Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



jeudi 8 octobre 2020

Décolonisation –France 2 : réflexions autour de N°4981 14e année

 France 2 a diffusé un documentaire en deux parties sur la décolonisation dans l’empire français (1934-1962) alors même que le pays est traversé par des questions identitaires, communautaristes ou séparatistes, religieuses, racialistes, indégénistes et même anti-mâles (Alice Coffin), que l’on a déboulonné quelques statues ou abîmées certaines d’entre elles.

Cette projection, en rien innocente, défaillait sur deux points :

D’abord elle était à charge, une seule charge émotionnelle constante, ensuite, le téléspectateur déboulait dans une décolonisation sans qu’il apprenne une histoire de la colonisation. Débuter par le commencement, à savoir le pourquoi du processus de la colonisation, ici, française, aurait donné un champ plus juste. Une fois de plus, il  est opéré une césure arbitraire sans le moindre préambule : départ l’exposition coloniale de 1934, fin accords d’Evian en 1962.

Le mot de colonie, aujourd’hui vilipendé, est utilisé couramment pour caractériser la conquête de la terre par l’Homme depuis le continent africain. Dans l’Antiquité, une colonie était une terre où vivait, par exemple, des Romains libres. La colonie marquait, aussi, l’expansion d’une cité (Carthage, Athènes, Rome, Troie…etc). Ce phénomène colonial s’étendait à tous les continents avec des noms peut-être différents. Le fait de coloniser est intrinsèquement lié au nomadisme humain qui peut être autant pacifique que guerrier mais qui entraîne forcément des chocs entre les hommes puisque tout le monde nomade !

La dimension diabolique et inhumaine de la colonisation est assez récente depuis que l’expansion maximale est atteinte par les Européens et désormais les Américains pour tracer de nouvelles routes, de nouveaux horizons. Ce sont eux qui dans l’Histoire humaine ont parcouru l’ensemble de la planète. L’expression académique de « grandes découvertes » est tout à fait juste : dès le moment où les Européens de la Renaissance (le mot est important car il les relie de nouveau à l’Antiquité, au monde romain donc du monde connu) dotés de nouveaux outils, d’une foi puissante, ils se lancent sur tous les Océans pendant plus de deux siècles. Les circumnavigations étant l’apothéose de l’exploration géographique terrestre. A l’inverse de la Chine qui arrête les grandes expéditions navales au XVe siècle, les Européens les poussent au plus haut degré. Les établissements d’abord des comptoirs deviennent depuis l’Angleterre en Amérique des colonies privées ou royales. A cette montée en puissance, se joignent la traite et l’esclavage depuis les côtes africaines dont les circuits financiers seront à Londres et feront la fortune de villes comme Nantes.

La colonisation moderne celle développée au XIXe siècle par les puissances européennes en quête de nouveaux territoires marchands et militaires tournés vers l’Afrique et l’Asie, débute quand la traite et l’esclavage sont abolis. Ainsi la colonisation de pays entiers par les Européens auront ce paradoxe de conquérir et d’abolir officiellement aussi la traite et l’esclavage. S’opère donc un mélange colonie/esclavage/traite où le colonisateur a, à la fois supprimé la traite et l’a pratiquée avant de coloniser. Notons que les controverses actuelles sur la colonisation/décolonisation se déroulent dans l’espace euro-américain, en Orient, en Asie, en Afrique ces joutes sont bien absentes, le mouvement des non-alignés étant historique.

C’est depuis l’intérieur de nos propres Etats européens confrontés à des migrations soutenues par des réseaux, ONG et Etats que monte une lave incandescente qui met à vif, l’affaiblissement des Etats-nations (identité nationale) face à des minorités victimes. Sans cette qualité de « victime » point de percée médiatique, point de juste narration. L’ancien colonisé est une victime agrégée à d’autres victimes : sexuelles, genrées, religieuses,  issues des handicaps…etc. Quelques part, la victime s’estime l’être d’une colonisation autant physique que sociologique ou mentale : par exemple, domination de l’homme sur le femme. Dans l’espace euro-américain, colonisé et victime se lient pour annoncer le débat celui de la décolonisation totale des esprits, des identités (nationale, séparatiste, individuelle) ouvrant une boîte de pandore ou un tonneau des danaïdes avec qui sait en ligne de mire, décoloniser l’Homme.

 

 

Jean Vinatier

Seriatim 2020

Aucun commentaire: