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lundi 16 juin 2008

Afghanistan : charité bien ordonnée…. N°227 - 1ere année

Le 12 juin, Paris a organisé une énième conférence internationale autour de l’avenir démocratique de l’Afghanistan ; étaient présents 80 délégations et 65 Etats. Comme par miracle, 20 milliards de dollars furent accordés au gouvernement fantoche d’Hamid Karzaï.
La France a tenu (ses caisses étant vides) à doubler son aide financière ce qui est logique à la veille du départ de nos troupes d’élites dans ce pays.
Depuis que le Président Karzaï est en place(2002), le monde a consacré plus d’une centaine de milliards en Afghanistan alors que les talibans et les seigneurs de guerre règnent paisiblement sur tout le territoire. Samedi, ces mêmes talibans réussissaient la prise de la prison de Kandahar située à quelques kilomètres de la grande base otanienne, et délivraient plus de mille hommes dont presque la moitié sont des combattants. C’était là une réponse à l’angélisme que les dirigeants du monde atlantique livrent à leurs populations depuis que la guerre contre le terrorisme est déclarée. Ces dizaines de milliards de dollars jetés dans un tonneau sans fonds tel celui des Danaïdes doit justifier le discours officiel des pays donateurs sous la férule américaine (et anglaise). Or, tout l'Afghanistan est un échec : la guerre contre les talibans autant que celle menée contre les producteurs de pavot. Le Président Hamid Karzaï protège son frère, Ahmed Wali Karzaï, un des piliers du trafic de drogue, et jusqu’ici a empêché toute action internationale contre lui. Les soldats de l’OTAN ont l’ordre de ne pas détruire les champs de pavot et se gardent bien d’investir les palais forteresses des trafiquants dans Kandahar. Nous avons donc ce cas unique de pays donateurs qui ne répugnent absolument pas à aider un narco-état ! D’où l’interrogation suivante, la guerre contre le terrorisme vaut-elle tous ces milliards ? N’oublions pas que nous sommes (et plus depuis que la France se range sous pavillon états-unien) dans une logique de confrontation Atlantique contre Asie. Nous sommes également embarqués dans une campagne d’extension maximale de la démocratie (selon nos critères) depuis l’Union européenne jusqu’aux rives du Pacifique en passant par l’Orient et l’Hindou Kusch. Et bien évidemment, derrière toutes ces ambitions il y a la sécurisation des sources et des routes énergétiques et de circonvenir la Chine. L’Union européenne via l’OTAN s’implique de plus en plus dans cette guerre contre le terrorisme sans être convaincue de sa justification. La France a voulu jouer un rôle de recruteur pour cette guerre située en Afghanistan mais, il n’est pas sûr qu’elle parviendrait à dynamiser l’ardeur belliciste européenne au vu du désastre mésopotamien.
Où vont tous ces milliards ? Là aussi le secret demeure tout comme en Mésopotamie où des milliards de dollars ont purement et simplement disparu…..dans des poches , pour l’heure, mystérieuses.
On s’étonne que lorsque les dons arrivent sur place, ils ont, par exemple, pour premier objet de construire des universités et des écoles privés. Ainsi, en 2006, Mme Bush promettait-elle 17 millions de dollars pour l’éducation des Afghans. Et c’est une université américaine privée, construite par le corps du génie militaire américain qui surgit du sol. Idem pour la construction de routes dont l’exploitation est rentabilisée par les péages que doivent acquitter…les Afghans. Dans le secteur de la santé, c’est le même scénario. En un mot, l’aide étrangère se rembourse sur le dos de la population : drôle de don !
Ces milliards servent-ils l’industrie et le commerce afghans ? Là aussi la surprise est grande de constater que les pays donateurs ne n’engagent absolument pas à acheter des produits afghans mais, exigent, au contraire, pour certains d’entre eux, (c’est le cas américain) que le gouvernement afghan achète des biens étrangers. Les milliards serviraient-ils seulement à des fins privées ?
Si l’on comprend que l’enjeu pour les puissances présentes en Afghanistan est d’avoir leurs opinions publiques avec elles, il est regrettable que les médias (presse écrite, télévision) enquêtent aussi peu sur la destination et l’utilisation des sommes « données » au gouvernement afghan ! Regrettable également qu’aucune structure internationale ne contrôle le circuit de cet argent !
Le don est, visiblement, un bon business et justifie la légitimité des opérations militaires sans durée de temps.
Il n’est guère étonnant que les Afghans ne comprennent toujours pas la présence étrangère, leur vie quotidienne ne s’améliorant pas.


©Jean Vinatier 2008

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