En 2011 le Conseil de Paris avait
rejeté la demande de Ian Brossat de donner à Paris une rue à Maximilien de Robespierre : Anne
Hidalgo estimait, quant à elle, qu’il n’y avait pas de consensus.
Cinq années plus tard, c’est
Danielle Simonnet (PG) qui renouvelle la demande avec de fortes chances de l’emporter,
la maire de Paris se voulant clivante.
Danton a bien une place et une
rue qui portent son nom alors même qu’il fut corrompu, laissa opérer les
massacres de septembre alors, pourquoi pas Robespierre qui dispose déjà d’une station
de métro ?
Maximilien de Robespierre est la
figure la plus symbolique de la Révolution française en ce sens qu’il en fut le
pédagogue et le théoricien le plus éminent. Sa personne, historiquement
attachée à la période de la Terreur dont le terme fut sa chute et son exécution,
en fait l’homme central de cette seconde période de la Révolution : la
première allant de 1789 à 1791/92 où les
élites du royaume tentèrent d’établir une monarchie constitutionnelle, leur
échec précipitant l’entrée de la seconde avec, cette fois-ci le peuple français.
La constitution de 1793, jamais appliquée, leur était dédiée. Robespierre,
homme intègre, froid, sans sexualité apparente, acète dans les événements, à l’inverse
de Saint-Just, mal à l’aise dans la mise en place de la politique de la Terreur
par le sang coulé mais dans le même temps, acteur politique, au sein du Comité
de Salut publique qui enclencha toutes les mesures les plus terribles au point
que Prairial de l’an II restera certainement dans l’Histoire de France comme le
moment le plus horrible.
L’Incorruptible éliminant Danton,
Hébert et les siens, les girondins, l’Incorruptible plus déiste que laïc créateur
de cet Être suprême dont l’apothéose annonça sa fin, l’Incorruptible ne cessant
jamais de découvrir un adversaire des idéaux qu’il portait si haut, l’Incorruptible
qui effraya une convention apeurée à l’idée, à son tour, après avoir tant
condamnée, de l’être à son tour. Et il est vrai que Maximilien de Robespierre
chutera suite à une conjuration dite des Thermidoriens dont les têtes
agissantes étaient des assassins, des concussionnaires.
Robespierre gêne l’historiographie
parce qu’il fut un théoricien dont les idées allaient bien au-delà de la révolution
bourgeoise libérale de 1789. Le Tiers Etat usa du peuple pour forcer la main à
Louis XVI afin qu’il se rendit à toutes leurs exigences en manière de partage
de pouvoir. Hors cette bourgeoisie matinée d’aristocratie ne sut pas poser les
limites, le Roi ne sachant pas davantage
être le monarque de cette révolution-là qu’il avait, pourtant appelé de ses vœux
en soutenant, Calonne et son programme, au moment de l’Assemblée des notables
en 1787. Poussant plus loin, la révolution de 1789 a craint ce qu’elle
enclenchait mais ouvrit les écluses de celles et deux qui, nourris aux idées
des Lumières et de Rousseau en particulier, voulurent que leurs utopies
devinssent des réalités, que leurs absolus philosophiques devinssent le
quotidien du peuple : mais change-t-on un pays en quelques mois ?
La révolution a broyé ceux qui la
mirent au monde, Robespierre a ce paradoxe d’être, en même temps, un vrai
révolutionnaire théoricien et un conservateur l’Être suprême étant l’exemple.
Pour en venir à nos jours,
Robespierre a-t-il sa place dans le Paris de 2016 ? Un Paris où la
politique municipale consiste à vider la ville-capitale de tout ce qui a trait
au roman national pour laisser la place à une sorte de Disneyland entre bobos, touristes
et événements festifs ? Où serait donc la place de Robespierre dans ce
Paris-là ? Ne serait-ce pas faire injure à l’Incorruptible que de n’être
qu’une figure de Paris-Plage ? Est-il encore temps de lui donner une rue ?
Sources :
En 2011 rejet de la demande de Ian Brossat
Appel relayé par l’Humanité
L’auteure de la demande :
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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