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mercredi 25 juin 2008

Sarkozy :un Président et un homme en Israël N°234 - 1ere année

Au terme de la première année de son quinquennat Nicolas Sarkozy a effectué le deuxième voyage le plus essentiel à ses yeux. Après les Etats-Unis, le déplacement en Israël constituait le plus important au nom de la mémoire que Nicolas Sarkozy, idéalement, garde de son grand-père, rabbin à Salonique. Si l’on s’étonne qu’il n’ait pas fait le déplacement dans ce pays avant son élection, la réponse pourrait être qu’il voulait avoir réussi, atteint son but pour mettre les pieds sur une terre orientale qu’il juge un peu partie de lui-même.
Evidemment, le Président de la République a pris le pas sur l’homme sans apporter beaucoup de nouveautés aux propos de ces prédécesseurs, Jacques Chirac et François Mitterrand. Le pouvait-il ? La tentation est grande parmi les présidents français de formuler les principes mais en Orient cette démarche n’atteint jamais personne : la dimension cosmique n’est pas la même et le peuple d’Israël étant forcément oriental, il est perméable au caractère dominant, ici, arabe, ni Shimon Pérès, ni Ehud Olmert ne l’avoueront, ni les Israéliens quoique…
Nicolas Sarkozy découvrait un pays sûr de son identité et de ses alliances stratégiques à maintenir, à entreprendre. Israël a-t-il encore besoin de l’Europe ? Il cherche davantage à ne pas perdre, par exemple, l’alliance turque et à développer ses relations avec l’Inde et la Chine, tout comme il se flatte d’avoir un bureau commercial prospère au Qatar.
Israël regarde devant, pas derrière. Si nous voulons compter dans cette région, ne faudrait-il pas avoir de solides partenaires stratégiques comme la Turquie ? Le Président français ne l’ignore pas quoiqu’il hésite quant à la manière dont il pourrait peser. En un mot, l’Etat israélien dit à l’Etat français, quel est votre rapport de force ? Le fondamental pour Tel-Aviv n’est pas de nous savoir pro-israélien ou pro-arabe mais de pouvoir définir notre investissement stratégique pour les décennies à venir. Israël conditionne son futur à sa capacité d’action dans le monde multipolaire d’où l’importance accordée au pragmatisme et à la vision.
Pendant ce voyage officiel, les discours de Nicolas Sarkozy s’ils ne franchirent jamais la frontière du convenu, il y eut des termes forts. Le retour de la France dans le jeu oriental se faisant, malgré tout, sous l’observation des Etats-Unis, les audaces présidentielles françaises trouvaient ipso facto leurs limites.
Cependant, il aurait pu, afin de se démarquer, proposer l’entrée d’Israël dans les structures de la francophonie. Oublierait-on qu’un grand nombre d’universitaires et citoyens sont francophones ? L’opposition des pays arabes est un argument qui ne tient pas au vu du peu de francophones dans la péninsule arabique et de leur parcimonie à apporter leur contribution à l’Institut du monde arabe à Paris. L’Italie cultive des liens en parfaite égalité avec Israël et les pays arabes sans que son prestige en subisse le contre-coup.
A l’égard des Palestiniens, il fit preuve d’une retenue plus grande en préférant rencontrer le Président Abbas à Bethléem plutôt qu’à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne. Il crut nécessaire de rappeler sa détestation du Hamas alors que les Palestiniens lui ont donné la victoire démocratique aux législatives. Par son attitude Nicolas Sarkozy rappelait qu’il était essentiellement en visite en Israël puis en simple déplacement auprès de l’Autorité palestinienne. C’est sans doute une faute alors qu’il cherche à réunir le plus grand nombre d’Etats à Paris le 13 juillet pour lancer l’Union pour la Méditerranée. Si la présence européenne ne fait guère de doute, les pays de la rive sud et sud-est sont beaucoup plus difficiles à convaincre. On a vu la position négative de la Libye, celle de l’Algérie ne donna pas beaucoup d’espoir à François Fillon lors de sa venue. Si réunir à une même table Israël et la Méditerranée de confession musulmane est un rêve pour Paris, peut-être vaudrait-il mieux lancer cette Union avec ceux qui la veulent et faire avec. Quel intérêt de forcer tout le monde à être là si plus de la moitié des présents ne songe qu’à quitter les lieux ?
Pour conclure, disons que l’homme Sarkozy a accompli en quelque sorte son « alyah » et que le Président Sarkozy parce que prudent, ne pouvait ni convaincre, ni décevoir les interlocuteurs de l’Etat israélien.


©Jean Vinatier 2008

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