Info

Nouvelle adresse Seriatim
@seriatimfr
jeanvin22@gmail.com



lundi 12 juillet 2021

Cuba : vers une révolution orange ? N°5760 15e année

 Le long espace qui va du Chili à Cuba, de l’Amérique Latine aux Caraïbes, s’agite différemment. D’abord au Chili qui s’attèle à la rédaction d’une constituante où les partis politiques ne tiendront qu’un rôle très secondaire. Il ne pleut plus sur Santiago, il y fait soleil. Le seul pays qui a surfé sur la vague des Gilets jaunes et qui a su passer aux questions institutionnelles malgré une première répression : un mouvement possible car une large part de l’élite chilienne a compris l’intérêt de soutenir cette colère. Par de futures nouvelles institutions, la grande bourgeoisie chilienne sera oie blanche. Cette observation notée, ce qui se déroule dans ce pays andin est assez exceptionnel et inédit.

Plus haut la Colombie et le Venezuela, ce sont les tirs de la police contre les manifestants qui font la  Une des médias sauf en Europe. Il est difficile aux presses européennes de dénoncer l’action répressive vénézuélienne de Maduro quand le colombien Duque fait de même : celui-ci étant du bon côté de la barrière, libéral, pro-américain et tout ce qui va avec, on a des yeux de Chimène pour sa mitrailleuse !

Abordant la mer des Caraïbes, Haïti revient sur le devant de la scène après l’exécution du Président du pays le plus gangréné et le plus pauvre au monde. Les mercenaires arrêtés (sud-américains et nord-américains) l’on ne sait toujours pas le pourquoi de ce contrat contre Jovanel Moïse ?

Et puis, on arrive à Cuba où les manifestations spontanées contre le régime éclosent principalement dans la capitale. Ces « révolutionnaires désorientés » comme le pouvoir les qualifie montre, cependant, que Gerardo Peňalver usent de ces termes indiquent la crainte de développements contestataires plus larges.

L’île est dans la misère parce que les États-Unis maintiennent un blocus (avec des variantes sous Obama) ignominieux qui n’exempte en rien les carences du régime cubain qui ne bénéficie plus depuis la fin de l’Union soviétique d’un appui extérieur solide.

Tous ces événements américano-caraïbéens sont dans une zone d’exclusive américaine : vielle politique états-unienne depuis Monroe jusqu’au corollaire Roosevelt de 1903 : la mise hors d’action du continent européen est un fait établi. Avez-vous entendu l’Élysée sur le drame à Haïti, île francophone ? Non. S’il est une aire où les États-Unis peuvent agir comme bon leur semble ce sont bien les Caraïbes. Ainsi, si Joe Biden optait pour une révolution orange cubaine, il le ferait, sans doute, pour conforter son camp des démocraties contre la Chine communiste : quelle meilleure vitrine, qu’une île se libérant de chaînes…mises en place autant par Fidel Castro que par les Américains ! En cela, la destinée de Cuba est assez dramatique. Objet de répressions féroces par les Espagnols tout au long du XIXe siècle au point que la guerre de 1898 y fut regardée comme libératrice avant que petit à petit cette île ne se réduise à être une arrière-cour des mafias et d’américains alcooliques. Les élites cubaines virent leur espoir réformateur se briser dans les années 1950 quand Washington s’ingénia à éliminer tout candidat (Eduardo Chibás, président suicidé ?) laissant un Fulgence Batista devenir un général Alcazar (1940/44, 1952/59)

Cette chasse-gardée américaine ne brilla pas par son excellence, c’est peu de le dire. Mais effectivement avec la mauvaise gestion du Covid, le terreau de la lassitude des Cubains de souffrir après avoir connu dans les années 60 et suivantes un progrès incontestable en matière d’éducation, de médecine, de mesures sociales. Quoique l’on pense de Fidel Castro, il y a bien eu un mirage socialo-marxiste à la sauce cubaine. Incontestablement, les États-Unis ont une responsabilité écrasante à la fois dans ce que devint le régime castriste (baie des Cochons) que dans la situation présente. Si Barack Obama avait prudemment entrouvert les grilles, Donald Trump les referma pour des raisons électorales (Floride). Peut-être y aurait-il un intérêt géopolitique américain, dans le cadre du combat contre la Chine, à opérer une révolution orange avec cette conséquence éventuelle d’encourager, notamment, les Russes à augmenter leur pression respective sur l’Ukraine et la Biélorussie que Moscou regarde comme de son aire historique. Ensuite, où est l’opposition cubaine crédible ? La tentation est grande d’en fabriquer une avec son leader……

De ces bouillonnements, notons que le monde global trouve des limites car tout étant de plus en plus interdépendant, si l’on bouge un point c’est toute la chaîne qui s’ébranle !

A suivre les potentiels développements !

 

Jean Vinatier

Seriatim 2021

 

 

Aucun commentaire: