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mercredi 18 décembre 2019

Autour d’une retraite N°4769 13e année


Afin de décourager les Français dans leurs revendications et mécontentements, les médias procèdent en deux temps : le premier jour de la manifestation, ils prennent au sérieux le nombre de manifestants revendiqués par les syndicats,  la seconde fois et ainsi de suite, ce sont les chiffres de la préfecture qui deviennent la vraie source. C’est de cette manière que le pouvoir et leurs courroies médiatiques firent pour décrédibiliser les Gilets jaunes. Il n’est donc guère étonnant que cela soit ainsi pour la contestation du nouveau régime des retraites, un régime rédigé et pensé par un homme aux mandats infinis, Jean-Paul Delevoye, tout à fait à l’écoute des compagnies d’assurances. Les médias montent à l’assaut, louangeurs de cette contre-réforme, le gouvernement, pour une fois ne trainant pas à trouver un successeur, Laurent Pietraszweski, au démissionnaire.
L’épreuve de force continue en dépit des divisions parmi les centrales syndicales qui n’ont pas anticipé le cas de « Noël » : empêcher les Français d’aller dans leurs familles serait selon le gouvernement le plus sûr moyen d’ôter toute popularité au mouvement. Le gouvernement mise sur l’effilochage des critiques pour éteindre l’incendie catégorie par catégorie soit en maintenant des régimes spéciaux avec d’autres appellations soit s’y refusant : l’universalité, qui n’en sera pas une, sera tout de même affichée et fouette cocher.
Les notes blanches soulignent chaque matin la permanence des courroux, des rancœurs, l’Elysée n’y voit pas l’ombre d’un potentiel programme alternatif à sa politique et sait sa base électorale solide et consciente du poids de son vote.
Au-delà des observations que l’on peut faire, il y a tout de même une tristesse à voir une population descendre dans la rue pour la retraite. La retraite est-elle  l’avenir ? Elle est une fin de vie garantie et pour laquelle les Français cotisent. La dynamique d’un pays peut-elle se mesurer à la retraite ? On préférerait grandement voir les forces vives s’emparer de l’espace public lesquelles sont logiquement l’avenir et qui par leurs fougues et énergies les communiqueraient à leurs propres parents. Les jeunes sont résignés : deux étudiants s’immolent, pas une université ne bouge, la trottinette a le pas sur la solidarité.
Hier soir, je vis passer pont de l’Alma, au milieu des sirènes des voitures de police, de motards, les blindés de la gendarmerie filant à toute allure vers des casernements : pas question de trainer bien que les gens ne songeassent pas leur jeter des pavés, ils marchaient pressés, repliés jetant un œil à gauche, à droite, car les nouvelles pistes cyclables à double voie sont un danger pour tout le monde : vélos, trottinettes, poussepousses, scooters tous fonçant comme si les uhlans étaient à leur trousse. J’étais parmi les dingues dans cet abandon ou mélancolie collectif et individuel : ironiquement même les gardes mobiles semblent foutre le camp !
Cette retraite générale a tout d’une pathologie aux sources plurielles.


Jean Vinatier
Seriatim 2019

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