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mardi 20 octobre 2020

3 novembre 2020 N°4992 14e année

Un président sortant peut-il être battu avec un bon bilan économique ? Les sondages américains qui placent largement entête Joe Biden le laissent croire.

Existe-t-il une raison pour laquelle un américain devrait voter pour Joe Biden ? Candidat évanescent, aux apparitions bien bornées , aux gaffes répétées, aux doutes sur sa capacité mentale, Joe Biden aurait tout pour décourager l’électeur.

Existe-t-il une raison pour laquelle un américain ne devrait pas voter pour Donald Trump ? Bilan globalement intérieur positif, plus tonitruant que jamais, plus brutal donc fidèle à son ordinaire qui plaît à une large partie de l’électorat américain surtout hors des villes métropolitaines et ayant réussi à imposer y compris aux démocrates que l’ennemi de demain serait chinois.

Les débats entre les deux candidats ont été sans originalité ! Mais de nos jours, où est le bon niveau des débats ? Croit-on qu’en France en 2017, les joutes entre Macron et Le Pen étaient hautes ? Non. Des deux côtés de l’Atlantique, le discours politique a perdu de son aura. Le politique a tenu un rôle longtemps confiné dans une enceinte parlementaire aujourd’hui, c’est la terre entière au rythme des Saisons à épisodes qui voit et écoute sur fond des défuntes idéologies.

Cependant, le vote du 3 novembre prochain garde son importance nous impactant également en Europe et pour cela il faut revenir à 2016.

En juin d’alors, le vote britannique pour le Brexit avait donné un coup d’accélérateur aux idées plus nationales, plus patriotiques dans l’espace anglo-américain.

De 2016 à aujourd’hui, tant à Londres qu’à Washington nous vîmes les batailles successives. A Londres ce fut la remise en cause de la légitimité du référendum et les positions très ambiguës de Teresa May finalement contrainte à la démission pour laisser la place à Boris Johnson qui s’appéterait à ne pas conclure d’accord avec l’Union européenne. A Washington, Donald Trump passa les trois quarts de son mandat à conquérir les républicains , de même que les grandes agences tout en assurant la relocalisation d’entreprises phares américaines et fit baisser le chômage, évitant la multiplication des conflits extérieurs.

Peut-on regarder la seule campagne américaine de 2020 sans tenir compte du climat politique britannique ?

Une victoire de Joe Biden fragiliserait Boris Johnson quitte à le faire chuter, précipiterait la fin Brexit dur ainsi que le traité de libre-échange actuellement sur la table. L’Union européenne, qui n’a pas renoncé à récupérer le Royaume-Uni soufflerait d’apaisement et se croirait renforcée se confinant sous le parapluie militaire américain.

Une réélection de Donald Trump accentuerait les dynamiques en cours mettant l’Union européenne dans un moment tout à fait inédit de son processus la laissant aborder les nombreuses tensions intérieures (populisme, crise économique, fronde sociale, peur virale, migrations radicales, questions climatiques,...etc) et ses rapports avec la Chine en particulier et les pays émergents en général.

Dans les deux cas, notre interdépendance aux événements électoraux américains sont trop fort et nous paralysent pour retracer de nouveaux chemins à travers le monde.

Dans les deux cas, les États-Unis, ne voudront pas descendre de leur piédestal et prôneront un discours radical intérieur qui connaît des développements dans les décennies 60-90 qui virent la montée en puissance des néo-conservateurs, des lobbies autour des « gender studies » et la fin de l’URSS. Les États-Unis sont dans un moment radical de leur histoire, de même que le Royaume-Uni mais s’appuyant sur le Commonwealth. Ces radicalités anglo-américaines dont on peut situer les prodromes dans l’immédiat du traité de Paris de 1783, touchent, aujourd’hui, bien évidemment l’ensemble de l’Union européenne, les têtes pensantes de notre continent ne concevant le futur qu’à partir d’une ligne intellectuelle de ces deux pays.

Quel que soit le résultat des élections présidentielles du 3 novembre, nous savons que la radicalité sera plus forte qu’auparavant. Il serait donc heureux que l’Union européenne et la France en sache les importances, s’ouvrent par elles-mêmes de nouvelles routes, notamment, d’indépendances intellectuelles.



Jean Vinatier

Seriatim 2020


 

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