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mardi 27 octobre 2020

Macron et l’occasion turque N°4998 14e année

« We are one » c’est en anglais sous-titré en français que le Président de la République a fait connaître au monde que nous n’étions pas dans la division pour répondre aux propos de Recep Erdogan et au boycott de nos produits. Dans la journée, l’Elysée a publié une liste de messages de différents gouvernements européens que notre presse a présenté comme un front uni : pour l’heure ce ne sont que des mots, de même que du côté turc ! On est dans la surenchère d’épithètes ni plus, ni moins.

Cependant, cette atmosphère tweeto-belliqueuse constitue une occasion assez exceptionnelle pour l’actuel Chef de l’État ,s’il est bel et bien dans la volonté de stopper net les réseaux d’influence islamistes. Le gouvernement, d’un trait, pourrait abolir le statut d’imam débâché et ne reconnaître que ceux choisis et nommés par lui, plaçant, alors « le clergé » musulman sous son autorité. Pour aller plus loin, ce serait aussi mettre à plat toutes les structures censées représenter les musulmans de et en France qui, jusqu’alors, tenaient compte des souhaits de différents états et tâchaient de les équilibrer : Maroc, Algérie, Arabie Saoudite, Qatar, Turquie...etc.

L’exécutif ira-t-il sur cette voie parsemée d’embûches parce que la France mettrait les pieds dans une fourmilière ? Parce que l’Union européenne regimberait ? Parce que l’Allemagne craindrait dans ses correspondances turques ? Et ainsi de suite. Tout acte politique donc souverain a des conséquences : veut-on les assumer et , surtout, avoir de la constance dans sa fermeté ?

Une fois encore, l’extérieur souffle à l’intérieur de la France avec cet avantage considérable que nous ne sommes pas les agresseurs.

Le danger de cette situation tient aux fragilités des protagonistes français et turc : le premier s’imaginerait en duc d’Albe dans Lépante II, le second empêtré dans des mirages.

Les présidents français et turc sont tous les deux secoués par des agitations intérieures, des pertes de leadership, des problèmes économico-sociaux. Ankara s’agite sur tous les fronts depuis la Libye jusqu’à l’Azerbaïdjan et son chef court après un califat des sables. Ce qu’Erdogan ne saisit pas, c’est que les sultans ottomans eurent le califat parce qu’ils gouvernaient l’Asie orientale jusqu’au Yémen et aussi le Maghreb : ce califat là entérinait une suprématie impériale que l’on chercherait en vain avec l’actuel dirigeant turc. Quant à la France, elle essaie péniblement de revenir à la table orientale. Ainsi, le retour de Saad Hariri, symbole de la corruption et de l’ambition saoudienne, au Liban qui prétend suivre l’échéancier français est un trompe œil qui n’entrouvre pas le chemin de Damas….

Que dire d’autre, à part le fait que nous pataugeront dans les questions islamiques (et aussi migratoires) où Erdogan n’est qu’un élément parmi d’autres. Si la France a bien rappelé son ambassadeur, elle n’a pas déclaré non grata celui de Turquie à Paris…..Un signe ?



Jean Vinatier

Seriatim 2020

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