan.com/spip.php?page=article&id_article=92337

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