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vendredi 23 novembre 2018

« Les pays du Golfe et la Turquie s’affrontent en Afrique par Gérard Prunier » N°4583 12e année


« Une dangereuse montée des tensions · Une des victimes méconnue des rivalités entre l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar et la Turquie (sans même parler de l’Iran) est le continent africain où ces pays s’affrontent à coup de dollars.
Le 24 octobre 2018, lors du « Davos du désert » que l’affaire Khashoggi avait largement torpillé, le premier ministre éthiopien a chaleureusement serré la main du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman au moment où de telles marques de sympathie étaient rares. Quinze jours plus tôt, c’était son allié émirati qui inaugurait les travaux de réfection du port de Berbera au Somaliland, pays sans existence légale internationalement reconnue et donc sans siège à l’ONU. Pour se « couvrir » diplomatiquement, Abou Dhabi n’avait envoyé pour l’ouverture du chantier que Sultan Ben Suleiman, PDG de DP World, la compagnie para-étatique de Dubaï, ce qui représentait un investissement, mais pas une forme de reconnaissance. Que conclure de ces deux gestes ? Que les querelles du monde arabe/musulman se répercutent au-delà du monde arabe, dans toute l’Afrique.
La crise qui s’est ouverte le 5 juin 2017 entre l’Arabie saoudite et ses alliés d’une part, le Qatar et ses amis de l’autre a toujours été vue comme une fêlure du monde arabo-musulman. Pour cette puissance énorme mais friable qu’est l’Arabie saoudite, les « printemps arabes » avaient été un avertissement menaçant. Comme en son temps le socialisme nassérien puis la révolution religieuse khomeiniste, l’islam révolutionnaire et la démocratie libérale désormais en compétition dans le monde musulman depuis 2011 constituaient des menaces pour le pouvoir théologique conservateur saoudien sunnite installé sur une assise tribale qui avait claniquement annexé sa propre version de l’intégrisme sunnite salafiste. Pourtant, ni le Qatar ni ses alliés de facto turc et iranien n’avaient la même lecture des événements et leur rivalité avec Riyad, en partie idéologique allait évoluer en une rivalité géopolitique dans laquelle des portions croissantes de l’Afrique allaient se trouver impliquées.
Premiers touchés, les deux Soudan »
La suite ci-dessous :


Jean Vinatier
Seriatim 2018

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