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lundi 13 juillet 2015

La Troïka ou la vengeance de la Bastille (européenne) N°3181 9e année



La pièce cessa brutalement ce matin quand fut annoncé la victoire de la Bastille sur le peuple, certes Grec, mais surtout à tous les peuples de l’Union européenne. Point de gouverneur hésitant, que des canons chargés à ras bord, des fusils prêts pour la mitraille et le certain d’avoir au-delà des peuples d’autres furies, les Austérités. Point de héros parmi le peuple, on découvrit même sa trahison entamée depuis plus longtemps et les ressorts du mécanisme, le référendum, en fait un leurre. Ce leurre ne fonctionna pas, les Grecs disant un NON massif. Il fallut donc à Tsipras, le faux héros,  aller plus vite que la joie populaire afin de lui ôter toute respiration. Certes combattit-il ? Ne fallait-il pas donner le change ? Thomas Piketty disait, lors d’un entretien avec Jacques Bourdin qu’un gouvernement d’extrême gauche  était infiniment moins dangereux qu’une équipe ministérielle d’extrême-droite parce que le premier était internationaliste, la seconde souverainiste. Son propos sonnait juste et était prémonitoire : Alexis Tsipras a-t-il voulu donner le pas à l’idée européenne plutôt qu’à sa propre patrie ? La vérité est plus prosaïque : l’extrême-gauche sait dire, et lancer quelques phrases chocs mais elle n’est plus du tout révolutionnaire. Elle est une rebelle qui veut dormir avec sa carte de crédit. Nous ne sommes plus dans les années 60 quand les idéologies saisissaient les masses. En 2015, les consommateurs, ex-citoyens, ont quitté les partis, les idées, l’Histoire, le combat et le projet de société c’est-à-dire le bien commun. Tsipras est désespérément un brave Judas ne reniant pas ses 30 deniers qui ne demandait qu’une minute de gloire en échange d’une longue éclipse !
La victoire franco-allemande, le baiser au sens propre de Junker à Tsipras, tout cela marque bien une défaite considérable. Que la démocratie ne soit pas vue avec bienveillance par Bruxelles, nous le savons, mais que le champion de la démocratie lui torde le cou sous le couvert d’un déguisement est, sans doute, une première. Cet événement surgissant depuis la Grèce  a une valeur symbolique dramatique puisque c’est son siège lui-même qui est aboli. L’Union européenne serait, dit-on à la recherche d’un nouveau type de souveraineté mais n’a-t-on jamais vu naitre une quelconque souveraineté d’un espace mercantile et financier ? L’Union européenne qui s’apprête à signer des deux mains le traité transatlantique (qui regroupe plusieurs traités) s’ôtera même la justice puisque agiront en recours ultime et total, les tribunaux d’arbitrage, entre les mains doubles des multinationales et du gouvernement américain en pleine communion avec la FED. Il n’y aura même plus d’Union européenne, il n’y aura plus que des syndicats d’intérêts ! Plus de citoyens, plus de souverainetés, seulement des individus déliés de toute mémoire, toute filiation et Histoire, avides et imbéciles.
Ce jour  ce n’est pas tant la victoire de Berlin sur un continent européen que celle du libéralisme, lui-même dévoyé, au service de seuls bénéfices de capitaux….
Terminons par une note ironique, Alexis Tsipras qui fut quotidiennement brocardé par les médias tant qu’il illusionnait par sa résistance, désormais qu’il a tombé le masque se voit attribuer des qualités d’homme d‘État…..
François Hollande, en bon socialiste toujours placé du côté des possédants et chantre constant de l’austérité aura donc son 14 juillet vengeant la Bastille : l’Histoire termine son cycle. La tyrannie triomphante aura son plus beau feu d’artifice……


Jean Vinatier
SERIATIM 2015

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