A la treizième omission et avant
la quatorzième, Jean-Paul Delevoye a rendu son tablier de haut-commissaire aux
retraites, il est le 16e à quitter le gouvernement depuis le début
de la présidence d’Emmanuel Macron en mai 2017 : un record et plus encore
si l’on ajoute la liste de tous les députés LAREM inculpés et/ou devant la
justice. Le nouveau monde promis pour gommer le quinquennat de François
Hollande se corrompt plus vite que l’ancien causant des dommages considérables,
alimentant des ressentiments durables. Il ne faut donc pas s’étonner des attaques
dont les élus macroniens sont la cible.
Les syndicats saluant en Delevoye
« un homme de dialogue » sont habiles et cyniques. Le bruit court qu’entre
Edouard Philippe et le patron de la CFDT, il y aurait un projet d’accord pour
vendredi. L’opposition applaudit alors même que Les Républicains se gardent
bien de participer aux manifestations, une fois encore, ils sont pris la main
dans le sac.
La macronie perd en Jean-Paul
Delevoye un militant de la première heure laissant un exécutif les bras ballants.
Quelle que soit la dispute sur le nombre des manifestants demain, le seul
retrait du « point pivot » ne suffira pas à calmer la sourde et
profonde colère populaire : les Français ont compris que la retraite par
capitalisation est perdante pour tout le monde sauf pour les très hauts revenus.
Quid pour Emmanuel Macron détesté
ainsi que son épouse ? C’est tout de même une première dans toute l’histoire
de la République ! La difficulté pour l’exécutif n’est plus seulement dans
le retrait ou l’amendement total du projet que dans la gestion d’un couple présidentiel sans
doute applaudi dans un cercle opulent à Paris et conservant parmi les bourgeoisies
des villes métropolitaines, un soutien dépendant
des circonstances. C’est embêtant qu’un couple coalise contre lui autant d’objets,
En 1903 Alexandre Obrénovitch de Serbie et son épouse, la reine Draga,
perdirent tout!
L’obstination des Gilets jaunes
paie aujourd’hui : ils contraignent des syndicats à contester une contre-réforme
des retraites car leurs bases le sont. Plus le temps passe, plus la
sédimentation se fait, plus le courroux croit. Il arrivera un moment où même
les plus serviles des forces répressives n’opéreront plus.
La contre-réforme des retraites est,
à bien des égards, un arbre qui cache une forêt d’épines….
Jean Vinatier
Seriatim 2019
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