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lundi 10 novembre 2008

G20 : débriefing à Sao Paulo N°330 - 2eme année

La réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales à Sao Paulo ressemble à un essai avant la grande épreuve du 15 novembre à Washington. Ce dimanche, la Chine annonce un plan d’aide financier de plus de 500 milliards en direction de son marché intérieur.
Peut-on rapprocher ces deux informations ? Le plan chinois servira à compenser les pertes subies à l’international et accélérera la modernisation avec l’aide a minima des pays étrangers. Au Brésil, il était question pour le G20 de présenter un front uni mais, il faut surtout remarquer la solidité du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et la mise en ordre relative des puissances européennes. Le BRIC se prépare, peut-être, soit en cas d’échecs des négociations pour un Bretton Woods II, soit en cas de palabres interminables à accélérer, la création de son propre espace communautaire en prenant pour exemple celui de l’Europe. C’est en cela qu’il faut lier l’annonce du gouvernement chinois avec la réunion du G20 au Brésil.
Les Etats-Unis affirment qu’il existe une plate-forme commune entre eux et l’Union européenne. Le Président Tchèque a infirmé le propos du Président français sur la portée du mandat dont disposait Nicolas Sarkozy sans doute pour marquer son irritation de se voir disputer sa fonction de président du conseil de l’Union le 1er janvier 2009. Mais, la remarque pragoise a sa part de vérité : les Etats européens (zone euro et en dehors) garderont-ils longtemps leur unité de vue ? Les disputes entre Paris et Berlin causent des dégâts et le soutien recherché par la France auprès du Royaume-Uni pourrait faire de notre gouvernement le dindon de la farce. En face, la Maison Blanche évalue sa puissance de feu. Tous les commentaires que l’on fait sur le délabrement de l’Amérique n’empêcheront nullement cette dernière de défendre bec et ongles le dollar et attiseront les divisions, en Europe principalement
.
Retour en arrière.
En juillet 1944, les négociations tenues à Bretton Woods si elles étaient officiellement le fait de 44 nations, se résumaient, en réalité, à une confrontation américano-anglaise : Harry Dexter White(1892-1948) sous-secrétaire d’état au Trésor et espion au service de l’URSS d’un côté, John M. Keynes (1883-1946) de l’autre. Le second point, tient dans les circonstances, la fin de la seconde guerre mondiale. Le troisième, les deux puissances victorieuses, Etats-Unis et Royaume-Uni, choisissaient l’armature monétaire de leur choix, la plus favorable à la pérennité de leur influence réciproque.
En 2008, il n’y a aucune guerre mondiale, pas davantage de pays victorieux et moins encore un débat entre deux individus. Si l’on regarde bien les événements financiers et monétaires, c’est l’édifice anglo-américain qui s’affaisse de lui-même. La crise des suprimes et des produits dérivés fait exploser le système plus rapidement que prévu. La nouveauté vient de ce que sont les puissances émergentes qui expriment leur volonté de participer à armes égales à l’équilibre planétaire. Gordon Brown a mesuré, sans le montrer, lors de sa récente tournée dans la péninsule arabique, le peu d’enthousiasme des souverains arabes à apporter les milliards indispensables au fonctionnement du FMI. En effet – le monde Atlantique l’oublie – cet organisme est détesté presque partout. Si le Président Lula a appelé à un renforcement du FMI, il indique surtout –soutenu par beaucoup – que ce fonds monétaire cessera d’être entre les mains américano-européennes!
Nicolas Sarkozy voulant être le premier au front ou le premier tout court, plaide également pour un nouveau Bretton Woods mais en pensant davantage à être un intermédiaire entre les Américains et les Anglais. Cependant, comme président du conseil de l’Union il est obligé de rassembler vaille que vaille les 27 pays européens. Il met en marche une masse de 500 millions d’hommes.
Gordon Brown a besoin de l’appui de la zone euro pour poser ses marques face à Washington et de garantir à la City une place encore plus considérable qu’aujourd’hui.
Quant à Georges Bush et Barack Obama, l’unité de vue et la similarité de propos tombent sous le bon sens pour garder le dollar par-devers eux : les actionnaires de la FED jouent leur futur.
A Sao Paulo, c’est à un débriefing auquel on a assisté. Tout le monde avance vers
la table de négociations pour espérer bâtir un véritable système monétaire planétaire, une première dans toute notre histoire : qui l’emportera les meta-nations ou les cartels bancaires ?


Jean Vinatier


©SERIATIM 2008

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