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mardi 27 juillet 2021

Tunisie. Un « moment césariste » sans César par Thierry Brésilion N°5671 15e année

 « Un spectre hante la Tunisie, celui du césarisme. Le scénario d’un leader fort surgissant pour remettre de l’ordre dans un État en déroute, qu’il soit désiré ou redouté revient régulièrement dans les conversations politiques en Tunisie. Depuis la chute de Zine El-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, beaucoup restent orphelins de la figure du père tutélaire, de l’homme à poigne, du chef visionnaire, en un mot du zaïm à la manière de Habib Bourguiba dont Ben Ali avait été un avatar quelque peu dévoyé. Mais depuis quelques mois, les éléments d’une crise multidimensionnelle s’accumulent et la dramatisation convoque de plus en plus explicitement l’hypothèse césariste.

Le mur de la dette

Amorcée depuis la mi-mai, la quatrième vague de coronavirus submerge un système de santé exsangue et l’été s’annonce meurtrier. L’imprévoyance de l’État, son impuissance à faire exécuter des décisions improvisées dans une société fracturée et le délabrement des services publics sont exposés au grand jour.

La Tunisie encaisse ce choc au moment même où, après une décennie de dégradation financière, elle se heurte au mur de la dette. Le poids de la dette publique PIB est passé de 45 % du PIB en 2010 aux alentours de 100 % actuellement. Le pays est en train de négocier son quatrième emprunt auprès du FMI. L’économie semble coincée dans un entre-deux mortifère : ni réforme libérale, ni modèle économique alternatif, mais la longue agonie d’un cycle insoutenable : l’État n’a plus les moyens désormais d’acheter la paix sociale et la rente démocratique auprès des partenaires étrangers s’épuise. La note souveraine de la Tunisie a été dégradée de huit échelons depuis dix ans et l’agence Moody’s l’a évaluée en février à B3 avec une perspective négative, tout comme Fitch le 8 juillet, soit le dernier stade avant le défaut de paiement.

Or, cet été 2021, la Tunisie doit honorer deux échéances de 500 millions de dollars chacune, pour rembourser un emprunt obligataire. Elle cherche encore les 12 milliards de dinars (3,6 milliards d’euros) nécessaires pour faire face à ces échéances et payer les salaires pour les trois prochains mois. Elle échappera probablement au défaut de paiement et au passage devant le Club de Paris pour un rééchelonnement de sa dette, autrement dit à une mise sous tutelle internationale, mais au prix d’un endettement accru et d’un assèchement de ses ressources. Et pour combien de temps encore ?

Guerre de position et crise d’hégémonie »

La suite ci-dessous :

https://orientxxi.info/magazine/tunisie-un-moment-cesariste-sans-cesar,4906

Jean Vinatier

Seriatim 2021

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