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jeudi 11 septembre 2008

Jacques Sapir : La guerre d’Ossétie du Sud : 2- « Une sale petite guerre » N°284 - 2eme année

« La guerre d’Ossétie du Sud a suscité quant à son déroulement, autant de commentaires que quant à son déclenchement. On peut la qualifier de « sale petite guerre » non seulement en raison des exactions qui furent commises, que ce soit par les troupes géorgiennes ou par certaines des troupes irrégulières Ossètes, mais surtout en raison de ses conséquences politiques. Au-delà des opérations militaires, la guerre d’Ossétie du Sud porte en elle le risque d’une dégradation de la situation internationale qui est sans commune mesure avec les enjeux réels du conflit.
La Russie a été accusée de mener une guerre d’agression, voire de conquête, contre la Géorgie. Les opérations menées par l’Armée Russe ont été comparées, d’abord par le Président George W. Bush puis par certains en France, à l’invasion de la Tchécoslovaquie par les forces du Pacte de Varsovie en 1968.
Ici encore, il est possible d’établir un certain nombre de faits. Le déroulement des opérations montre de manière évidente que les objectifs des forces russes étaient strictement limités à la sécurisation de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. Cependant, comme pour le déclenchement des combats, de nombreuses questions restent en suspens et des mystères entourent encore certaines phases du conflit.

(I)
Le contexte tactique des combats doit être rappelé. La zone des combats, pour l’essentiel Tskhinvali et ses environs, comprend la vallée de la Grande Liakhvi, une rivière qui coule nord-sud de Tskhinvali à Gori, villes séparées par environ 25 km, et les collines qui entourent la vallée. Le terrain devient rapidement escarpé et il faut attendre de s’approcher de Gori pour déboucher sur une véritable plaine. On est dans une région de collines, où le contrôle des crêtes est décisif. Les routes sont souvent mauvaises et les axes de manœuvre limités.

Les autorités d’Ossétie du Sud ne contrôlaient pas la totalité du territoire administratif de l’Ossétie du Sud. On a à l’est de Tskhinvali une imbrication de villages, certains sous contrôle ossète et d’autre sous contrôle géorgien. La route « normale » montant vers le nord étant sous le feu des positions géorgiennes, les ossètes ont élargi une route qui part de l’ouest de la ville et la contourne, avant de rejoindre la grande route montant vers la Russie et le tunnel de Roki à Didi Gupta. Le principal noeud routier est alors le bourg de Java (ou Dzhava), au nord-est de Didi Gupta.
Les forces géorgiennes contrôlaient aussi l’est de l’Ossétie du Sud, en particulier autour du bourg d’Akhalgori. Tskhinvali n’est pas seulement la capitale administrative de l’Ossétie du Sud, elle est la plus grande agglomération de la région, avec une population estimée à 30 000 habitants pour un total de 70 000.
Les principales bases géorgiennes sont dans la plaine, à Kareli et Gori, qui sont sur la grande route et la ligne de chemin de fer allant de Poti à Tbilissi. Des dépôts secondaires ont été constitués par les forces géorgiennes, entre le 5 et le 7 août, dans la plaine au nord de Gori pour assurer la logistique de l’attaque.

Depuis les combats de 1992-1993, les forces des deux parties sont souvent imbriquées et les incidents fréquents, à la fois pour des raisons de contrôle territorial, mais aussi en raison des activités de contrebande dans lesquelles on retrouve des groupes ossètes comme des groupes géorgiens. Certains incidents ont des causes purement « commerciales ».
La contrebande de carburant a été particulièrement active depuis le début 2007. La Géorgie étant un pays très pauvre qui n’a pas encore récupéré des troubles de la guerre civile de 1992-1994, la possibilité d’obtenir de l’essence ou du fioul de contrebande est un enjeu économique important. Au-delà des affrontements armés issus de l’opposition entre Ossètes et Géorgiens, certains combats apparaissent comme des règlements de compte autour de la contrebande des carburants.

(II) L’offensive géorgienne et la bataille d’arrêt des forces ossètes et russes.
Après de très nombreux incidents locaux depuis le 31 juillet 2008, les forces géorgiennes sont passées à l’offensive généralisée à partir du 7 août à 23h30 heure locale. Cette offensive débute par une très violente préparation d’artillerie qui vise non seulement les positions ossètes et les points de contrôle de la force russe sous mandat ONU dans les collines, mais aussi la ville de Tskhinvali et ses alentours immédiats. Les moyens d’artillerie de l’armée géorgienne au début du conflit sont les suivants
[1] :

66 obusiers de 122-mm D-30 tractés (portée 15 300m).
11 obusiers de 152-mm 2A65 tractés (portée 18 500m ou 24 000m avec obus à propulsion additionnelle).
20 obusiers automoteurs de 152-mm se répartissant en 13 engins 2S3 et 7 Vzor-77 DANA d’origine tchèque (portée identique aux obusiers tractés).
25 lance-roquettes multiples (MRL) avec pour chaque 40 tubes de 122-mm automoteurs dont 13 BM-21 et 6 RM-70 tchèques (portée 20 500 m ; cette arme a une puissance destructive comparable à un obus de 152-mm)
30 mortiers de 120-mm.

Les lance-roquettes multiples et les mortiers sont des armes de saturation, dont la précision est médiocre, mais le volume de feu extrêmement destructeur. Les obusiers de 152-mm sont des armes nettement plus précises et très puissantes, qui demandent un personnel expérimenté.

La préparation d’artillerie sur les positions militaires Ossètes va durer environ 2h30, alors qu’elle s’étendra jusqu’à l’aube sur la ville de Tskhinvali.
Les premières unités géorgiennes à attaquer sont des commandos et des unités d’infanterie qui vont progressivement chasser les forces ossètes des collines autour de Tskhinvali à l’ouest mais aussi au nord-est de la ville. Les autorités géorgiennes déclareront le 8 août à 04h45 que la ville de Tskhinvali est encerclée
[2], et l’attaque proprement dite de la ville commencera vers 05h30.

Les forces géorgiennes vont avancer sur deux axes, l’un Sud-Ouest / Nord-Est est sur la rive droite de la rivière et l’autre, essentiellement Nord / Sud est sur la rive gauche. On estime que les Géorgiens vont engager un bataillon de chars et trois bataillons d’infanterie mécanisée dans cette attaque en deux colonnes. Des témoignages, essentiellement collectés par la télévision russe
[3], font état de massacres de civils quand les deux colonnes entrent dans la ville. Les observateurs de l’OSCE admettent que les forces géorgiennes se sont rendues coupables de crimes de guerre à ce moment.
Des combats violents se dérouleront dans la partie sud de Tskhinvali, mais vers 13h00 les troupes géorgiennes auront atteint le siège du gouvernement Ossète, et elles brûleront le bâtiment. Les troupes géorgiennes vont continuer à progresser vers le nord, mais devront s’arrêter alors qu’elles ne contrôlent que les deux tiers de la ville.

Les pertes semblent avoir été lourdes durant les dix heures de combat. Les pertes géorgiennes concernent essentiellement des équipages de chars, dont les véhicules ont été détruits par des RPG ou des missiles anti-chars, et des soldats pris à partie par des tireurs d’élites
[4]. La violence des combats laisse à supposer que les troupes Ossètes, qui ont été rejointes par de nombreux jeunes de la ville[5], ont été épaulées par des troupes nettement plus expérimentées. On pense ici aux « reydoviki » russes dont on a signalé qu’ils étaient présents depuis le 6 août. Les troupes russes présentes à Tskhinvali au titre du mandat ONU ne semble pas avoir disposé d’un armement anti-char.
Compte tenu de la mission principale des « reydoviki », qui était de sécuriser le tunnel de Roki et la route descendant vers Java, on peut estimer à une compagnie au plus l’effectif de ces forces dans Tskhinvali le 8 août. Les pertes parmi les combattants Ossètes ont certainement été lourdes durant cette période de combat.

Les unités géorgiennes vont se retirer vers le sud à partir de 17h30 / 18h00, très certainement en raison des pertes subies dans la ville et probablement aussi du fait de l’épuisement de leurs munitions. Ossètes et Russes reprennent alors une partie du terrain perdu dans la journée.
La première phase de la bataille de Tskhinvali est une illustration classique d’une « bataille d’arrêt » livrée par une force inférieure en nombre et équipement dans le but de retarder l’adversaire et de gagner du temps.

La réaction russe a en effet commencé dès la matinée du 8 août. Alors que le Premier Ministre Vladimir Poutine va écourter son séjour à Beijing pour rentrer en Russie, le Président Medvedev a convoqué une réunion du Conseil de Sécurité Nationale. Dès les premières heures de la matinée, des unités blindées et mécanisées de la 58e Armée vont franchir le tunnel de Roki et se diriger vers le sud. Des avions russes vont commencer à bombarder les bases arrières des forces géorgiennes à partir de 10h30, essentiellement les dépôts de munitions et de carburant de Kareli et Gori.
On peut penser que les autorités russes ont activé au début du 8 août les plans de soutien à l’Ossétie et l’Abkhazie, qui avaient fait l’objet des manœuvres de juin et juillet 2008. Dès la mi-journée, l’aviation russe va établir sa supériorité au-dessus de la zone des combats, tandis que les avions de pénétration (les Su-24 « Fencer ») vont attaquer les bases aériennes géorgiennes de Vaziani et Marneuli près de Tbilissi pour interdire à l’aviation géorgienne toute capacité d’intervention. La rapidité de l’intervention aérienne russe et la nature des objectifs suggèrent fortement la mise en œuvre d’un plan de bombardement préparé à l’avance, ce qui est cohérent avec les manœuvres déjà évoquées et le degré de préparation russe face à une possible agression géorgienne contre l’Ossétie ou l’Abkhazie.

Les autorités géorgiennes ne prendront la mesure de la rapidité et de l’ampleur de la réaction russe que vers le milieu de la journée du 8 août. C’est à ce moment que les réserves géorgiennes commenceront à être mobilisées. Le gouvernement de Tbilissi décidera alors de rapatrier vers la Géorgie une partie de son contingent déployé en Irak et demandera l’aide américaine pour ce faire dans l’après-midi du 8.
En fin de journée localement, et en matinée à New York, la délégation Russe aux Nations Unies tentera de faire voter au Conseil de Sécurité une résolution appelant au cessez-le-feu. Cette résolution sera bloquée par les Etats-Unis.
En début de soirée, les avant-gardes russes feront leur jonction avec les défenseurs de Tskhinvali. Ces derniers ont ainsi gagné la « bataille d’arrêt » et la seconde phase de la guerre peut commencer.

(III) La contre-offensive russe.
Au fur et à mesure de leur arrivée sur le théâtre des opérations, les forces russes seront impliquées dans des combats violents, à Tskhinvali même et dans les collines. Les forces mécanisées russes recevront le soutien d’éléments de la 76e Division Parachutiste basée à Pskov, qui sera utilisée comme une infanterie légère dans les collines pour reprendre les crêtes saisies par les forces géorgiennes dans la nuit du 7 au 8. D’autres forces aéroportées seront déployées en Ossétie du Sud et en Abkhazie durant le 10 et le 11 août, dont la 98e Division Parachutiste.

L’aviation russe va maintenir ses bombardements sur les arrières des forces géorgiennes, attaquant spécifiquement l’artillerie, qui sera progressivement réduite au silence durant la journée du 9 août. Le dépôt de Gori sera à nouveau bombardé et l’explosion des munitions et des réserves de carburant sera très violente. Il semble que plus que les 3 bombes tombées à proximité, ce soit cette explosion qui ait provoqué les victimes civiles dans la barre d’immeubles de Gori montrée aux télévisions occidentales
[6].
L’aviation russe perdra deux avions dans la journée, un Su-25 d’appui, probablement détruit par des armes légères et un Tu-22M de reconnaissance à haute altitude détruit pas un missile
[7]. Ces pertes conduiront l’aviation russe a accroître ses attaques contre les moyens de défense aérienne de la Géorgie (radars et centres de commandement). Les radars de contrôle de l’espace aérien seront détruits les uns après les autres le 10 et le 11 août.

Les combats vont reprendre à terre avec violence en Ossétie, mais aussi en Abkhazie où s’ouvre un nouveau front à la surprise des Géorgiens.
En Ossétie du Sud, les forces géorgiennes vont tenter un ultime effort pour prendre Tskhinvali. Après s’être regroupées au nord de Gori et avoir reçu des renforts en chars et véhicules blindés, les forces Géorgiennes vont attaquer à nouveau et se heurter cette fois à des éléments blindés russes. Une très violente bataille se déroule dans la vallée et les faubourgs sud de Tskhinvali de 15h30 à tard dans la nuit avec de très lourdes pertes dans les unités géorgiennes (c’est à ce moment qu’ont été détruits la vingtaine de chars géorgiens montrés à la télévision russe. Les carcasses sont relativement proches les unes des autres ce qui suggère un engagement de chars au niveau du bataillon) mais aussi russes. Le commandant de la 58e Armée, le Général Khroulyov sera sérieusement blessé dimanche 10 août en début de matinée.
Les combats sur les crêtes vont aussi progressivement donner l’avantage aux forces russes. Au matin du 10 août, les forces géorgiennes situées sur l’axe Gori-Tskhinvali n’ont plus de capacités offensives et elles ont perdu les principales positions dominantes qu’elles avaient occupées dans les collines dans la nuit du 7 au 8. L’artillerie géorgienne a été presque totalement neutralisée.

Sur la côte Géorgienne et en Abkhazie, la contre-offensive Russo-Abkhaze a semble-t-il pris les forces géorgiennes par surprise. Les forces Abkhazes en ont profité pour reprendre les gorges de Kodori. L’aviation russe a attaqué des objectifs militaires dans le port de Poti et une escadre russe, commandée par le vieux croiseur porte-hélicoptères Moskva
[8], patrouille devant la côte, après avoir détruit une vedette lance-missiles géorgiennes. Des forces russes seront héliportées à Poti en fin de journée.

La combinaison des actions russes, sur terre, dans les airs, sur mer mais aussi dans le domaine de la guerre électronique
[9], vont conduire à un effondrement des forces géorgiennes à partir de la fin de matinée du 10 août.
Démoralisées par les pertes subies (qui ont affecté les unités les plus combatives par ailleurs), privées de soutien d’artillerie et soumis à des bombardements aériens constants ainsi qu’à un meurtrier tir de contrebatterie des l’artillerie russe, isolées de leur commandement en raison de l’effondrement du système de transmission, les troupes géorgiennes vont brutalement refluer vers le sud, parfois en cherchant à s’emparer de force de tous les véhicules disponibles. Avant de s’enfuir de la région de Tskhinvali les forces géorgiennes ont cependant détruit les canaux d’irrigation pour tenter de provoquer une inondation de la ville.
L’effondrement militaire qui se profile dès l’après-midi du dimanche a pour corollaire une panique politique. Les autorités géorgiennes annoncent à qui veut bien les entendre que les troupes russes vont prendre Tbilissi dans la nuit. L’ambassade US organise un convoi d’évacuation de ses ressortissants vers l’Arménie dans la soirée. La nuit du 10 au 11 août sera marquée par les plus folles rumeurs.
Chaque bruit d’hélicoptère au-dessus de Tbilissi est réputé annoncer l’arrivée des troupes aéroportées russes qui, dit-on, vont occuper les bâtiments officiels et se saisir du gouvernement. On annonce que les troupes russes sont à Gori et que la ville est en flammes (ce qui sera démenti par les journalistes occidentaux présents).

(IV) Exploitation.
À partir du 11 août au matin commence pour les forces russes l’exploitation de leur victoire. Il s’agit à la fois de s’assurer que les forces géorgiennes ont l’échine brisée mais aussi de constituer un périmètre de sécurité.
Dès la matinée du 11, les troupes débarquées à Poti avancent sur Senaki accompagnées par des troupes héliportées, où elles capturent une importante base militaire géorgienne, contrôlant ainsi la principale voie d’accès à la côte. Dans la plaine devant l’Ossétie du Sud, les troupes russes poursuivent les troupes géorgiennes qui s’enfuient depuis Gori en pleine panique
[10]. Contrairement à ce qu’affirment les autorités géorgiennes il n’y a pas de combats à Gori et les troupes russes vont rester à l’extérieur de la ville[11].
Elles n’ont pas besoin d’entrer dans la ville car l’essentiel est le contrôle du carrefour routier et de la gare. En tenant le nœud de communications, les forces russes ont effectivement coupé la Géorgie en deux. L’effondrement du système de commandement géorgien est à ce moment pratiquement total et le pouvoir à Tbilissi n’a qu’une idée très confuse d’où sont les forces russes et ses propres troupes. Ceci, bien entendu, nourrit la panique qui s’est installée avec l’effondrement militaire de l’après-midi du 10 août.

Durant la nuit du 11 au 12 et la journée du 12, les forces russes vont systématiquement se déployer pour construire un corridor de sécurité autour de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, et empêcher ce qui reste des troupes géorgiennes de se regrouper. À aucun moment, il n’y a de mouvement vers Tbilissi durant ces deux journées, alors que la capitale de la Géorgie est clairement sans défense. Les dernières troupes géorgiennes présentes sur le territoire administratif de l’Ossétie du Sud se rendent où se retirent dans la matinée du 12.
Il n’y a plus de véritables combats mais on assiste à des scènes de pillages dans les villages abandonnés et autour de Gori, du fait de troupes irrégulières venant soit d’Ossétie du Sud soit de Tchétchénie
[12].

(V) Stabilisation.
La période qui va du 13 au 19 août peut être considérée comme celle de la « stabilisation », conduisant au cessez-le-feu (suite à l’accord proposé par la France au nom de l’Union Européenne) puis à un retrait progressif des troupes russes sur une zone de sécurité autour de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. Les forces Ossètes et Abkhazes ont profité de cette période pour prendre le contrôle de la totalité du territoire de chaque région, provoquant alors des déplacements de population. En Ossétie du Sud, il est évident qu’en raison des massacres de la population civile à Tskhinvali lors de l’attaque géorgienne le 7 et le 8 août, il y eut des représailles exercées par les milices Ossètes sur la population civile d’origine géorgienne. Que ceci puisse être psychologiquement compréhensible ne l’excuse nullement.
L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie au 19 août ne sont donc plus les territoires contrôlés par les forces indépendantistes au 7 août mais les anciennes circonscriptions administratives soviétiques que ces forces réclament comme étant historiquement leur territoire.

Entre le 17 et le 19 août, les troupes russes vont continuer à se déployer, et dans certains cas commencer des fortifications. Le retrait des troupes à partir du 21 août devient réel, mais l’ampleur des fortifications dans la zone de sécurité réclamée par la Russie est impressionnante. Ceci va d’ailleurs provoquer des tensions entre la Russie et ses partenaires occidentaux quant à l’application de l’accord de cessez-le-feu.
Avant même la reconnaissance officielle de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par la Russie le 26 août, on peut noter un raidissement de l’attitude russe. On aurait pu penser que les principaux problèmes seraient survenus durant la phase d’exploitation. Le fait qu’ils surviennent dans la phase de stabilisation soulève un véritable problème d’interprétation.

(VI) Interprétations
Les opérations militaires russes entre le 8 et le 19 août ont suscité autant de commentaires que les causes du conflit elles-mêmes. Les Etats-Unis ont prétendu que l’objectif ultime de la Russie pourrait être la conquête de la Géorgie, une thèse que les autorités géorgiennes ont aussi reprise et qui a été diffusée en France par certaines personnes dans les médias, en particulier Bernard Henri-Lévy. Du 12 au 18 août le ton des reportages de la télévision (TF1 et A2) a été centré sur « l’avance » des troupes russes vers Tbilissi. Enfin, le Président G.W. Bush a comparé l’opération militaire russe à l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 par les forces du Pacte de Varsovie.

L’analyse de la chronologie des opérations militaires, que l’on a présentée ici, permet cependant de préciser certains points :
(a) Les opérations militaires qui se déroulent de la matinée du 8 au 12 août correspondent très précisément aux différents plans élaborés par le commandement russe pour faire face à une situation du type à laquelle il a été confronté. Si l’on compare cette chronologie avec les manœuvres des forces russes de juin et juillet 2008, mais aussi aux manœuvres dites « anti-terroristes » menées par les forces russes dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shanghai (l’OCS), on retrouve les mêmes structures. La manœuvre russe inclut toujours trois phases, une d’arrêt, une de réaction ou de contre-offensive et une d’exploitation. La manœuvre est globale incluant non seulement le combat aéroterrestre mais aussi l’enveloppement maritime, comme testé naguère avec les forces chinoises dans le cadre de manœuvres de l’OCS, et l’usage des forces aéroportées. La destruction des structures de commandement de l’adversaire et de ses lignes de ravitaillement est un « moment » clé du passage de la phase d’arrêt à la phase de réaction. Le succès de cette dernière ouvre toujours la voie à une phase d’exploitation. Ce qui se déroule du 8 au 12 août est donc entièrement conforme au concept des opérations militaires de « sécurité » prévues par la Doctrine Militaire russe et pour lesquelles les forces russes ont été entraînées. On est bien dans le cadre d’opérations strictement limitées dans le temps, l’espace et les conséquences politiques.
(b) Le fait que les forces russes se soient préparées matériellement et intellectuellement à ce type d’opérations depuis plusieurs années explique la relative souplesse de leur mise en œuvre et le fait qu’une fois la décision prise les événements s’enchaînent rapidement. Si les capacités opérationnelles russes ont surpris certains observateurs c’est que ces derniers n’avaient pas analysé les manœuvres effectuées depuis 2005. Attribuer le succès des opérations à un « plan d’invasion de la Géorgie » est inexact et oublie le fait que certains mouvements que l’on a pu voir ont été testés en Extrême-Orient lors d’exercices communs russo-chinois. L’amélioration des performances opérationnelles de l’Armée Russe, qui était sensible depuis 2003/2004, a été accélérée par les réformes mises en œuvre par Anatoly Serdyukov qui fut nommé Ministre de la Défense par Vladimir Poutine en février 2007. Serdyukov s’est débarrassé de plusieurs officiers supérieurs accusés de corruption, d’incompétence ou de passivité devant les mauvais traitements infligés aux recrues. Même si les améliorations apportées depuis 2003 aux Forces Armées ont été limitées, leurs effets cumulatifs ont abouti à une transformation sensible des capacités opérationnelles.
(c) Si la Russie avait voulu « prendre » Tbilissi, elle aurait pu le faire sans coup férir le 11 ou le 12 août. Les puissances occidentales étaient trop surprises par la vitesse de l’effondrement des forces géorgiennes pour pouvoir efficacement s’y opposer. La retenue dont elle fait preuve à ce moment était un signal politique clair quant aux objectifs de l’opération militaire : sécuriser stratégiquement l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie et mettre les forces géorgiennes dans l’incapacité de lancer de nouvelles opérations offensives. Le fait que des responsables occidentaux aient continué après le 12 août à agiter l’idée que la Russie pouvait avoir l’intention de conquérir toute la Géorgie ne pouvait pas ne pas être interprété du côté russe comme un acte de mauvaise foi alors que le déploiement des forces (vérifiable sur le terrain) et le concept de l’opération excluaient l’idée d’une conquête.

Les affirmations américaines correspondent en fait à la situation de panique que l’on connaît dans le commandement géorgien au soir du 10 août et non au déploiement réel des forces russes. On a le sentiment que les Etats-Unis, mais aussi dans une moindre mesure la France et l’Allemagne, se sont laissés contaminer par la panique régnant chez les autorités géorgiennes. Entre le 11 et le 14 août, on a imputé aux autorités russes des intentions qui ne pouvaient pas être les leurs compte tenu de la nature de leur doctrine mais aussi des caractéristiques du déploiement de leurs forces sur le terrain. Il y a aussi une dimension politique et propagandiste dans le discours tenu aux Etats-Unis et dans certains médias. En agitant en permanence l’idée que les forces russes pourraient chercher à conquérir la Géorgie, en mobilisant la mémoire de l’intervention du Pacte de Varsovie à Prague en 1968, on cherche à faire oublier les responsabilités du gouvernement géorgien dans le déclenchement du conflit. En procédant à la construction fantasmatique de la Géorgie en victime innocente, on cherche aussi à faire oublier les crimes de guerre commis par ses troupes dans la phase initiale du conflit.

Mais, ce procès d’intention fait aux dirigeants russes prend une nouvelle dimension quand, du 15 au 20 août, les forces russes modifient soudain des éléments de leur déploiement.
Il est évident qu’il ne pouvait s’agir d’un mouvement visant Tbilissi et le contrôle de la Géorgie. Si un tel mouvement avait dû avoir lieu, il se serait produit bien avant. Cependant, les redéploiements et fortifications des troupes russes apparaissent comme contradictoires avec la position diplomatique adoptée par Moscou.
Autant tout ce qui se déroule sur le terrain entre le 8 et le 14 est parfaitement lisible politiquement et militairement, autant il y a une période de moindre lisibilité dans les 4 jours qui suivent, comme si des hésitations stratégiques majeures affectaient les forces russes. C’est à ce moment que certains analystes russes évoquent le spectre d’une lutte au sein du gouvernement entre militaires et civils, Siloviki et modérés.
L’hypothèse d’une tentation des militaires à vouloir pousser leur avantage sur le terrain se heurte au fait que le pouvoir politique a tout de suite réagi et que depuis le 10 août, la supervision politique est clairement effectuée par Vladimir Poutine. On voit mal les militaires chercher à s’émanciper du contrôle des autorités politiques au moment où ce dernier s’est solidifié par rapport à la situation du 8 août.

Ni l’hypothèse d’un « objectif caché » (la conquête de la Géorgie) ni celle d’un conflit tardif entre militaires et civils ou au sein de la direction politique russe ne correspond avec la chronologie. Mais, ceci laisse ouverte l’interrogation sur une possible inflexion de la stratégie russe après le 14 août.
Ainsi, le 12 août, le vice-ministre des Affaires Étrangères de Russie, Boris Malakhov, indique en réponse à des demandes de parlementaires russes qu’il est prématuré de penser à une possible reconnaissance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Russie
[13]. Le 15 août, le Président Russe Dmitri Medvedev indique qu’il ne pense plus que les Ossètes et les Abkhazes puissent maintenant accepter de vivre en Géorgie[14]. Le changement de ton est significatif. Il indique le tournant qui conduira Medvedev à reconnaître l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie le 26 août, marquant une rupture nette avec toutes les positions précédentes de la diplomatie russe depuis 1992 et ouvrant une crise sérieuse avec les partenaires occidentaux de la Russie.

(VII) Guerre dans la guerre ?
L’hypothèse que l’on défend ici est qu’il y eut un tournant dans l’analyse stratégique des événements faite par les dirigeants russes entre le 12 août et le 15 août. Le conflit aurait ainsi changé de nature, obligeant la Russie à modifier sa posture tant militaire que diplomatique. Les éléments qui conduisent à cette hypothèse sont les mouvements des troupes russes après le 15 août ainsi que la nature des fortifications que ces troupes édifient. On voit très nettement, sur des images diffusées par les télévisions occidentales, les troupes russes installer des systèmes de défense anti-aérienne et creuser des tranchées et des protections pour l’artillerie. Ce que certains journalistes interprètent alors comme une démonstration de la volonté russe de s’installer en Géorgie traduit plutôt la mise en état de défense des unités, comme si ces dernières s’attendaient à une reprise imminente des combats incluant des attaques aériennes. Or, l’Armée Géorgienne n’a en aucune manière les moyens de reprendre le combat, et le commandement russe le sait. Son aviation a été complètement neutralisée et ses moyens d’artillerie détruits à plus de 70%.

Le changement d’attitude des forces russes sur le terrain est donc incompréhensible, sauf si l’on admet que les responsables russes craignent soit une intervention militaire américaine directe soit l’intervention d’alliés des Etats-Unis, dans le conflit. Ceci peut sembler une hypothèse extravagante, mais on doit examiner les indices qui ont pu conduire les autorités russes à penser qu’une escalade était possible.

(a) La présence au sein des unités géorgiennes de militaires américains lors de l’attaque de la nuit du 7 au 8 août, ainsi que la présence plus que probable d’employés de sociétés de sécurité américaines, accrédite l’idée que le gouvernement américain a été au minimum connivent à l’attaque géorgienne. Vladimir Poutine arrive le 10 août à Vladikavkaz, après avoir rencontré au matin le Président Medvedev. Il est hautement probable qu’il a rencontré l’état-major de la 58e Armée durant cette visite, mais aussi les responsables du renseignement militaire (GRU). Il a donc à cette date la connaissance de tous les éléments dont les forces russes disposent quant à l’implication directe et indirecte des forces armées américaines et de leurs « contractors » dans les opérations menées par les forces géorgiennes, y compris en matière d’interception de communications radio.
(b) Le 10 et le 11 août, les délégations russes et américaines aux Nations Unies ont de multiples accrochages. La délégation américaine a bloqué une résolution russe sur le motif qu’elle incluait une renonciation à l’usage de la force pour les deux camps. La diplomatie russe peut parfaitement avoir le sentiment que le but de la diplomatie américaine est de soutenir à tout prix la Géorgie, plus que de chercher une solution diplomatique à la crise. Or, à cette date, les combats se poursuivent et les autorités russes se considèrent comme agressées dans le cadre de l’exécution d’un mandat ONU. On constate que le ton monte entre les deux délégations
[15]. Les échanges aux Nations Unies ne feront que se dégrader d’ailleurs dans les jours qui suivent, les délégations des deux pays retrouvant un langage datant de la guerre froide.
(c) Le quotidien israélien Maariv publie le 11 août un article indiquant que le gouvernement américain serait en train de reconstituer le potentiel militaire des forces géorgiennes et transfèrerait vers la Géorgie des équipements destinés à l’Irak
[16]. En fait, les autorités militaires russes avaient déjà protesté la veille contre l’appui donné au transfert d’Irak vers la Géorgie de troupes géorgiennes par des avions américains[17]. En fait, les premiers avions gros-porteurs de l’US Air Force (des C-17 Globemaster-II) se poseront à Tbilissi dès le 15 août. Il est probable que les moyens électroniques russes ont détecté la préparation de ces vols entre le 13 et le 14 août.
(d) L’évacuation des ressortissants américains en Géorgie décidée le 11 août par l’ambassade américaine, un acte que ne justifie nullement l’évolution de la situation sur le terrain, peut être interprétée comme une préparation à une extension des combats et une intervention américaine. Le durcissement de la rhétorique des hommes politiques américains dans cette période peut aussi être interprétée comme une préparation de l’opinion à un conflit direct ou indirect avec la Russie.

Une intervention directe au sol de troupes américaines reste très peu probable, mais l’envoi de « conseillers » est une possibilité que les autorités russes ne peuvent exclure, tout comme ils peuvent penser que les Etats-Unis vont aider au transfert en Géorgie de troupes de pays alliés qui, eux, seraient prêts à en découdre (on pense ici à la Pologne, voire à l’Ukraine). Il faut rappeler que les exercices de la série Immediate Response qui se sont tenus depuis 2005 ont associé non seulement les troupes géorgiennes aux troupes américaines, mais aussi à celles des alliés est-européens des Etats-Unis dans l’invasion de l’Irak (Pologne, Bulgarie, Roumanie). La diplomatie russe peut aussi constater que les Etats-Unis font une forte pression sur l’Ukraine pour que ce pays s’engage aux côtés de la Géorgie, aboutissant en fait à la rupture de la « coalition orange ». Si le Président ukrainien Victor Yuchtchenko prend fait et cause pour la position Américano-Géorgienne, le premier Ministre, Mme Yulia Timoshenko – dont le parti est la colonne vertébrale de la « coalition orange » - défend plus raisonnablement une position de stricte neutralité
[18]. La crainte de voir le Président Ukrainien donner l’ordre de livrer des armes à la Géorgie, voire d’engager un contingent militaire dans les opérations n’est pas complètement absurde. Cette crainte existe d’ailleurs dans la classe politique ukrainienne qui va brutalement prendre ses distances avec l’attitude du Président.

Quel que soit le jugement que l’on peut, avec du recul, porter sur l’hypothèse d’une possible escalade américaine en Géorgie au 15 août, on doit constater qu’elle possède une certaine crédibilité pour les dirigeants russes. Après tout ils ont des raisons de penser que Washington était au courant de l’attaque géorgienne et y a donné son accord. L’attitude américaine vis-à-vis de la Russie ne peut être objectivement considérée comme amicale depuis 2003. La décision américaine d’implanter un système anti-missile en Pologne tout comme celle consistant à appuyer la candidature de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN, sont des violations explicites des accords Bush-Gorbatchev de 1991 puis Bush-Eltsine de 1992 qui ont présidé au passage pacifique de l’URSS à la Russie.

L’hypothèse qui permet de mieux comprendre l’inflexion de la position russe dans le conflit, que ce soit sur le terrain ou diplomatiquement, et qui culminera avec la reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud le 26 août, est celle d’un changement radical dans la vision du conflit.
Jusqu’au 11 août, il est typiquement un conflit limité appelant une application de la force militaire dans un cadre permettant son acceptabilité par les partenaires occidentaux de la Russie. Les intérêts vitaux du pays ne sont pas directement en cause ; il s’agit de cautériser au plus vite un conflit en réaffirmant le soutien de Moscou à ses alliés locaux afin de revenir au statu quo ante. À partir du 15 août, le conflit entre l’Ossétie du Sud et la Géorgie semble devenir un prétexte pour qu’une grande puissance extérieure à la région (les Etats-Unis) cherche à porter atteinte aux intérêts vitaux de la Russie. Il y aurait donc eu une guerre dans la guerre, et Washington aurait délibérément et en toute connaissance de cause cherché l’affrontement avec Moscou. La manière dont l’administration américaine et les médias américains construisent la Géorgie en victime ne peut pas ne pas être perçu du côté russe comme autre chose que le début d’une « guerre de la propagande » visant à préparer d’autres formes de guerre.
Si tel est le cas, tenter de convaincre les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN du bien fondé de la position russe n’a plus de sens. Dès lors, il importe pour la Russie avant toute chose d’assurer sa sécurité à court et moyen terme.

Si tel est le basculement qui se joue dans l’esprit des dirigeants russes entre le 11 et le 15 août, ses conséquences peuvent en être considérables. La guerre d’Ossétie du Sud pourrait bien alors être non pas le début d’une nouvelle « guerre froide », dans la mesure où la dimension idéologique de l’affrontement n’est pas présente, mais la cause d’une rupture profonde et durable entre la Russie et les pays occidentaux. Une telle situation, dont en réalité personne de sensé ne peut vouloir en Europe, pourrait bien se mettre en place à partir de l’accumulation des méfiances réciproques.
Voilà pourquoi, au-delà des exactions commises de part et d’autre, cette guerre qui peut aboutir à une déstabilisation générale est bien une « sale petite guerre », un conflit dont tout le monde aurait pu et dû faire l’économie. »

Jacques Sapir


©SERIATIM 2008

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Notes;


[1] Données datant de 2006.
[2] « Georgian officials : Tskhinvali almost surrounded », ITAR-TASS, 8 août 2008, http://www.itar-tass.com/eng/level2.html?NewsID=12933348&pageNum=0
[3] La situation à Tskhinvali du 8 au 12 août a fait l’objet d’un film en trois parties d’environ 10 minutes chaque, tourné par la 1ère chaîne russe. Il est visionable sur internet aux adresses suivantes :
Part 1
http://www.youtube.com/watch?v=6US4hxPlsTg
Part 2
http://www.youtube.com/watch?v=V4Oe10yDCB0
Part 3
http://www.youtube.com/watch?v=h43mr35r9bI
[4] Les forces Ossètes, du moins sur les images de la télévision russe, ne semblent pas disposer de missiles anti-chars. Cependant certains des chars Géorgiens détruits dans Tskhinvali ont été touchés par des missiles anti-chars, probablement mis en œuvre par des troupes russes.
[5] Des journalistes allemands, présents à Tskhinvali le 9 août ont signalé à l’auteur que les milices Ossètes comptaient dans leurs rangs des jeunes gens de 16-17 ans, dont beaucoup n’avaient pas d’uniforme, et qui avaient rejoint les milices au matin du 8 août.
[6] Le bâtiment semble en effet bien plus endommagé par un effet de chaleur et de souffle que par l’impact direct d’une bombe. Il est situé à moins de 300m du principal dépôt de l’Armée Géorgienne dans Gori.
[7] Il s’agit probablement d’un S-200 SAM-5. La perte de l’avion est presque certainement due à un défaut de fonctionnement de ses systèmes de contre-mesures électroniques. Au total les forces ruses reconnaîtront avoir perdu 4 Su-25 d’appui-feu (dont un par tir fratricide), 1 Tu-22M et 1 hélicoptère.
[8] Cette ancienne unité, conçue comme navire de lutte ASM a été convertie en unité de soutien aux troupes amphibies. En dépit de son age, le Moskva a des moyens de commandement qui lui permettent de jouer un rôle intéressant comme navire amiral pour une opération le long des côtes de la Géorgie. Il peut emporter de nombreux hélicoptères et, pour une opération de courte durée, a pu transporter l’équivalent d’un bataillon héliporté.
[9] Les mesures de guerre électronique utilisées par les forces russes incluent la détection des centres de commandement pour leur destruction ultérieure (tirs de contrebatterie sur relèvement goniométrique), le brouillage des transmissions, mais aussi des « cyber-attaques » sur les sites et domaines internet utilisés par l’administration géorgienne.
[10] Ce que confirment les journalistes du Daily Telegraph le 11 août 2008. http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/georgia/2541051/Georgia.html
[11] La position géorgienne a été démentie par plusieurs journalistes occidentaux. Voir Reuters, le 11 août 2008. http://www;alertnet.org/thenews/newsdesk/LB161645.htm
Bernard Henri-Lévy ne pouvait donc pas voir une ville en flammes comme il l’affirme dans Le Monde du 19 août. La rédaction de ce journal aurait pu signaler à ses lecteurs la contradiction entre l’affirmation de BHL et les récits des journalistes réellement présents…
[12] En privé des officiers russes ont reconnu à l’auteur qu’ils n’avaient pas eu les moyens humains de contrôler les « irréguliers » et que ces derniers avaient commis de « multiples exactions ».
[13] Déclaration retranscrite par Cybercast News Service le 12 août 2008. http://www.cnsnews.com/public/content/article.aspx?RsrcID=33983
[14] Déclaration retransmise par la BBC, BBC’s time line of the conflict, le 15 août 2008.
http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/7551576.stm
[15] United Nations Security Council Verbatim Report, meeting 5954. http://www.undemocracy.com/meeting/S-PV-5954
[16] Russia Today : « US Sends more arms to Georgia – Israeli media », http://www.russiatoday.com/news/news/28832
[17] « Genshtab otvetit’ na perebrosku gruzinskih vojsk iz Iraka », http://lenta.ru/news/2008/08/11/react/
[18] Cet épisode va entraîner début septembre une crise politique en Ukraine, avec la sortie du parti du Président de la « coalition orange » et la constitution d’une alliance de fait entre le parti de Mme Timoshenko et ses anciens adversaires du « Parti des régions » (Victor Yanukovitch) et du Parti Communiste pour isoler le Président et réduire ses pouvoirs constitutionnels.

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