Jacques Sapir nous propose la lecture de sa préface
qui figurera dans l’ouvrage anglais « The Great deception de
Christopher Booker et Richard North » traduit et publié en juin prochain :
« [….]
Quel que soit le résultat du référendum du 23 juin 2016, son résultat
constituera un choc politique qu’il conviendra d’analyser. Ce livre ne
commencerait donc qu’avec le Traité de Rome de 1957 qu’il aurait déjà un
prodigieux intérêt. Mais, et c’est là toute l’intelligence des auteurs, ils
reconstituent comme on l’a dit toute la généalogie de la construction
européenne. Or, l’un des arguments les plus fréquemment avancés dans les
cercles européistes est que cette construction est un objet « sui
generis », et dont l’origine est relativement récente. Ce mensonge a
en partie pour but de masquer des origines plus que discutables à la construction
européenne, qu’il s’agisse d’une idéologie profondément anti-démocratique que
l’on retrouve chez certains des promoteurs de l’Europe, ou qu’il s’agisse du
projet des Etats-Unis de contrôle indirect du continent, et dont l’Union
européenne pourrait, alors, bien s’avérer l’instrument. Le rôle des agences de
renseignement américaine dans le processus de création des futures institutions
européennes y est clairement retracé, tout comme les liens que certains des
acteurs européens, dont Jean Monnet, avaient avec ces agences.
On comprend l’importance symbolique de ce mensonge car l’Union européenne
se prétend porteuse de « valeurs » (mot qu’il conviendrait de
remplacer par celui de « principe ») démocratiques et prétend,
surtout en France, se construire pour « défendre » l’indépendance des
européens. Il est clair que rappeler les origines nazies du projet (et on sait
bien que le thème de la « construction européenne fut important dans la
propagande de l’Allemagne hitlérienne) fait désordre. Non qu’il n’y ait eu
aussi un courant réellement démocratique, qui fut incarné par de grands
résistants, qui porta aussi l’idée de la construction européenne. Mais, même au
sein de ce courant émergent dès les années 1940, le thème d‘une grande méfiance
envers les peuples et la démocratie. Aussi, la confrontation entre le discours
tenu aux différents peuples et la réalité non seulement pose problème à
l’historien mais aussi, et surtout, au citoyen. Ce mensonge sur les origines
interpelle l’européen « de constat » que je suis. Il doit devenir un
objet de réflexion pour tout personne qui cherche à comprendre les dynamiques
actuelles de l’Union européenne.
[….]
La suite ci-dessous :
Jean Vinatier
Seriatim 2016
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