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dimanche 30 novembre 2008

Edito : le citoyen un homme dangereux ? N°346 - 2eme année

L’affaire Vittorio de Filippis, ex-PDG de Libération, a suscité de sérieux remous parmi la presse, les représentants des partis politiques et les syndicats de la magistrature. Seuls les syndicats de police ont haussé les épaules.
Il est inutile de revenir sur les faits abondamment décrits dans les médias et sur les colères auxquelles je m’associe bien évidemment.
Les humiliants moments subis par Vittorio de Filippis, les avocats les voient chaque jour. Ils les dénoncent sans beaucoup retenir l’attention, ni de la chancellerie, ni du ministère de l’Intérieur, ni de la presse. De nombreux citoyens lambdas sont confrontés à ces examens déshonorants dans l’indifférence générale.
L’affaire Filippis servira-t-elle de leçon et appellera-t-elle à des actions plus puissantes quand de nouvelles dispositions pénales seront adoptées, quand des lois redoutables seront approuvées ou proposées (fichier Edvige, rétention de sûreté, projet d’incarcération des mineurs des l’âge de dix/douze ans…etc.) sans grand débat par l’actuelle majorité et sans que l’opposition les combatte vigoureusement au-delà de ses disputes intestines ?
On voit comment les citoyens sont traités au pays des Droits de l’Homme. La France a les prisons les plus épouvantables de l’Union européenne et la cour européenne condamne régulièrement l’Etat français.
Le plus grave est que les citoyens ne parviennent plus à être respectés par l’Etat. Rappelons ce qu’écrit le philosophe italien, Giorgio Agamben dans son article
, « Non au tatouage biopolitique¹ » :

« Ce qui est en jeu ici n’est rien de moins que la nouvelle relation biopolitique « normale » entre les citoyens et l’Etat. Cette relation n’a plus rien à voir avec la participation libre et active de la sphère publique, mais concerne l’inscription et le fichage de l’élément le plus privé et le plus incommunicable de la subjectivité : je veux parler de la vie biologique des corps. Aux dispositifs médiatiques qui contrôlent et manipulent la parole publique correspondent donc les dispositifs technologiques qui inscrivent et identifient la vie nue : entre ces deux extrêmes d’une parole sans corps et d’un corps sans parole, l’espace de ce que nous appelions autrefois la politique est toujours plus réduit et plus exigu.
Ainsi, en appliquant au citoyen, ou plutôt à l’être humain comme tel, les techniques et les dispositifs qu’ils avaient inventés pour les classes dangereuses, les Etats, qui devraient constituer le lieu même de la vie politique, ont fait de lui le suspect par excellence, au point que c’est l’humanité elle-même qui est devenue la classe dangereuse. »


Jean Vinatier

©SERIATIM 2008

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Source :

http://www.philosophie.org/giorgio.html

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