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mercredi 4 juin 2008

Albert Einstein et les Humanités N°219 - 1ere année

Quelques courts textes d’Albert Einstein à propos des Humanités et de l’école écrits dans les années 1930 .Ils ne manquent pas d'intérêt et auraient pu figurer, pourquoi pas, dans le film lauréat du festival de Cannes 2008, Entre les murs.

Extraits :

« Education pour une pensée libre

Il ne suffit pas d’apprendre à l’homme une spécialité. Car il devient ainsi une machine utilisable mais non une personnalité. Il importe qu’il acquière un sentiment, un sens pratique de ce qui vaut la peine d’être entrepris, de ce qui est beau, de ce qui est moralement droit. Sinon, il ressemble davantage, avec ses connaissances professionnelles, à un chien savant qu’à une créature harmonieusement développée. Il doit apprendre à comprendre les motivations des hommes, leurs chimères et leurs angoisses pour déterminer son rôle exact vis-à-vis des proches et de la communauté.Ces réflexions essentielles livrées à la jeune génération, grâce aux contacts vivants avec les professeurs, ne s’écrivent absolument pas dans les manuels. Ainsi s’exprime et se forme d’abord toute culture. Quand je conseille ardemment « Les Humanités » c’est cette culture vivante que je recommande, et non pas un savoir desséché, surtout en histoire et en philosophie.
Les excès du système de compétition et de spécialisation prématurée sous le fallacieux prétexte d’efficacité, assassinent l’esprit, interdisent toute vie culturelle et suppriment même les progrès dans les sciences d’avenir. Il importe enfin, pour la réalisation d’une parfaite éducation, de développer l’esprit critique dans l’intelligence du jeune homme. Or la surcharge de l’esprit, par le système de notes, entrave et transforme nécessairement la recherche en superficialité et absence de culture. L’enseignement devrait être ainsi : celui qui le reçoit le recueille comme un don inestimable mais jamais comme une contrainte pénible. »

« Une allocution à des enfants

C’est le rôle essentiel du professeur d’éveiller la joie de travailler et de connaître. Chers enfants je me réjouis de vous voir aujourd’hui devant moi, jeunesse joyeuse d’un pays ensoleillé et béni.
Songez que toutes les merveilles, objets de vos études, expriment l’œuvre de plusieurs générations, une œuvre collective exigeant de tous un effort enthousiaste et une peine certaine. Tout cela dans vos mains, devient un héritage. Vous le recevez, vous le respectez, vous l’accroissez et plus tard, vous le transmettrez fidèlement à votre descendance. Nous sommes ainsi des mortels immortels parce que nous créons ensemble des œuvres qui nous survivent.
Si vous réfléchissez sérieusement, vous trouverez alors un sens à la vie et à son progrès. Et votre jugement sur les autres hommes et les autres époques s’affirmera plus vrai. »

« Aux écoliers japonais

Je vous adresse mes salutations à vous, écoliers japonais, car j’ai des raisons particulières pour le faire. En effet, j’ai visité moi-même votre beau pays, ses villes, ses maisons, ses montagnes et forêts et j’y ai vu les enfants japonais y découvrir l’amour de la patrie. J’ai toujours sur ma table un gros livre rempli de dessins coloriés par vous.
Quand vous recevrez cette lointaine lettre, méditez simplement cette idée. Notre époque permet à des hommes de différents pays la collaboration dans un esprit fraternel et compréhensif. Jadis les peuples vivaient dans une incompréhension réciproque, ils se redoutaient, ou même se haïssaient. Que ce sentiment de compréhension fraternelle prenne de plus en plus racine dans les peuples ! Moi, l’ancien, et de très loin, je salue les écoliers japonais : puisse votre génération nous faire un jour honte ! »

©Jean Vinatier 2008

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Source :

Albert Einstein : Comment je vois le monde, Paris, Flammarion, 1979, pp. 25,26, 27, 28

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