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vendredi 13 juin 2008

Vent froid d’Irlande sur l’Union européenne N°226 - 1ere année

Le rejet(53,5%) par les citoyens irlandais du traité de Lisbonne confirme toutes les craintes de ceux qui sont depuis toujours hostiles à la consultation des peuples sur des sujets aussi capitaux que celui-ci.
Ce vote Irlandais venge les voix bafouées des citoyens français et néerlandais exprimées en mai et juin 2005 à une écrasante majorité contre le projet de constitution européenne. En 2007, la rédaction à la va-vite du traité de Lisbonne sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy qui passait par-dessus le vote du peuple français (peuple souverain) a choqué les gens respectueux du résultat du référendum.
Pourquoi l’Irlande vote-t-elle Non ? N’est-elle pas l’un des pays qui a le plus bénéficié avec l’Espagne des subventions européennes ? N’a-t-elle pas connu la plus forte progression économique de toute l’Union ?Le miracle irlandais conduisait logiquement vers une acceptation du traité de Lisbonne ?
Pourquoi les partisans irlandais du traité de Lisbonne ne se sont pas mobilisés et n’ont pas fait une campagne puissante ? La participation est faible ; plus de « nonistes » se sont rendus aux urnes. Qu’est-ce qui a découragé les « ouiistes » ? C’est là la véritable interrogation. La capitale, Dublin, ne surprend-t-elle pas en se portant massivement dans le camp « noniste » ?
Le traité de Lisbonne ne pouvant pas s’appliquer officiellement, on appréhende un effet boomerang. On craint que le Premier ministre anglais, Gordon Brown, pourtant engagé à faire ratifier ledit traité par la voie parlementaire mais en chute libre dans les sondages ne puisse plus résister à la pression des conservateurs et d’une partie des travaillistes qui veulent le référendum. Le Président Tchèque, Vaclav Klaus, adversaire notoire du traité de Lisbonne et qui succédera à la France pour la présidence de l’Union ne manquera pas d’agir. Les pays nordiques pourraient également se placer en retrait. La première riposte viendrait du couple franco-allemand, dit-on ! Mais c’est un couple qui tient plus par gesticulations que par entente profonde et constructive.
L’idée court, bien sûr, de faire revoter les Irlandais comme en 2001, à la condition d’inclure des clauses si particulières que toute l’Europe des 27 demanderait à en bénéficier. L’une des clauses serait de garantir la neutralité irlandaise. Si le projet de défense européenne qu’a concocté Nicolas Sarkozy obligerait les 27 à revoir leur budget de dépenses militaires à la hausse, il prévoirait, également, une participation aux opérations militaires. Or, Dublin tient totalement à sa neutralité. Paris jure qu’il n’en est rien. Mais quand on voit la façon imprudente dont le Président Sarkozy lance les soldats français en Afghanistan on ne peut qu’abonder dans les réticences irlandaises.
Le 1er juillet la France prendra la présidence de l’Union européenne pour une durée de six mois. Nicolas Sarkozy aura deux fardeaux sur les épaules, le non des Irlandais et le non du dirigeant libyen à l’Union pour la Méditerranée. Le vent d’Irlande va balayer l’Europe et celui de Libye et d’autres Etats arabes et turc la Méditerranée.
Pour Nicolas Sarkozy ce « non » est en quelque sorte son échec même si l’ancien député européen Jean-Louis Bourlanges affirmait que la France a réussi son retour dans l’Union européenne. Mais c’est l’Allemagne qui jouera, sans nul doute, un rôle très puissant, en coulisse. Berlin se frotte les mains !
Les mois à venir seront très durs pour l’Union européenne ainsi que pour la France qui a offert le spectacle du désordre et de la division. Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas joué la carte anglaise contre l’allemande ? La chancelière Merkel est, dit-on incontournable ? Elle sera, surtout, intransigeante.

©Jean Vinatier 2008

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