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lundi 29 juin 2015

« Turkish Stream : la bataille ne fait que commencer par Céline Bayou » N°3166 9e année



« Analyste-rédactrice à la Documentation française (revue Questions internationales et site P@ges Europe), Co-rédactrice en chef du site Regard sur l’Est, chargée de cours à l’INALCO et membre du CREE (Centre de recherches Europes-Eurasie, INALCO). »

« Voici une remarquable lecture géopolitique des jeux et enjeux autour des gazoducs à destination de l’Union européenne. C. Bayou – qui suit le dossier depuis longtemps – précise et actualise notre compréhension de ce sujet déterminant. Un texte de référence, à la fois documenté, lucide et clairement rédigé. Illustré d’une carte.

DEPUIS QUELQUES ANNEES, le projet de Corridor Sud et ses concurrents russes focalisent l’attention d’acteurs qui envisagent de faire transiter du gaz par la région de la mer Noire et l’Europe du Sud-Est, puis de l’acheminer vers les marchés d’Europe de l’Ouest [1]. Quelle que soit la voie envisagée, via la Turquie ou via la mer Noire, celle-ci atteste la montée en puissance de cette zone en passe de devenir un nouveau pont gazier entre producteurs (russe, azerbaïdjanais, turkmène, iranien, irakien…) et consommateurs européens. Pour les pays d’Europe du Sud-Est, l’enjeu est d’importance, chacun ayant intérêt à voir passer le futur tube sur son territoire. La situation de la plupart de ces États en matière d’approvisionnement énergétique est en effet loin d’être confortable, ce qu’illustrent par exemple les protestations répétées des populations (Albanie, Bulgarie, etc.), mécontentes du montant de leur facture énergétique ; mais également la crise du gaz russo-ukrainienne de janvier 2009, lorsque la Russie a coupé pendant quelques jours les livraisons transitant par le territoire ukrainien, privant momentanément de gaz quelques pays, parmi lesquels la Serbie, la Croatie, la Macédoine, la Bulgarie et la Grèce. Mais le passage d’un tube sur un territoire, outre qu’il assure au pays concerné un approvisionnement a priori stable et régulier, comporte aussi une dimension géopolitique : il fournit au pays concerné des recettes de transit et lui confère un pouvoir de négociation certain à l’égard de ses voisins, surtout si des branches partant de ce gazoduc sont envisagées.
C’est ainsi que l’annonce, le 1er décembre 2014, par le Président russe Vladimir Poutine de l’abandon du projet South Stream au profit d’un possible Turkish Stream, a fait l’effet d’un véritable coup de théâtre, mais pas seulement pour l’Union européenne [2]. Les pays d’Europe du Sud-Est ont immédiatement compris la portée de ce changement. Leur réaction depuis met en lumière la posture de chacun et les rivalités à l’œuvre dans la région pour la récupération du gaz. De fait, après avoir été longtemps spectateurs de la relation gazière entre Union européenne (UE) et Russie, la plupart des États de la région tentent désormais de devenir de véritables acteurs des recompositions en cours. Avec l’abandon du South Stream, certains d’entre eux semblent avoir perdu une bataille, tandis que d’autres, marginalisés jusqu’alors, se trouvent brutalement projetés sur le terrain du transit. Tous tentent de tirer leur épingle de ce jeu.
[….]
La suite ci-dessous :

Vidéo d’Alexis-Gilles Troude : Actualité balkanique


 




Actualité balkanique, par Alexis Troude par realpolitiktv



Jean Vinatier
SERIATIM 2015

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